Chapitre 15

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Samuel

Ce soir ce sont les vacances scolaires. Le temps où je m'en soucierai pour Elyo arrivera bien assez vite, d'habitude je n'ai pas les dates en tête, mais aujourd'hui je ne peux pas passer à côté. Alma est déchaînée. Elle relâche la pression des derniers jours de cours et savoure la perspective de passer deux mois sans élèves avec la bouteille de Chardonnay avec laquelle elle est arrivée. C'est la première fois que je la vois boire, et je pense qu'il y a bien longtemps qu'elle ne l'avait pas fait. Les effets de l'alcool cumulés à la fatigue la rendent particulièrement joyeuse. Oh, elle n'est pas ivre ! Elle est trop sérieuse pour perdre complétement le contrôle, mais elle lâche prise, et c'est amusant à regarder.
— Tu vas faire quoi de ton temps libre les prochaines semaines ?
— Je vais planter ma tente à Arcachon et passer mes journées sur le sable à manger des beignets, déclare-t-elle en faisant une moue que je n'arrive pas à déchiffrer mais qui me fait bien rire.
— Pardon ?!
— Argh... Hadrien a trouvé un job là-bas, il va y passer l'été avec un pote à vendre des glaces et des beignets sur la plage.
— D'accord, je comprends mieux. Tu espérais qu'il passerait ses vacances avec sa maman chérie ?
— Eh bien, oui ! Ne te moque pas, c'est facile pour toi, Elyo est encore petit, mais tu verras ce que ça fait quand ils n'en n'ont plus rien à faire de toi !
— Tu n'exagères pas un peu, là ?
— Humm, oui, peut-être. C'est prévu qu'on se voit en août. Mais c'est dans longtemps, il me manque.

Bien plus tard, nous sommes tous deux passablement éméchés. Je confisque ses clés de voiture à Alma quand elle les sort de son sac. Comment peut-elle penser une seule seconde que je la laisserais conduire dans cet état ? Elle a beau prétendre n'avoir bu que trois verres, ce qui est vrai, ça a suffi à lui faire perdre la lucidité nécessaire.
— Tu as bu, je vais t'appeler un taxi.
Elle ne rechigne pas et repose son sac, et s'approche de moi pendant que je compose le numéro. Sans me laisser le temps de réagir, elle chipe mon téléphone et raccroche.
— Ou alors..., murmure-t-elle avec un sourire malicieux.
— Oui... ?
— Je pourrais passer la nuit ici...
Je ne peux pas dire que je suis surpris, ayant moi-même songé à cette éventualité toute la soirée. Mais le manque de discernement m'a retenu de lui proposer. Après le fiasco de notre premier baiser, je ne sais pas trop où on en est sur ce plan-là, et je tiens absolument à préserver notre amitié.
— Tu es certaine que c'est une bonne idée ?
— Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir...
OK. Elle a dit ça en se collant à moi, sa bouche dans mon cou. Je lui attrape les bras pour l'écarter.
— Alma...
— Tu me plais, Samuel. Et je sais que c'est réciproque.
— C'est vrai.
— Alors, quoi ? Ça ne te ferait pas du bien de dormir dans les bras de quelqu'un, pour une fois ?
Si. Bien sûr que si.

Alma

Sans surprise, Samuel s'est révélé être un excellent amant. Alma a reçu tout le réconfort qu'elle attendait. Ça fonctionne si simplement entre eux depuis qu'ils se sont rencontrés, il n'y avait pas de raison pour qu'il en aille différemment au lit, mais elle est tout de même soulagée.
Elle le laisse dormir et file sous la douche avant d'enfiler ses vêtements de la veille. Quand elle sort de la salle de bain, Samuel n'a pas eu d'autre choix que de s'extraire des draps pour préparer le premier biberon d'Elyo qui n'a pas manqué de lui rappeler que l'heure c'est l'heure.
— Oh, mon pauvre ! s'esclaffe Alma. La tête que tu as !
— A qui la faute si je n'ai pas suffisamment dormi ? rétorque-t-il.
— Je plaide coupable.
Avec Elyo dans ses bras qui boit comme un glouton Samuel n'est pas libre de ses mouvements mais tend néanmoins son cou pour avancer son visage vers Alma. Son intention est sans équivoque, elle se penche vers lui et dépose un baiser sur ses lèvres. Sans l'alcool et en plein jour, le geste semble bien plus important que leurs rapprochements de la nuit. Un peu gênée, Alma s'écarte rapidement et lui souhaite une bonne journée.
— Tu t'en vas ? Tu ne veux pas qu'on prenne un petit déjeuner ensemble ?
— Non, je te remercie, je vais rentrer.
— D'accord.
Elle rassemble ses affaires sous le regard de Samuel qu'elle sent brûlant. Sur le pas de la porte, elle lui adresse un sourire puis lui souffle un nouveau baiser de loin avant de s'éclipser.

Par-delà les étoiles (Demain Nous Appartient)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant