Dernière fois

Jeudi 13 Juillet 1999

Point de Vue de Laurène 

Comment a-t-elle pu faire ça ? Comment a-t-elle pu m'enlever mon meilleur ami, mon frère ? En plus de lui avoir rendu la vie impossible, elle l'a assassiné. Depuis l'annonce, je n'arrête pas de pleurer. Je n'arrive plus à respirer. Marc était quelqu'un de doux, de gentil. C'était le genre de personne qui venait t'aider dans tes plus grosses galères. Et malgréqu'elle l'ait tué, c'est sur lui que tout repose. D'après les médias, il la frapperait depuis des mois. C'est impossible, impossible. C'était simplement une mythomane. Quelle grosse conne ! Comment a-t-elle pu ?
La porte de la chambre s'ouvre sur Tristan, il n'a pas dit un mot depuis ce matin.

-Laurène, il faut que tu viennes donner à manger à notre fille. -Je ne peux pas.
-Si, allez viens.

Je ne bouge pas, je n'y arrive pas. Depuis la grossesse, notre couple va très mal. Nous ne nous parlons quasiment plus et nous agaçons aux moindres petites choses. Mais je n'arrive pas à comprendre comment est-ce qu'il peut être autant indifférent au décès de mon frère.

-Tu sais Laurène, tu n'as pas arrêté de défendre Marc mais je ne crois pas que ça soit une bonne chose. Il n'était pas le gentil dans l'histoire.

Je me lève et le regarde méchamment.

-Comment peux-tu dire une chose pareille ? Comment peux-tu la défendre ? Tu sais qu'il ne lui a jamais rien fait !
-Si justement, il buvait énormément et devenait vite agressif. Arrête de l'idéaliser.

Comment peut-il dire ça ? Devant moi ! Il sait qui est-ce qu'il est pour moi. Ma haine monte et je voudrais lui cracher un tas d'insulte mais je n'y arrive pas. Alors les seuls mots que j'arrive à prononcer sont tranchants, méchants et irréversibles.

-Pars. Pars et prends la petite.

Je me retourne et me couche. Il ne sort pas immédiatement puis au bout de trente minutes, j'entends notre fille crier et ils s'en vont, ensemble.
Qu'ai-je fait ? Je ne sais pas. Mais une chose est sûre, je n'arriverais jamais à lui pardonner ses paroles. Marc était mon pilier, mon soutien, mon frère. Et sans lui, je ne vois plus de fond dans mon océan de désespoir.