ÉPISODE 9

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MARDI, 21 : 00, centre-ville

Après les cours, on décide d'se poser avec d'autres gars de la fac. On n'a rien à foutre de bien important, alors on profite d'la vie quoi.

Dans un coin paumé d'la ville, ça bédave, ça boit, une musique rap régnant aux alentours de cet endroit isolé. De nombreuses shishas sont à disposition, préparées par un garçon qui s'appelle Oscar. Il fait partie de notre promo et il est vraiment cool. On est ami depuis la L1, j'crois même c'est le deuxième ou troisième mec que j'ai abordé en arrivant à la fac.

— Vas-y Jérémy j'te fais une shisha, quel goût frère ? me lance Clément, mais je secoue la tête.

— Cimer mais j'fume pas ça. Par contre, tu m'passes une bière steuplé ?

Le brun semble choqué que j'sois pas un fumeur de ce machin, mais il commente pas, préférant me passer simplement une bouteille du pack. Après l'avoir chopée, je m'installe près d'Eliott sur un banc en béton - banc qui va sûrement salir mon pantalon bleu clair. Osef.

— Ah tiens Yaël est là, wesh ! Manquait plus qu'toi mon reuf, azy pose-toi. Viens ici, y a d'la place encore ! s'exclame vivement Clément, alors qu'un nouveau boug venait tout juste d'apparaître parmi nous. Désormais on est sept en tout et j'sais pas si y aura d'autres encore.

Y a moi, Samuel et Elliott, mes deux meilleurs potes. Pis Clément, qui nous oblige toujours à ramener notre cul à chaque fois, pour passer du time ensemble. Après, y a bien sûr Alexis, puisqu'il est l'ami de Clément. Enfin, Oscar et maintenant ce Yaël. Un grand gaillard métisse aux yeux bleus. Il check tout le monde un par un. Mais c'est qui en vrai ? J'l'ai jamais distingué au campus, ptêtre il vient de l'extérieur de la faculté de droit.

Ouvrant ma bouteille de bière avec un petit décapsuleur en métal, j'écoute les histoires de Clément et Oscar. Ces deux là, ils ont toujours des saloperies à faire sortir de leur bouche, c'est dingue. J'sais pas s'ils se la pètent trop des fois, mais en vrai, ça me fait marrer leurs bails. Surtout Clément. De la fumée sortant de sa gueule, il nous narre comment il a géré une meuf en master et même on a l'droit de savoir les détails de sa soirée plan à trois. J'vais gerber wesh. Franchement, too much information comme on dit. Rien ne l'arrête, lui.

— Après, j'suis restée dans la maison de la blonde là. Sa belle-mère nous a grillés à poil au lit... oklm... j'allais paniquer, mais en vrai... elle s'en battait les reins hahaha

Mes lèvres s'appuient sur la bouteille, la levant pour boire quelques gouttes de ma boisson. Mes yeux tombent sur Alexis, qui semble dans la lune. Depuis le début, il calcule personne. Juste, il est assis, jambes croisées, à tapoter rapidement sur son iPhone à la coque rouge. Bon. J'crois qu'il se fait iech lui, mais personne le contraint à venir en fait. À moins que Clément lui a foutu la pression pour qu'il nous rejoigne, j'sais pas.

Après Clem', c'est ensuite au tour d'Oscar de s'la péter un peu. Il nous conte ses aventures avec des tas de nanas plus âgées, genre lui au calme il sort avec des mamans limites. Deg. Franchement, ça m'ennuie hé. Ces mecs pensent avec leur... vous voyez quoi. J'aime les meufs, mais j'suis pas non plus obsédé. Y a des putain de limites, mais ce mot il est pas dans leur vocabulaire j'ai l'impression.

Une main dans la poche de ma jacket, et l'autre tenant ma bière, mon regard s'oriente vers Samuel. Il expirait un large nuage de fumée grisâtre, qui se dissipait dans l'air. Il est chelou lui. Aucune syllabe ne sort de sa bouche depuis notre arrivée, alors que d'hab, il est toujours grave interactif et tout. Chelou, hein. J'ai pas l'habitude d'le voir aussi détaché, aussi... pensif ?

Puis là, j'remarque qu'il mate une personne en particulier. Et ce, depuis de longues minutes. Yaël. Il téma Yaël. Celui que j'connais pas. D'ailleurs, ce dernier le zieute bizarrement. On dirait qu'ils sont proches. Ça m'étonnerait pas quoi. Mais là... j'ai l'impression y a un truc qui cloche t'as capté. Faut lui demander c'est quoi le problème avec ce métisse. Demain au pire. Je suis sûr que Elliott l'a remarqué aussi.

JÉRÉMY, aime Alex Où les histoires vivent. Découvrez maintenant