Jusqu'à la muerte : une descente aux enfers par amour ( version 2.0 )

V- ENCORE UNE FOIS

Elle avance sous la pluie. Elle n'en discerne plus ses larmes. Elle est la cause d'un chagrin immense. Une bombe explosive chez le bonheur des autres. Égoïste, impardonnable, elle vit le moment présent. Les conséquences sont un après-goût de ses actes. Et c'est ici qu'elle tombe. C'est ici qu'elle tombe. C'est ici qu'elle pleure comme les autres, qu'elle encaisse ce qu'elle commet. Dans le noir, elle fait tout pour disparaître plus vite que le monde. Comme si vivre avec elle-même était détestable. Sous l'emprise de l'alcool, elle oublie. Son corps se perd dans la fumée. Elle n'est qu'un amas d'espoir et de peine. Fatiguée d'avoir pleuré, c'est comme ça qu'elle s'endort. Noyée dans les interdits, elle ne sait que dire : pardonne-moi... Elle bascule dans l'alcool, et la drogue. Elle vit sous les étoiles, ment et trahit. Elle panse ses plaies et les cache. Elle vit d'adrénaline et n'écoute aucun conseil. Elle écoute les rumeurs, celles qui sont fondées et celles qui la rendent folle. Elle danse avec le diable, aussi dangereux qu'il puisse être. Elle, toujours elle, au centre de son monde et du malheur des autres. C'est un cauchemar déguisé d'une robe rouge, prêt à sauter dans un vide sans fin.
C'est un monstre au visage d'ange nourri par les erreurs. Elle n'est sous l'emprise de personne, sauf peut-être celle du temps. Avec lui, elle a compris que c'était cette tristesse qui lui permettait de remplir le vide qui l'habitait. Elle s'est forcée donc d'avoir mal pour s'en échapper. Et son cœur balancé entre plaisir et rancune. Elle a tellement merdé que les mots ne viennent pas. Pas une seule seconde de repos, les jours étaient tous insensés. Mais cette fille n'est plus que l'écho d'un passé absurde. Elle renferme ses souvenirs les plus sombres, et ce, sur plusieurs années. Elle n'est plus qu'un fantôme s'étant promis de ne plus jamais renaître.

C'est ainsi que la descente aux enfers était entamée dans la vie d'Azur, ainsi que dans celle d'Eyden. Azur ne dormait plus, ne parlait pratiquement plus à son petit ami, Eyden lui manquait atrocement. De son côté, il défoulait sa colère en la déversant à coups-de-poing sur les murs de sa chambre. En tant qu'homme fier et orgueilleux jusqu'au bout, il ne prit pas la peine de la retenir, mais au fond de lui, un torrent de larmes et de cris menaçaient d'exploser.

Ces deux personnes étaient indispensables l'une à l'autre. Il était l'yin et elle le yang qui, une fois entremêlés, faisait vibrer le cœur des plus envieux. Elle était la lumière qui illuminait timidement ses nuits ravagées par l'obscurité. Il était le refuge auquel elle venait prendre part dans ses nuits de froideur infernale.

Une semaine passa sans qu'ils n'eurent à se parler. Rien allait dans leur vie. Ils essayaient d'oublier toute cette histoire et de reprendre une vie normale, en vain. Un énorme vide les habitait.

C'était un vendredi soir, Azur rentrait chez elle après une journée au centre commercial avec son meilleur ami Marvin, qui avait essayé tant bien que mal de lui faire changer les idées. Tandis qu'elle sortait du magasin, l'air lui semblait chargé de désespoir. Obscur. Elle eut l'impression de suffoquer. Elle se reprit rapidement en main, mit ses écouteurs et lança une musique au hasard sur son téléphone. Les larmes se mirent à couler sur ses joues sans qu'elle ne puisse les arrêter. La musique qui résonnait dans ses oreilles était leur musique à eux, celle qu'ils avaient l'habitude d'écouter ensemble... « Creep on me ».

Elle eut un déclic et se rendit compte que c'était impossible pour elle de le perdre. Encore moins de l'oublier. C'est alors qu'elle accéléra le pas pour rentrer à la maison afin de commettre sûrement une bêtise, mais elle n'en avait rien à faire. Rien ne comptait à présent mis à part Eyden.

Il était allongé sur son lit à regarder pour la énième fois le profil d'Azur en espérant miraculeusement se faire débloquer. Quand soudain, ce fut le cas. Azur l'avait débloqué. Il était tellement stupéfait qu'il en perdit la vue pour quelques instants.

Se demandant ce qu'elle voulait, il attendit patiemment que celle-ci se manifeste à travers un message. Les heures passaient, aucun des deux n'entama la conversation. Il perdit l'espoir et se dit qu'il s'agissait sûrement d'un problème informatique.

Il était trois heures du matin, Eyden éteignait sa console de jeux dans l'optique d'aller se coucher. Il s'allongea sur son lit puis ferma les yeux. C'est alors que son téléphone se mit à sonner. Son cœur fit un bond en voyant le nom d'Azur s'afficher sur son écran. Par élan de fierté, il attendit la quatrième sonnerie avant de répondre :

— Allô, ouais, c'est qui dit-t-il de façon désinvolte afin de faire croire à son interlocutrice qu'il avait effacé son numéro

— Eyden, je ... C'est Azur

Son cœur se serra lorsqu'il entendit sa voix brisée. Elle avait dû pleurer. Il prit une grande inspiration. Et reprit d'une voix plus dure.

— qu'est-ce que tu veux Azur ?

Elle ferma les yeux en déglutissant.

— je vais rompre avec Ramos. Rétorqua-t-elle d'un ton décisif.

Cette déclaration ne manqua pas de déstabiliser Eyden qui prit un air énormément surpris en écarquillant les yeux. Heureusement qu'elle ne le voyait pas derrière son téléphone. Mais il se reprit immédiatement et demanda nonchalamment après s'être raclé la gorge.

— pourquoi ?

—...

— pourquoi Azur ? Pourquoi tu veux rompre avec ton petit ami et pourquoi tu me le dis à moi après m'avoir...

Elle serra les poings avant de laisser libre cours aux mots coincés dans sa gorge.

— PARCE QUE JE T'AIME PUTAIN, s'écria-t-elle d'une voix tremblante en lui coupant la parole

Le souffle d'Eyden fut coupé un instant et il ne sut quoi répondre.

—...

Azur continua d'une voix plus posée, mais tout de même suppliante.

— je t'aime, et je ne peux pas être loin de toi. C'est toi que je veux Eyden.

— je ne sais pas si je pourrais oublier tout ça aussi facilement.

— alors prends ton temps si c'est ce qu'il te faut, réfléchis autant que tu voudras. Moi, je ne bougerai pas, je t'attendrai.

— pourquoi tu as subitement changé d'avis ?

— parce que tout simplement, je me suis rendu compte que t'es celui qui me convient le mieux et que je n'arrive pas à être loin de toi et à passer ne serait ce qu'une seule journée sans penser à toi. Je t'aime toi...

Il avait le cœur qui battait à cent à l'heure. Ses yeux brillaient et sa gorge était encore plus serrée que jamais. Il prit une grande inspiration saccadée et reprit d'un ton plus calme et apaisant.

— Azur ... Ce n'était pas prévu ce qui se passe entre toi et moi. J'ai quitté ma copine dès que j'ai commencé à ressentir des choses inexplicables à ton égard. Tout est différent avec toi, tu es la seule personne dont j'ai besoin, je le sais depuis toujours. Je ... J'ai juste besoin de temps pour reprendre mes esprits, je ne m'attendais pas à ça. Sache que je t'aime aussi et que je veux être avec toi. Alors une fois que t'auras rompu avec l'autre, fais le moi savoir et on en rediscutera.

Elle soupira enfin de soulagement.

— bien

Quatre mois passèrent, Azur avait fait comme convenu et avait rompu avec son petit ami. Eyden et elle étaient enfin ensemble et il l'aimait énormément. Il vivait l'amour fou à ses côtés. Il se rendit au Maroc pour ses études supérieures. La distance ne facilita pas les choses. Ils se disputaient énormément.

Un jour, la dispute de trop éclata, une simple crise de jalousie, mais elle n'avait pas l'habitude d'être jalouse. À vrai dire, elle n'avait pas l'habitude de beaucoup de choses, et encore moins de l'amour. Elle avait du mal à s'ouvrir, à s'exprimer, elle avait peur. Et par élan de lâcheté, elle décida de mettre fin à cette relation. Cette rupture les a anéantis, mais elle n'était pas heureuse et son amour n'était aussi fort que celui d'Eyden. Cette relation prit fin et vola en éclats avec les morceaux des cœurs brisés de ces deux amants. C'était une relation passionnelle et passionnée, mais la lâcheté d'Azur les fit perdre ce trésor qu'ils avaient entre les main.