JÉRÉMY, aime Alex

ÉPISODE 1

MARDI MATIN, 7 : 00, chez Jérémy

Casquette NY noire sur la tête, mon sweat Nike et mon sac sur l'épaule, je suis prêt pour aller en cours. Je vais pas dire que ça ne me fait pas chier d'avoir la pire des matières à huit heures du matin, non loin de là, mais est-ce que j'ai le choix ? Absolument pas. Je me regarde dans le miroir, passe une main dans mes cheveux bruns pour les ébouriffer – j'trouve que ça donne un certain style – et chope ma montre habituelle pour l'enfiler autour de mon poignet. Perfect.

Je sors de ma chambre et la lumière du couloir me crève directement les yeux. Putain. Quelle galère. Hâte d'être enfin en week-end. Ouais, je compte les jours avant les vacances/jours fériés les plus proches. Alors même qu'on vient à peine de commencer cette année.

Dans la cuisine, ma mère prépare un café devant le plan de travail. Habillée d'un jean et d'une chemise blanche, elle est prête pour se rendre au bureau. J'vais donc pas lui demander de me déposer à la faculté, pour éviter une réponse négative de sa part. Du coup, je prends le bus, comme d'hab. Mais avant, je mange un p'tit truc rapide, des céréales. Je chope quelques-uns et les porte à ma bouche, les craquant sous mes dents.

Ma daronne sent ma présence derrière, alors elle se tourne vers moi, souriante. Sa bouche vient se plaquer contre ma joue, un bisou venant humidifier ma peau. Quand elle me caresse les cheveux, là je grogne. Putain non, pas touche à mes cheveux, je déteste ça ! Automatiquement, je m'éloigne d'elle, avant d'arranger rapidement ma coiffure.

— Bonne journée mon chéri, j'vais y aller moi.

Elle chope son sac posé sur une chaise, son iPhone et enfin, son mug bleu. Je la vois se diriger vers la porte, claquant ses talons contre le parquet. Ma mère, elle bosse dans une grande agence de voyage. Je ne sais pas comment elle arrive à réaliser un équilibre parfait entre la maison et son job. Formidable, cette femme. Mon daron, quant à lui, bosse en Allemagne. Il est pas souvent là, mais essaye du mieux qu'il peut de venir nous voir : ma mère, mes deux frères et moi.

Bon, faut que j'y aille. Assez de bla-bla. 

J'aime pas vraiment le café, alors je prends juste une barre énergétique au chocolat, ainsi qu'un yaourt et un sandwich emballé. Une longue journée se prépare. Sortant de la maison, je chope mes écouteurs et les engouffre dans mes oreilles. Une playlist est consacrée exclusivement à mes sons préférés et c'est celle-ci que je choisis. Je me dirige d'un pas pressé vers l'arrêt de bus, espérant ne pas arriver en retard.

8 : 00, amphi, fac

Le premier cours de la journée est le plus chiant : droit civil. Et encore c'est un euphémisme.

J'suis arrivé pile à l'heure et je décide évidemment de m'installer avec mes deux meilleurs potes : Samuel et Elliott. Ils ont pris des places derrière, au fond de l'amphi. Check rapide, puis le prof est déjà là. Le silence tombe dans l'immense espace.

Je me gratte les paupières, avant de sortir mon MacBook noir – ordi qui m'a coûté la peau du cul sa mère – et je l'allume. Le fond d'écran apparaît, une magnifique Bugatti noire. Je tape le mot de passe rapidement et appuie sur le fichier « droit civil ». Le prof commence à parler et le son des claviers s'élève instinctivement.

— Hé mec on commence les TD la semaine prochaine, on doit vraiment faire un truc ce weekend, me dit Samuel, près de l'oreille.

Je lui jette un regard, avant de hocher la tête. Ouais, je suis chaud pour qu'on fasse un truc tous les trois, surtout si les T.D commencent la semaine prochaine. Et les T.D annoncent toujours une seule chose : bosser les week-ends.

MIDI, réfectoire de la fac

A la pause, on s'installe mes potes et moi au réfectoire du campus pour bouffer. Pour ma part, j'ai pris un sandwich au poulet que ma daronne a soigneusement préparé la veille.

— Les gars vous voulez qu'on aille tous à la teuf de Chloé ? nous demande Samuel.

J'crois que ce mec flash sur cette nana. Chloé. Genre depuis qu'il l'a vue j'sais plus à quelle fête, il fait que la stalker sur Instagram. Relou hein. Dommage qu'elle le calcule pas vraiment.

— Moi j'veux bien mon pote, après tout, y aura plein d'monde. De belles meufs aussi, répond Elliott, qui remuait une cuillère en plastique dans son yaourt.

— Moi aussi j'veux bien, je dis.

Si y a d'la meuf, ça me va. De belles meufs, ouais. Puis, ça fait longtemps que je me suis pas fait plaisir – genre 1 mois – et j'avoue, j'en ai grave besoin là. C'est l'occasion. Je pose une main sur mon menton, pensant un peu à cette teuf.

— Hé salut les beaux gosses ! s'exclame une voix, du coup je lève la tête et tombe sur un mec.

Un mec dans notre promo, j'le vois souvent. Enfin, il est du type à parler avec toute la populace. Là il est accompagné d'un autre garçon blond à lunettes rondes. Son pote, je crois.

— Yo les mecs ! Ça dit quoi ? Venez vous assoir ! leur lance Elliott, en leur indiquant les deux places vides.

Ils s'installent donc parmi nous, faisant grincer les chaises sur leur passage. Je fixe quelques instants le brun, et son blase me revient en mémoire d'un seul coup. Clément. Ouais, je suis abonné à son compte sur Instagram. Par contre, l'autre blond là, j'le connais vraiment pas.

— Alors ça dit quoi ? demande Clément et Samuel lui parle à propos de la teuf de Chloé qui a lieu vendredi.

— On s'rend aussi nous, avec Alex, dit Clément, en désignant le blond à côté de lui.

— Ah trop bien ! J'suis chaud là...

Mon sandwich est toujours entre mes mains, attendant d'être mangé. Zut, j'avais presque oublié de le finir. Je regarde l'heure sur mon iPhone. 13 : 11. Dans cinq minutes, commencera le cours. Je range donc la bouffe dans mon sac et croque dans un biscuit au chocolat, piqué d'Eliott.

Les autres se tapent des barres, pendant ce temps. 'Fin c'est surtout Samuel et Clément. Je les écoute pas vraiment, diverti par les réseaux sociaux.

— Mais vous y allez comment du coup ? On peut y aller tous ensemble, ça vous dit ? nous lance Samuel. 

— Ouais mec, ça serait cool, je réponds et Elliott accepte aussi.

— Moi j'y vais avec Alex, j'prends la voiture d'mon daron, nous dit Clément.

Je jette un coup d'œil à ce Alex qui hoche simplement la tête, avant d'ouvrir la gueule pour la première fois :

— Ouais.

— Cool ! Bon les gars, on a cours là, hop, dit Elliott en se levant en premier.

Je balance mon sac sur une épaule et nous sortons tous ensemble du réfectoire, en direction de l'amphithéâtre. Je cache mes mains dans les poches de mon sweat, fatigué. Là maintenant, je pense à mon lit et à toutes les séries que je pourrais regarder si j'étais chez moi. C'est ouf. Nous pénétrons dans le bâtiment A et Elliott, Samuel et Clément se postent directement devant l'ascenseur. Quels flemmards, ceux-là.

— J'vais prendre les escaliers moi, je leur annonce.

T'façon, l'ascenseur est sûrement bourré à craquer, y aura pas de place pour tout le monde. Je commence à escalader les marches, puis je sens que y a quelqu'un qui marche à mes côtés. Je tourne ma tête vers cette personne. C'est le mec blond là, l'ami de Clément. Alex. Il me calcule pas, scotché sur son téléphone à tapoter un message. Je décide quand même de lui dire, à voix basse :

— De vrais flemmards nos potes j'te jure.

Il lève doucement ses yeux vers moi et hoche la tête, avec un léger sourire.

— Ouais mec, carrément, il marmonne, avant de reporter directement son attention vers l'écran de son portable.

Nous arrivons à l'amphithéâtre et nos chemins se séparent. Evidemment, je m'assois derrière, mes potes étant déjà arrivés. Je pose mon sac sur la table et quelques secondes plus tard, le prof arrive et le silence tombe petit à petit.

Voilà c'est reparti. Je le dirais jamais assez, mais j'aime trop pas les cours.