Mardi 7 Mai 1999

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Point De Vue de Christal 

Je me réveille à l'hôpital, Marc me tient la main, ma mère est au bout de la salle, et j'aperçois mes enfants pas très loin.

« Mon amour mon dieu, j'ai eu tellement peur... dis-moi que tout va bien. »

Non tout ne va pas bien Marc, je ne peux rien dire, je ne peux pas partir, je voulais simplement mourir, et même ça tu m'en as empêché. Marc pourquoi est-ce que tu ne me laisses pas partir ? Marc je t'en prie, laisse-moi.
J'aimerai hurler mais je n'y arrive pas, ma voix est comme bloquée.
Je vois ma mère s'approcher doucement de moi, ma fille à ses côtés, les larmes ne tardent à monter.
Voilà pourquoi Dieu ne m'a pas pris. Ma fille. Mon fils. Je ne le peux pas. Je ne peux pas les laisser.
Soudain je suis prise d'une panique, j'étouffe, mon cœur se serre et je m'évanouie.

« Il lui faut du repos monsieur, je comprends que vous vouliez lui parler mais elle doit se reposer.
-Je dois la voir, je suis son mari merde ! Laissez-moi la voir. »

J'entends ces voix au loin, je peine à ouvrir mes yeux, je sens mon corps faible mais j'essaie tant bien que mal de me lever, de m'assoir. De légers sanglots attirent mon attention, en tournant la tête je vois ma petite Anaïs prêt de moi, pleurant.

Depuis ce jour-là, Marc est encore plus agressif. Il me surveille constamment, je ne peux plus sortir à part pour le boulot. Je lui cache l'existence de mes cours de danse.
C'est la seule chose qui me fait tenir. Romain, et mes enfants aussi. Mais je suis morte à l'intérieur. Blessée et inerte.

Chaque nouveau coup est comme une nouvelle goutte d'eau dans l'océan. Mon corps ne ressemble plus à quelque chose de vivant. J'ai mal, je pleure. Intérieurement.
Je ne peux plus vivre comme ça, je le sais.
Chaque matin je regarde le collier de Romain, brisé. Un énorme vide. Voilà ce qui constitue mon corps. Je n'arrive plus à regarder mes enfants. Je n'arrive plus à les aimer comme il le faudrait. Je n'y arrive plus.

Ma seule bouffée d'oxygène est Romain, ses mains sur moi pendant nos cours et les regards attentifs qu'il porte sur moi sans se douter que je n'existe pratiquement plus.
J'aimerais hurler de l'aide.
Mais je ne peux pas. Je ne peux pas.

Point de Vue de Marc 

Il y a un mois, ma femme a tenté de mettre fin à ses jours. En la découvrant gisant sur le sol, mon cœur a failli s'arrêter mais j'ai réussi à l'emmener à l'hôpital et depuis elle est rentrée à la maison. Sauf qu'évidemment je suis obligé de la surveiller davantage. Obligé de prendre soin d'elle. Le problème avec ma femme est qu'elle ne m'écoute jamais. J'essaie de faire au mieux pour tout le monde, j'essaie d'être doux et attentif mais elle ne veut rien savoir. Elle reste fermée comme une huitre alors j'ai été obligé de lui mettre des règles, des barrières. Désormais elle ne va qu'au boulot. Bon, elle va aussi à ses cours de danse mais croit que je ne le sais pas et tant mieux car comme ça elle reste elle-même. Il y a un mois j'ai vraiment cru qu'elle allait m'abandonner et je lui en ai terriblement voulu. Elle ne peut pas faire ça, elle ne peut pas partir. Chaque jour, j'essaie de lui montrer que je l'aime mais ça fini toujours pareil. Je bois un peu trop et me réveille sans aucun souvenir, et Christal se réveille avec un bleue en plus. Je la sens de plus en plus fragile mais continue d'être méchant et irrespectueux. Être constamment bourré m'apporte deux choses : l'oubli et le respect. Les deux choses qui hantent mes pensées jour et nuit. Je vois Lucas grandir et ne jamais pleurer et j'en suis heureux. Mon fils sera un véritable homme. Ma fille, quant à elle, continue à me ressembler en tout point ce qui me fait la détester. J'aimerais l'aimer plus, j'aimerais m'aimer plus. Mais le monstre que je suis m'empêche de respirer. À mon tour, je ressemble à mon père, dans les bons et mauvais points. Mais au moins, je suis fort et ma femme ne me considère pas comme un moins que rien. Lorsque je vois Romain, c'est le genre de type à prendre plus soin des autres que de lui et ça m'énerve terriblement, je sais pourquoi ma femme en est amoureuse. Et qu'elle ne me dise pas non, je le sais, je le sens.

Ce soir, je vais fêter l'anniversaire de Laurène et évidemment Cris reste à la maison. Pour éviter tout problème j'ai retiré les médicaments et objets tranchants de la maison. Je suis partie avec ma bouteille pleine et l'ai fini. Je vois bien Tristan me regarder du coin de l'œil mais je m'en fous. Il n'a absolument rien à me dire. Sa famille est tellement parfaite. Sa femme a accouché et leur bébé est super. Puis Laurène est super. Je rentre tard le soir et vais dans la chambre de fille. Ce soir-là, je ne pourrais pas expliquer ce qui s'est passé. Simplement que c'était la longue suite d'un cauchemar pour elle, et d'une horreur pour moi.

Dernière foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant