Chapitre 16

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Samuel

— Samuel, tu es avec nous ?
Je sors de ma rêverie à l'appel de mon père. J'ai toujours trouvé les réunions de services de début de semaine particulièrement barbantes, aujourd'hui ne fait pas exception d'autant que j'ai des raisons particulières d'avoir la tête ailleurs. La nuit de vendredi ne quitte pas mon esprit.
— Pardon.
J'essaie de me concentrer durant le reste de la réunion et rassemble à la hâte mes dossiers dès que ça se termine. Je ne suis pas le seul à me dépêcher, la plupart de mes confrères sont plus rapides que moi et me devancent, très vite il ne reste plus que Marianne et mon paternel dans la salle, si bien qu'il s'autorise à troquer sa casquette de chef d'établissement contre celle de père.
— Tu as passé un bon week-end ? demande-t-il, soucieux. Tu n'as pas l'air dans ton assiette.
Alors, oui et non, ai-je envie de répondre. Certes, le fait de coucher avec une beauté comme Alma pourrait entrer dans la case des événements satisfaisants, ça avait bien commencé, mais le fait que je ne sois pas certain que ça se reproduise ternit définitivement le tableau.
Elle m'a appelé samedi soir, pour me remercier et m'expliquer qu'elle avait adoré notre nuit ensemble. Je ne devais pas m'inquiéter de son départ un peu précipité, simplement elle avait besoin de réfléchir à ce que ça signifiait pour nous deux et à ce dont elle avait vraiment envie. À la suite de quoi évidemment j'ai passé le reste du week-end à essayer de comprendre ce qu'elle avait voulu dire. Je ne suis pourtant pas du genre à analyser mes sentiments, ça n'est pas la première fois qu'une femme quitte mon lit au petit matin – même si l'inverse s'est produit plus fréquemment. Surtout je ne pensais pas que franchir cette étape avec Alma compliquerait les choses.
Dimanche je suis allé demander son avis à Leïla pour y voir plus clair. Ça ne se déroulait pas très bien, je ne parvenais pas à déchiffrer les signaux qu'elle m'envoyait, jusqu'à ce que Soraya arrive, et qu'on bavarde un peu. Elle m'a demandé comment j'allais, si je voyais quelqu'un. Et c'est là que ça s'est produit. Je me suis entendu répondre « oui ». Et le meilleur, c'est qu'elle m'a dit qu'elle était contente pour moi, que c'était bien que je sois de nouveau heureux avec une femme. Leïla m'a toujours soutenu que sa fille aînée était sa copie conforme, elles se comprenaient toujours, alors que Noor raisonnait plus comme son père. Alors, même si je sais que ce n'est pas entièrement vrai, puisque Soraya n'a jamais compris que sa mère laisse tomber son père pour moi, j'ai eu envie de croire que c'est ce qu'aurait aussi pensé Leïla.
Du coup je suis bien décidé à ne pas laisser Alma douter de nous. Oui, on a tous les deux un passé récent lourd comme un âne mort accroché à nos basques, et alors ? C'est elle qui m'a dit qu'il n'y avait pas de mal à ce qu'on se réconforte mutuellement quand ça ne va pas, non ? C'était vrai la semaine dernière et ça l'est encore aujourd'hui, sauf que maintenant on sait qu'on peut aussi compter sur les bras l'un de l'autre quand les mots ne suffisent pas. Je ferais bien de le lui rappeler, au cas où elle n'en soit pas certaine.

Alma

Clémentine ne parvient pas à masquer son enthousiasme quand Alma lui confie que sa relation avec Samuel est en passe d'évoluer.
— Je sais, c'est génial ! Tu te rends compte que tu le rends heureux, n'est-ce pas ?
— Comment ça, tu sais ? Il t'en a parlé ?
Alma sait que Samuel et Clémentine sont proches, mais elle n'imaginait pas qu'il se confie à leur sujet.
— Pas exactement, mais je vois bien qu'il est en train de changer. Et puis, il ne parle que de toi !
— N'exagère pas, non plus !
— C'est vrai ! assure Clémentine. Ça se pourrait même qu'il soit en train de tomber amoureux, si tu veux mon avis. Ne me dis pas que tu ne le remarques pas !
Alma est flattée. Bien sûr que les attentions de Samuel la touchent. En début de semaine il a débarqué chez elle sans prévenir, il arrivait directement de l'hôpital. Un instant elle a paniqué, lui demandant si tout allait bien, et puis il lui a donné la raison de sa venue.
— Ce qu'il s'est passé vendredi soir n'était pas une erreur, tu le sais ça ? avait-il demandé.
Elle avait été horrifiée qu'il puisse penser cela.
— Bien sûr que non ! s'était-elle exclamée.
Pour achever de le rassurer, elle l'avait embrassé, ça avait semblé fonctionner. Cela étant, il avait bien fallu qu'elle se justifie.
— Je veux juste que les choses n'aillent pas trop vite entre nous.
— C'est tout ?
— Oui.
Depuis, elle est plus sûre d'elle. Ce qu'elle aime par-dessus tout dans sa relation avec Samuel, c'est sa légèreté, et la confiance mutuelle qu'ils se font, elle a eu tort de ne pas lui dévoiler ses doutes tout de suite, il aurait compris, c'est sûr, et elle n'aurait pas passé un week-end morose.

Par-delà les étoiles (Demain Nous Appartient)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant