Cette fois maman va me tuer : j'ai intérêt à pouvoir aller à la Sélection.
Parce que « j'ai un minimum de talent » et que je n'ai rien abîmé, le directeur de la patinoire ne m'a pas dénoncé à la police. Mais il m'a ramené chez mes parents dans sa voiture de luxe avec un air menaçant.
Maman m'a enfermé dans ma chambre. Elle a pris le portable, les patins... tout. C'est légal de séquestrer son enfant ? En tout cas, je suis officiellement séquestrée, jusqu'au bulletin où ils dévoileront des Sélectionnées.
Mon salut, c'est devenu la Sélection. Pour sauver le collier de mon amie tout d'abord. Je me demande un instant pourquoi je fais ça pour elle.
Stella n'a encore jamais travaillé pour gagner de l'argent par exemple. Alors que depuis mes quinze ans je travaille dans une école maternelle, un enfer sur terre. Les gosses qui s'accrochent à vos jambes, qui veulent plus. Plus de câlins, de nourriture, de temps de sieste, de jouets... ce sont vraiment des abominations.
Je me retourne sur mon lit ; je ne l'ai presque pas quitté de la semaine. Je pourrais bien sauter par la fenêtre et m'évader mais je vais éviter d'aggraver mon cas. Ce soir, c'est l'heure du bulletin.
J'essaie désespérément de ne pas laisser l'angoisse m'envahir.
Entre Jane et moi, c'est une longue histoire de haine. On a été dans la même crèche, la même école maternelle, puis dans la même école primaire, on a été dans le même collège et... on s'est toujours détesté.
Je crois que c'est parce qu'en CP, elle avait fait un exposé sur l'histoire de sa famille parfaite et que ça m'avait profondément irrité. Et elle ne m'aimait pas par principe, parce que j'étais l'ancienne Cinq qui avait de meilleures notes qu'elle.Et finalement maman a décidé qu'elle me ferait cours à la maison et que j'allais travailler. J'avais quatorze ans, presque quinze. J'ai perdu de vue Jane jusqu'à ce qu'un concours de la « plus belle fille de la ville » soit déclaré. Je ne sais par quel mystère (Stella probablement) mais on s'est retrouvé en finale toutes les deux. On a parié. Elle, parce qu'elle aimait gagner, moi, parce que j'aimais jouer.
Elle a joué. Elle a perdu ; ce qui explique le récent pari entre nous deux, elle ne l'a toujours pas avalée, sa défaite. Après ma nomination "plus belle fille de la ville", c'est parti en cacahouète. Elle a dit quelque chose sur ma famille –je ne me souviens même pas de ce qu'elle a craché, cette vipère, mais... je lui ai balancé une bouteille d'eau fraîche à la figure.
On était dans le gymnase personnel de son père et les tables étaient couvertes de chips, boissons et de tous les trucs qu'aiment les adolescents. Mais comme tout ici transpire le luxe, la bouteille était en cristal, je crois bien.
Elle s'est écrasée sur le portrait de Jane au fond de la pièce –il me regardait méchamment depuis le début de cette mini-Sélection de beauté. Et là la guerre a commencé. On avait seize ans à tout casser, le public de la ville s'est divisé en deux et les combats étaient épiques. Je crois qu'on avait cassé toutes les bouteilles ; et trois garçons avaient dû aller à l'hôpital après s'être fait fracassé des assiettes en porcelaine sur la tête. Quand je disais que la dernière fois qu'on a parié les ambulanciers n'en pouvaient plus !
Je souris en me rappelant comment je combattais, et ça me détend un peu.
J'avais pris les tubes de chantilly –on se demande ce qu'ils faisaient là- et avais fait des carnages. Quant à Stel... elle avait pris des photos qui ne montraient pas ces enfants de riches sous leur meilleur aspect. C'était un coup de pur génie.
Mais maintenant, Jane me déteste, je la déteste, Stella et Emi la détestent par solidarité et les dizaines de ses idiots nous détestent. Au même moment, maman m'appelle.
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La Sélection : les Successeurs
FanficEt si les enfants d'America avaient été différents que ceux que l'on connaît ? Deux princes séduisants, deux princesses radicalement opposées, 34 Sélectionnées et Elle. Transcender les règles, rire de tout et être incontrôlable, tout cela décrit Ana...