Chapitre 7 -La Caroline

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Mais s'ils s'attendent à voir une princesse, ils vont être déçus.

Je sors de la limousine sous une vague d'acclamation. Je trouve quand même ça exagéré. Qu'ai-je fait pour mériter ces éloges ? Rien, si ce n'est avoir reçu les bons gènes. Je n'ai pas encore décidé si la beauté était un poison ou un atout rare.

Je salue de la main la foule avec un grand sourire, j'attrape au vol les fleurs que me lancent les garçons en sifflant et je les donne aux enfants timides qui me regardent émerveillés.

Le maire me salue avec une expression chaleureuse et paternelle.

-Tu veux parler un peu, jeune fille ? Me demande-t-il en me proposant un micro.

J'hésite. J'ai toujours su bien parler, parce que je marchande beaucoup. Moins à présent mais quand j'étais petite, j'étais une vraie marchande de tapis pour obtenir tout ce que je voulais. Et ça marchait à tous les coups. C'est pourquoi je me méfie des bambins de l'école maternelle. J'ai eu leur âge et je m'en souviens très bien.

La foule qui m'attend me ramène au présent et j'accepte le micro sous un concert d'applaudissements.

Un sourire m'échappe malgré moi. Je ne suis personne pour ces gens et pourtant ils font de moi un messie.

Je leur fais une révérence toujours aussi bâclée qui doit insulter toutes les règles de bienséance avec un sourire rusé.

-Bonjour Caroline ! Commençais-je d'une voix légère. Euh, je veux dire, bonsoir la Province de Caroline, bien sûr, ce n'était pas une salutation visée... bref.

Des rires résonnent et la rougeur qui commençait à envahir mes joues s'évapore. Ce n'était même pas drôle, mais s'ils sont si tolérants... je vais en profiter. Les caméras suivent le moindre de mes mouvements.

Je vais en profiter pour envoyer un message subliminal au prince Laspen.

-Je tenais d'abord à vous remercier d'être venus si nombreux pour moi, que la majorité ne connait pas. Pas encore. Je voudrais dire que j'ai l'intention de conquérir le cœur du prince et que, si je suis l'Elue je ferais changer toutes les choses qui ne sont pas parfaites mais...

Certains applaudissent. Je vois Stella éclater de rire et lever un verre d'alcool vers moi, accompagnée par Emi et plusieurs autres jeunes que j'ai vu à ses fêtes.

-Mais... je ne voulais pas participer à la Sélection, pour être franche. Je ne suis pas une romantique, ni une illuminée –dans le bon sens du terme- qui ferait tout pour changer les choses en s'inscrivant. Mais j'ai rempli et rendu mon formulaire pour un pari.

Jane plisse les yeux en serrant les lèvres, au premier rang. Une voix s'écrie, du côté des jeunes :

-Et elle a gagné !

Je sourie malgré moi. La population en face de moi semble accaparée par mon histoire si peu commune.

-J'ai dû m'inscrire pour un pari que mes meilleurs amis ont fait à ma place. Si j'étais Sélectionnée... nous aurions eu une chance de supprimer une entrave à notre société. La fameuse question qui détermine beaucoup trop lorsque l'on veut s'inscrire à l'Université : quelle était votre ancienne caste ?

Plusieurs personnes donnent leur accord en hochant vigoureusement la tête.

-Eh bien, j'ai la joie de vous annoncer que suite à ce tirage favorable, ce critère ne sera plus demandé à l'entrée à l'Université !

Le père de Jane écarquille les yeux avec horreur. Je l'ai mis au pied du mur, il est obligé de le faire à présent. On ne m'aura pas.

-Ne me demandez pas plus de détails que je ne pourrais vous donner, continuais-je en arpentant l'estrade, mais je peux vous assurer que, même si ce n'était pas mon intention au départ, c'est une grande fierté de représenter la Caroline au palais !

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