Chapitre 2 -L'Ultimatum

306 16 0
                                    

-...toutes les jeunes filles entre seize et vingt ans pourront proposer leur candidature pour cet évènement national...

Les paroles du roi sont noyées par un hurlement suivit d'un bruit d'éclaboussures. Un garçon vient de sauter du toit dans la piscine. Stella se met à brailler que la prochaine fois, ils ne seront pas invités et débite cent menaces à la seconde. Ils descendent du toit et reviennent se mettre au courant des informations.

Les filles, à leur grand dam, les ont oubliés pour chanter les louanges du prince –qu'elles n'ont jamais rencontré- et je dois être la seule, avec Stella à trouver ce concept totalement ridicule.

-Montre-moi à quoi il ressemble ! M'ordonne-t-elle après que nous nous soyons réfugiés dans sa chambre.

Emi s'assoit sur l'immense bureau encombré et je sors mon portable pour chercher sur internet une photo du prince.

-Comment il s'appelle déjà ? Demandais-je à moitié sérieuse.

Evidemment que je sais comment s'appelle l'héritier d'Illéa ! On en entend parler chaque année ! 

-Laspen Schreave ! Scande d'un ton cérémonieux Stel.

J'inscris sur le petit clavier ces deux petits mots. Celui qui épousera l'une des filles d'Illéa. La pauvre ; non content de prendre un nom de famille impossible à écrire, elle va devoir épouser un « Laspen » ! Parfois on se demande ce qui se passe dans la tête des parents.

-Allez, montre ! S'impatiente ma meilleure amie en se penchant par-dessus mon épaule. Oh ! Il est plus beau de près que depuis son trône.

Je plisse les yeux, comme pour capter quelque chose en plus. Emi se sentant délaissé regarde lui aussi le portrait officiel du Prince.

-Pas mal, lâche-t-il simplement.

Oui, pas mal. Cheveux châtains foncés, coiffés au naturel, yeux marrons clairs, posture royale... mais il manque quelque chose dans son regard. Il n'exprime rien d'autre qu'un magnétisme désagréable. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Peu m'importe en vérité. Non seulement je n'irais pas à Sélection mais pas question que je regarde à la télévision cette mascarade. Laissons cela à celles qui acceptent de se voir couper leurs ailes.

Lorsque je rentre au milieu de la nuit, mes parents m'attendent de pied ferme. Maman lit sur son fauteuil et papa joue du piano. Je m'arrête sous la fenêtre pour respirer un peu avant la tempête et écoute la mélodie. C'est vrai qu'il joue bien. Il a connu lorsqu'il était jeune le système des castes, lui. Il a dû apprendre à vivre de ça mais je sais que c'est plus. Qu'il aime jouer. Je n'aurais jamais son talent. Moi et la musique, ça fait deux, ou presque.

Je pousse la porte en me composant une expression calme –ce que je ne suis pas le moins du monde.

-Tiens, la princesse des fuites est de retour, remarque froidement papa en se retournant sur son tabouret.

-Tu sais combien tu risques ? Enchaîne ma mère comme si elle annonçait sa peine à un accusé.

-Prison à vie ?

-Tes heures doublent à l'école, énonce-t-elle d'un air parfaitement sérieux.

-Non-non-non-non ! Tout sauf ça !

-En réalité, tu as une alternative à cet ultimatum, Sia, reprend tranquillement maman.

J'attends la suite en me mordant la lèvre. Elle a toujours été piètre négociatrice alors ça pourrait m'arranger, son issue miracle.

-Que tu participes à la Sélection.

-QUOI ?!

Je suis soufflée. Je croyais qu'elle haïssait la famille royale !

La Sélection : les SuccesseursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant