Je pousse délicatement la porte. Elle grince dans tout le couloir et je m'immobilise en la fusillant du regard. Ce n'est pas comme si je venais de passer mon après-midi à huiler les gongs !
« Je n'avais pas beaucoup d'autres choses à faire après tout », pensais-je sombrement.
Et dire que ma punition se termine ce soir et que déjà j'enfreins les règles... Emi a raison, je suis irrécupérable pour ce qui est de respecter les règles.
Je passe la tête par l'embrasure de la porte et me faufile dehors. Depuis le temps que je fais ça, je connais par cœur les lattes de parquet qui font du bruit et celles qui me permettent de passer ni vue ni connue dessus.
Un sourire narquois étire mes lèvres quand je passe devant la chambre de mes parents. Je dévale les marches de l'escalier en silence et allume le flash du portable distribué par le roi à chaque famille ne disposant pas des moyens pour s'en payer un. Et avec maman qui passe sa vie à refaire la décoration du salon, difficile de se rappeler si la table est contre le mur ou au plein milieu.
J'évite habilement grâce à la lumière les meubles et pose la main sur la poignée. Un rire silencieux m'échappe. Après un mois de solitude à ne voir que les murs de ma chambre ; la liberté !
-Anastasia Kaler, puis-je savoir ce que tu es en train de faire ?
J'écarquille les yeux devant tant de malchance.
-Hum... du somnambulisme. Merci, tu m'as sorti de ma crise, tentais-je pitoyablement en me mettant dos à la porte.
Je glisse un bras derrière moi et baisse la poignée. Le déclic familier ne résonne pas. Depuis quand ferment-ils cette porte le soir ?
Maman hausse un sourcil narquois.
-Tu n'as jamais fait de somnambulisme, Sia.
-Si... mais c'est récent et... la séquestration peut le provoquer aussi, ajoutais-je d'un ton accusateur.
Même si je feins l'indifférence, je cherche activement une solution. Il faut que je sorte ce soir. Il le faut ! Ou bien je vais exploser et ça ne sera pas beau à voir.
-Donc, en résumé tu fais depuis quelque temps du somnambulisme, tes chaussures à la main ? Vérifie maman avec une expression sévère sur le visage.
-Oui. Totalement, tu as bien compris le problème, lui assurais-je de mon ton le plus convaincant.
-Bon sang Anastasia ! Tu vas avoir 17 ans et la seule chose qui t'intéresses, c'est briser les règles !
Touchée.
Soudain, j'ai l'illumination. Ça doit se voir dans mes yeux car maman prend un air en alerte. Elle n'a aucune intention de me laisser filer.
-Rentre dans ta chambre immédiatement ! Ordonne-t-elle, ou tu peux dire adieux à...
-Savais-tu que l'on peut réparer un vase si l'on recolle les fragments directement après l'avoir brisé ? La coupais-je avec un sourire malicieux.
Je ne me sens nullement coupable de raconter n'importe quoi. Aucuns scrupules.
-Non, mais pourquoi diable voudrais-je réparer un v...
Et je lance de toutes mes forces ma chaussure ver l'immense vase japonais rapporté par mon oncle. Il oscille sur son piédestal et... se replace. Saloperie ! Je jette mon second escarpin avec la force que donne le désespoir et il s'écrase au sol en répandant des éclats aux quatre coins de la pièce.
Je me jette vers la porte de la cuisine au moment même où maman se précipite à côté des débris en piaillant sur le coût du vase. Trop occupée à déplorer la perte de l'immonde objet –que j'ai toujours détesté, surtout depuis que j'ai dû le récurer de fond en comble à mes douze ans après avoir fourré des cafards dedans-, maman ne remarque pas que j'ouvre à la volée la porte de derrière et fuse dans le jardin comme une demeurée.
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La Sélection : les Successeurs
FanfictionEt si les enfants d'America avaient été différents que ceux que l'on connaît ? Deux princes séduisants, deux princesses radicalement opposées, 34 Sélectionnées et Elle. Transcender les règles, rire de tout et être incontrôlable, tout cela décrit Ana...