JÉRÉMY, aime Alex

ÉPISODE 5

JEUDI, PAUSE DE MIDI, amphi

— Merci pour votre attention chers étudiants. Et à lundi, j'espère.

Les chaises grincent à l'unisson. Tous les étudiants se lèvent de leur place, traversant le large amphi. Avec Samuel et Elliott, on sort en même temps de l'endroit bruyant, mais on sait pas vraiment où s'poser avant le prochain cours. J'ai grave la dalle, mais comptez pas sur moi pour manger la nourriture du self. J'veux de la vraie bouffe wesh.

— Hé, on va s'poser au réfectoire ? je demande aux autres et ils acquiescent.

Je descends la première marche de l'escalier, sac sur une épaule, mais je remarque que mes potes ne sont plus derrière moi. Ah, ces cons sont devant l'ascenseur et Samuel me fait un signe pour que je me ramène en deuspi. Une masse d'étudiants entrent dans la machine et déjà plus aucune place à l'horizon. Tant pis.

Je dresse mon majeur en direction de ces deux bâtards, alors que les portes se fermaient.

— Gros, ça va ?

Clément apparaît à mes côtés, cigarette non encore allumée coincée entre ses lèvres. J'le check et on discute au calme. Le brun évoque la soirée chez cette Amina. Meuf que j'connais pas, mais j'vais quand même me pointer genre. Thank you Samuel.

Un sourire déformant mes lèvres, j'affirme à Clément que ouais, avec mes potes, on est chauds pour la fête et tout.

— Oh hé salut Karl, ça va mec ? s'exclame-t-il alors, s'adressant à un type aux cheveux bouclés.

— Euh ouais salut, répond-t-il.

Le dénommé Karl – que j'connais seulement de nom – semble complètement débordé avec les tas de manuels entre ses mains. Il lance un regard blasé à Clément, avant de partir. T'façon, pourquoi il lui parle lui.

— C'est l'frère de Georges Miller. Tu connais, le type en master 2. Apparemment, il organise une teuf chez lui. Et t'sais, Miller, c'est un gros bourge. J'vais grave essayer de m'incruster wesh. Genre vraiment quoi, me raconte Clément.

— C'est quand sa soirée ?

— Samedi prochain, mon pote.

Je sors du bâtiment A, accompagné du même gars qui salue tout le bahut à son passage. C'est un ouf. Je sors mon iPhone de la poche de mon jean et tapote un message sur le groupe avec mes potes, leur demandant ils sont où.

— T'inquiète. Samuel il gère de ouf, je lui dis.

— Sérieux ?

— Grave. Vas-y, j'vais les rejoindre.

Nous marchons en direction du réfectoire, où mes potes sont posés sur une table au fond. Y a d'autres types présents – genre Bilal, Jules etcétéra. Samuel incruste tout le monde aussi. Celui-ci prend la parole en premier :

— Vous foutiez quoi beaux gosses ?

— Bah rien. En vrai on parlait de comment on peut s'incruster à la soirée de Miller.

— Quelle soirée ?

— En vrai moi j'suis invité les gars, nous affirme Bilal.

— Sérieux ?

— Hé ragez-pas hein, ricane-t-il, puis au final, il accepte de parler avec Miller. Genre pour qu'il nous envoie une invitation.

Plongé dans diverses discussions qui fusent entre, j'entends soudain une voix masculine à ma gauche.

— Salut les gars.

Alex. C'est vrai qu'il manquait au « groupe ». Ah putain. Il est planté à l'extrémité de notre table, tenant son sac dans sa main et comme d'hab, un air pété à la gueule. Les gars le saluent – sauf moi. Moi, j'ai grave pas envie qu'il s'installe avec nous, t'sais je le supporte pas trop depuis la dernière fois. Il avait pas à m'casser les couilles en heure de TD en fait.