Attaques

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Quelques semaines après cette escapade, on a entendu parlé d'attaques dans le Sud du pays. C'est un mec avec un tambour qui a parlé de ça sur la place. Un crieur comme m'a expliqué Chloé. C'était des gens qui faisaient passer les messages importants d'un lieu à l'autre. On n'avait pas ça en Angdar, on savait jamais ce que faisaient les voisins. Sauf ce qui arrivait régulièrement, comme les nains qui venaient régulièrement vendre leurs armes et leurs outils, ou certaines tribus qui vivaient près de l'océan et avec qui on échangeait du poisson contre de la viande.

-Oyez ! Oyez ! Criait-il en tapant sur son tambour. 

La foule s'est amassée peu à peu autour de lui. Des marchants, des badauds, des domestiques venu faire quelques affaires pour leurs maîtres, et même un jongleur qui venait de temps en temps amuser les passants contre quelques piécettes. J'aimais bien le regarder jongler avec ses longs couteaux.

D'une voix forte, le crieur a annoncé que les attaques se faisaient de plus en plus fréquentes dans le Sud du pays. Des créatures venue de Yölguldur s'attaquaient aux fermes et aux paysans. Les milices étaient débordés, et réclamaient du soutiens de toutes les citées. Je suis immédiatement allé au camps d'entrainement pour en parler aux instructeurs. 

-Oui, on a eu l'info. Je vais envoyer quelques-uns des meilleurs recrues.
-Je veux y aller.
-Non, tu es trop jeune.
-Je sais me battre ! Je peux foudroyer les monstres, ça va les calmer !
-On a assez de mages.
-Alors pourquoi ils demandent de l'aide ?
-C'est des guerriers dont ils ont besoin, tu n'en es pas une.
-Et je fais quoi sur le terrain à bastonner vos gars ?
-Tu m'aide à en faire des soldat. Mais la guerre ce n'est pas pour les fillettes.
-Je ne suis pas ... ho et puis merde !

Je me suis barrée en faisant semblant d'abandonner l'idée. Mais pendant la journée j'ai demandé au professeur de géographie qu'il nous parle des endroits où avaient lieu les attaques et ce qu'était Yölguldur. Bon, Yölguldur c'était des montagnes pas très accueillantes. En fait, je voulais surtout savoir où aller pour la baston. J'ai essayé de faire en sorte que le prof ne devine pas mes réelles intentions. 

Au réfectoire j'ai volé un peu de bouffe, et le soir venu j'ai fugué. J'avais l'habitude de faire le mur, mais là il fallait aussi que j'aille voler des armes aux camps d'entrainement. Je me suis glissé dans l'obscurité légèrement humide de la nuit, en priant silencieusement Daedra de cacher ma présence. Elle a du entendre, car j'y suis arrivé sans problème. Même mieux, et avec grande surprise, j'y ai trouvé Pyron. De surprise, je lui ai envoyé une décharge qui l'a fait tomber à la renverse.

J'ai craint un instant que le vacarme qu'il a fait en tombant n'ait alerté des gens, alors je me suis figée pour écouter la nuit. Rien du tout. Alors j'ai demandé :

-Mais qu'est-ce que tu fous là ?
-J'ai rassemblé quelques armes, je viens avec toi.
-De quoi ?
-Je savais que tu voudrais y aller. J'ai pris deux épées, deux arcs, des flèches et des dagues. Je te suis.
-Tu prends pas ta hache ?
-Ho non, le fer conduit bien la chaleur.
-C'est partit.

Je n'ai pas hésité, je n'avais aucune raison de le laisser derrière. En fait j'aurais dû lui en parler dès le début, il me serait très utile, et c'était évident qu'il voulait venir aussi. Sans rien laisser paraître je me suis élancée vers la sortie, Pyron sur mes talons. On s'est dirigé vers la Porte Ouest. Il y avait quatre portes à la muraille ceinturant la ville, une à chaque point cardinal. Par chance, elle n'était pas encore fermée, les gardes inspectaient un dernier convois qui entrait dans la ville. ça s'engueulait car le convois devait arriver bien plus tôt, ce qui forçait les gardes à travailler plus tard que prévu, mais le marchand avait été retardé justement à cause des attaques. 

Il fallait qu'on réussisse à se faufiler dans les ombres. On a longé les murs, en observant les gardes, guettant le moment opportun. Soudain, une torche accrochée au mur d'enceinte s'éteignit. 

-Attendez-moi vous deux. Souffla une voix dans l'obscurité.

En tournant la tête j'ai vu une silhouette se faufiler silencieusement jusqu'à nous. 

-Je peux vous aider à passer. Je suis comme vous, j'ai besoin d'aventures. Je peux épaissir l'obscurité autour de nous pendant qu'on leur passe sous le nez.
-Très bien on y va à trois. Un ... deux ... trois !

On s'est élancé, et je sentit en effet l'obscurité s'épaissir autour de nous. Les flammes étaient moins vives, comme si on les voyait à travers une vitre très sale. Et je m'aperçu que nos pas ne faisaient plus aucun bruit. On courrait sur les pavés sans que nos pas résonnent.

On s'est donc enfuit dans la nuit, à travers champs. Et nos pas sont devenus plus audibles. 

-Ha oui, c'est pas mal ton pouvoir.
-N'est-ce pas ? Je peux aussi me déguiser facilement.
-Tu es prêtresse de Daedra ?
-Mes parents le sont. Mais je me suis enfuie du temple. 
-C'est quoi ton nom ?
-Ilana.
-Moi c'est Pyron, elle c'est Priscia.
-Enchantée.
-Faut qu'on trouve un bon coin pour la nuit. 

On s'est posé dans une écurie pour passer la nuit avec les chevaux. Après tout ce temps passé dans le luxe de l'académie, c'était étrange de dormir sur de la paille. Je me suis blottie contre Pyron, son épaule était plus confortable que la paille. J'aimais cette proximité. 

Ilana dormait un peu plus loin. Elle avait enlevé certains de ses vêtements et nous avait laissé voir sa peau sombre. Elle était une nerair, venue des mystérieux pays du Sud. J'ai remarqué aussi qu'elle avait d'étranges yeux violets.

Au petit matin, on a détalé avant que le propriétaire ne nous trouve, dès les premières lueurs de l'aube. Moi et Pyron avons équipé le matériel qu'il avait dérobé au camps d'entrainement. Pyron et moi avions chacun une épée et on a donné un arc à Ilana, qui avait déjà une dague. On est partit vers l'est, puis on a longé l'Andurin. Je savais qu'on pouvait y pécher, même si je n'avais encore jamais pratiqué la pêche. 

Sinon on pourrait toujours voler de la bouffe aux paysans ou aux marchants ambulants. On est passé près d'un poulailler, alors j'ai proposé qu'on vole des œufs, et pourquoi pas un poulet aussi. Pyron a fait une ouverture dans le grillage en chauffant le fer à blanc. 

On s'est alors infiltré dans le poulailler et on a chipé quelques œufs. Alors les poules ont commencé à faire un vacarme pas possible, et puis le coq a commencé à nous charger. Il a esquivé une boule de feu, puis je lui ai envoyé une salve d'éclairs alors qu'il me sautait dessus. Il a quand même réussit à me donner un douloureux coup de bec dans le poignet avant de sombrer. 

On a alors entendu un homme accourir vers nous en criant, et on a donc décidé de détaler avec notre butin. Je tenait le coq inanimé dans une main, et deux œufs dans l'autre. Le fermier nous a couru après en hurlant des choses que je comprenais pas. 

La foudre et le feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant