XVIII | Interrogatoire

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Chapitre 18 : Interrogatoire


En montant dans la voiture, Swan jeta un coup d'œil à son téléphone. Leslie le vit pâlir légèrement, les sourcils froncés.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, soudain inquiète.

Il tourna l'écran vers elle et lui donna l'appareil. Comme la camionnette de la police démarrait, Swan fit de même et le grondement sauvage de la Lamborghini résonna dans la vallée. Son regard sombre était braqué sur la route et il ne pipait mot. Leslie baissa les yeux sur l'écran et regarda d'abord l'auteur, mais il s'agissait d'un numéro inconnu.

— « Trois, tu vas voir cque jvais faire de toi », lut-elle à haute voix.

Leslie soupira.

— Mais c'est pas vrai ! s'exclama-t-elle. Le message date de huit heures ce matin, t'as pas regardé ton téléphone depuis ?

— Non, grogna-t-il.

— Swan... tu crois que le téléphone qu'on a trouvé a servi à envoyer ça ?

Il hocha lentement la tête, en silence.

— Eh ! Pourquoi tu me parles pas ?

— Je réfléchis, répondit-il d'un ton brusque.

Leslie prit une profonde inspiration et détourna le regard. Tous ces événements lui avaient fait oublié qu'elle avait cours après... Mais elle préféra ne rien dire, vu qu'il « réfléchissait » elle n'allait pas interrompre son cerveau de génie ! Il n'avait quand même pas un caractère facile... et elle non plus, à bien y réfléchir. Elle se demanda s'ils étaient finalement faits pour s'entendre...

— Swan, j'ai plein de questions à te poser... Pourquoi William avait l'air de t'en vouloir ? Tu lui as fait quoi ?

Il lui jeta un bref regard oblique avant de se reconcentrer sur la route.

— Je lui ai balancé son scooter à la gueule. C'est pour ça qu'il a cette cicatrice.

Leslie resta sans voix quelques secondes.

— Alors c'est lui ? Celui qui se moquait de toi et de ta sœur ?

— Ouais. Il a pas non plus apprécié quand il a su que j'avais mis fin à un des plus grands trafiques de drogue du Nord de l'Europe et prouvé les deux meurtres d'un des trafiquants avec Scotland Yard et Vincent Tarkovsky pendant que lui était encore à l'école de police.

— Waw... sérieux ? T'as fait ça ?

— Non, en vrai j'ai pas fait grand chose. C'est juste la journaliste qui a eu l'exclusivité de l'affaire qui n'a pas cessé de me tarir d'éloges dans son article et, après, tous les journaux ont repris ce qu'elle avait écrit.

— Encore une dont tu as dû faire battre le cœur... le railla Leslie.

Il eut un léger sourire en coin.

— Ouais... mais j'étais juste l'apprenti de Tarkovsky... souffla-t-il.

Leslie savait que quand il soufflait des phrases comme ça, n'osant pas vraiment les dire, c'était qu'il y avait quelque chose de douloureux dont il hésitait à parler.

— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé jusqu'à maintenant ? Il y a un problème avec lui ?

Swan soupira.

— Je suis désolé mais... il m'a tout appris. Tout. Il arrivait à combiner plusieurs affaires en même temps. Il travaillait sur des fraudes financières en même temps qu'il résolvait cette histoire de trafique dans le Nord. Il a toujours travaillé seul et il était catégorique là-dessus. Mais moi, il m'a pris sous son aile. Parfois c'était dur avec lui, il m'a forcé à devenir plus fort. Et quand il s'agissait de Marise... — Il soupira profondément, comme s'il se rappelait de mauvais souvenirs — Il n'approuvait pas du tout notre relation, si je suis encore en vie, si je l'ai quittée avant qu'elle me tue, c'est grâce à lui. Je... je n'arrive pas à parler de lui au passé, je n'arrive pas à m'y résigner. C'est le père que je n'ai jamais eu. C'est... c'est l'incarnation de la justice. Et... un jour, quand on venait de terminer cette affaire de fraudes fiscales... Enfin, j'ai oublié de préciser qu'on a dû partir à New York où siégeait l'entreprise secondaire de ceux pour qui on travaillait et... on a retrouvé Marise. Tout était lié, elle avait séduit le patron et il détournait les fonds pour lui faire croire qu'il avait de l'argent, c'est ce que la femme de celui-ci nous avait raconté. Et, évidemment, je l'ai reconnue dès que je l'ai vue. Mais, elle, elle ne m'a pas vue, par contre elle a vu Tarkovsky... Elle a tout de suite filé après qu'on se soit croisé. Elle a dû rapporter ça au chef, vu que c'est quand même la pire menace pour eux. Il les aurait coincés tous en moins de deux s'ils n'avaient rien fait. Le lendemain, le gratin des larbins de la NWYB et Marise nous sont tombés dessus. On avait un flingue pour deux et pas d'issue. Monsieur Tarkovsky me l'a filé et je me suis caché, sous ses ordres. Et... et après... enfin tu penses bien que même aussi fort qu'il était, à mains nues contre dix mecs armés... enfin... ils ont tiré plusieurs coups en même temps et ils sont partis. Et voilà, c'était fini, je suis sorti de ma cachette et il est mort sous mes yeux, en me faisant promettre de ne jamais rien abandonner. J'ai hérité de sa fortune et j'ai continué son enquête. Je ne savais pas que je comptais à ce point pour lui... au point qu'il me couche sur son testament... J'ai résolvé l'affaire des fraudes, bien sûr, il ne me restait pas grand chose à faire... J'ai aidé la police à les arrêter. J'ai descendu ceux qui avaient tiré sur Monsieur Tarkovsky, sauf Marise évidemment, en faisant passer mes meurtres pour de la légitime défense. Ils sont tous partis en prison. Mais après c'est devenu plus difficile, quand j'ai su qu'ils s'étaient évadés, je me suis enfui. C'était trop dangereux pour moi ! Ils m'ont fait clairement savoir qu'ils me retrouveraient. Je suis parti en Argentine à ce moment-là en pensant me faire oublier. Mais je discutais souvent avec Léonard, un de mes meilleurs potes, par téléphone. D'ailleurs c'est lui qui m'a filé l'idée de me faire passer pour un prof, il fait des remplacements dans le secteur de Servat. Bref, un jour il m'a mis dans un groupe avec tous nos anciens potes. Et y avait Marise. T'imagines le bordel... j'ai paniqué, j'ai changé de téléphone et tout et j'me suis barré au Brésil au cas où elle aurait réussi à tracer l'ancien. Et puis je me suis souvenu que M. Tarkovsky m'avait fait promettre de jamais abandonner. Lui, jamais il se serait enfui comme je l'ai fait. Mais j'étais tellement détruit... ils m'ont pris la personne qui comptait le plus à mes yeux, la personne que j'aimais et admirais le plus au monde, la seule personne qui comptait vraiment pour moi à ce moment-là. Je suis sûre que ça te choque le fait que j'aie tué des gens mais ils ont eu que ce qu'ils méritaient ces enfoirés. Et ma mission officielle, c'est de retrouver Blue et de la ramener à son père sans se faire remarquer ni par la police ni par la presse. Je travaille pour le Ministre Jean-Louis Sachedieu. Il me paie une fortune pour ça. C'est une information qui est tenue d'être gardée confidentielle. Mais en vrai je m'en carre, tout ce que je veux, c'est tous les arrêter, prouver leurs identités... qu'ils aillent tous crever ! Mais je sais pas si je serais capable de tuer Marise, je ne pense pas. J'étais venu ici avec tellement de haine... et finalement je suis tombé sur toi. Je commence à me demander si tout ça vaut vraiment la peine... si, au final, ce n'était pas moi la faiblesse de M. Tarkovsky, si c'était vraiment la faute de la NWYB... Si je n'étais pas là, il aurait gardé le flingue pour lui, il aurait pas crevé stupidement comme ça. Ma plus grande erreur a été de trop l'admirer. J'étais persuadé qu'il s'en tirerait cette fois aussi par un tour de passe-passe, que je n'avais qu'à attendre ses ordres. Si j'avais agi, si je n'étais pas resté planqué... j'avais le flingue ! J'aurais dû l'aider ! C'était la deuxième fois que quelqu'un mourrait à cause de moi. Ma sœur, parce que j'ai pas su l'écouter, j'étais concentré sur mes propres problèmes, centré sur ma propre existence et que je maudissais cette famille au plus profond de moi. J'ai réalisé que je l'aimais uniquement quand j'ai vu son cadavre. Mais tu te rends compte de quel connard je suis ? Je voudrais expier mes fautes, enfin, mais je vois que... que la mort pour ça. Voilà, tu sais tout maintenant.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 29, 2022 ⏰

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