ÉPISODE 6

610 62 26
                                    

17 : 00, chez Alex

La chambre d'Alex est plutôt grande. Un lit aux draps blancs, propres. Une immense armoire accompagnée d'un miroir. Un treadmill dirigé vers la fenêtre fermée par des rideaux noires. J'peux dire que c'est très différent de ma chambre à moi.

Maintenant que j'suis arrivé chez ce mec, bah j'me demande un peu ce que je fous ici. Un vendredi après les cours. Je le connais même pas. Sourcils froncés et un air paumé à la gueule, je tej mon sac dans un coin de la pièce. Sérieux, pourquoi j'ai accepté de l'accompagner ? On aurait pu simplement travailler sur ce foutu projet dans un Starbucks.

— J'vais apporter un truc à bouffer, euh, allume mon ordi s'tu veux...

Le mec blond me lance cette phrase, en fuyant de la chambre. T'sais, pas obligé de ramener à bouffer. Mais il a déjà disparu dans le couloir, claquant la porte derrière lui. Comme je l'avais deviné en voyant sa Range Rover dernier cri, c'est un fils de riches. Vu sa grosse baraque là, j'vais pas dire le contraire. Après, moi, je le savais depuis le début. C'est sa gueule. Elle dégageait un truc de bourge.

Ennuyé, mes yeux observent rapidement la chambre – chambre plutôt impersonnelle, j'trouve. Je passe une main sur mon visage, crevé de cette longue journée. Fallait qu'elle se termine chez lui ? Bon. À part ça, j'ai même pas croisé ses darons.

— T'as toujours pas allumé l'ordi, tu fous quoi wesh ?

Putain mais... sérieux lui ? Je me tourne pour lui faire face, les battements dans ma poitrine s'étant un peu accélérés. Il m'a fait peur, je l'ai même pas entendu revenir dans la chambre. Pourtant, le voilà, portant un plateau avec des verres d'eau et des snacks.

— Bouge on s'installe par terre, il me dit en jetant deux gros coussins sur le sol.

Ça m'étonne qu'il y ait pas de bureau dans une chambre aussi large. Un soupir lassé s'enfuit de ma bouche et j'le retiens grave pas.

— C'est sur Moodle non ? Le projet... il me demande, comme si j'avais une idée, moi. J'en sais strictement rien frère.

— Ouais, j'crois...

Son ordi ouvert sur ses genoux, j'le vois écrire le nom du site et il y accède facilement, rapidement. Mots de passe et e-mail écrits sur les deux barres, il arrive à se connecter sur son compte. En haut, je lis son prénom ALEXIS WEBER, accompagné d'une photo passeport. Ah j'pensais qu'il s'appelait « Alex » tout court moi. T'façon, c'est pas comme si un tel détail m'intéressait, étant donné qu'on n'est pas potes.

— « TD droit international 1 ». Ça peut être que ça... marmonne-t-il pour lui-même, avant de cliquer sur ce fichier.

— Ah c'est pas si long...

— On fait comment ? me questionne-t-il, en ouvrant un nouveau fichier Word.

— Bah... on le lit, après... j'sais pas. On écrit nos idées.

Alex ne répond pas à ma proposition, alors je tourne mon regard vers lui. Il fout rien, fixant le vide. Bah s'il a pas envie de travailler, qu'il le dise dès maintenant. Je le vois bâiller longuement, posant la main devant sa grosse gueule.

— Euh mec, j'ai pas toute la journée... On commence ou pas ? je lui lance, assez froidement pour qu'il pige que j'ai pas son temps en fait. Je veux finir au plus vite.

— Ah ouais. On commence.

Bien. Il ouvre donc le fichier et on débute notre lecture. Ma concentration est pas au top mais vas-y. Je fais mon maximum, là. Plus vite on aura fini, plus vite j'me tire d'ici.

JÉRÉMY, aime Alex Où les histoires vivent. Découvrez maintenant