XIV | Le début d'une trahison

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Chapitre 14 : Le début d'une trahison

   Leslie se réveilla trois quarts d'heure plus tard sans avoir le moindre souvenir de quand elle s'était endormie exactement. Il devait désormais faire très sombre au-dehors, mais ça elle ne pouvait pas le savoir puisqu'elle n'avait pas de fenêtre. Elle n'avait qu'une vieille pendule accrochée au mur de la cuisine pour lui donner l'heure puisque son téléphone était dans la voiture de prof Lennon. Elle soupira. Elle devrait aller le chercher. Et Sarah, qu'est-ce qu'elle foutait avec son linge ? Leslie la soupçonnait d'être en train de s'envoyer en l'air avec son voisin, mais pourtant elle n'entendait aucun bruit... bah peut-être qu'il n'arrivait juste pas à la faire jouir assez fort... elle se pinça l'arrête du nez pour arrêter de penser à des choses bizarres et s'assit sur une chaise qui traînait. Et si elle allait chercher son sac maintenant ? Oui, elle n'aimait pas l'idée de laisser ses affaires à prof Lennon, encore moins son téléphone. Elle serait bien capable de piquer une crise de jalousie si elle voyait que Leslie avait le numéro d'Ackermann et pas elle. Ackermann... un nœud se forma dans son ventre  lorsqu'elle pensa à lui et un petit sourire idiot naquit sur ses lèvres. Il lui avait dit clairement qu'il était amoureux d'elle... et « pour longtemps ».

   — Aaaaah ! s'écria-t-elle, ne pouvant retenir un petit cri d'euphorie.

   Elle sortit dans le couloir puis dans les escaliers et regarda par la fenêtre : il ne pleuvait plus mais le ciel était encore couvert de nuages rendus invisibles par la nuit et tout était détrempé. Elle retourna vite dans son appartement et passa un blouson, prit un parapluie au cas où il se remettrait à pleuvoir et mit les baskets les plus imperméables qu'elle possédait. Elle laissa un mot sur la table pour prévenir Sarah d'où elle était, au cas où celle-ci aurait l'idée de revenir. Puis elle quitta son immeuble, sortit dans la rue et marcha en direction de la rue du dojo. Si Ackermann habitait par là, prof Lennon aussi puisqu'elle était sa voisine. Ensuite elle n'aurait plus qu'à... se débrouiller...

   Une fois qu'elle fut en plein milieu de la rue, elle se cala contre une façade et balaya l'endroit du regard. Avec un peu de chance, prof Lennon s'était garée dans la rue et son sac était resté dans la voiture. Elle avait emporté différentes épingles à cheveux exprès pour faire face à n'importe quelle serrure. Et si la voiture de prof Lennon possédait une alarme et bien elle n'aurait qu'à s'enfuir le plus vite qu'elle pouvait avant que quelqu'un ne s'aperçoive de sa présence.

   Elle longea la rue en regardant attentivement les voitures, dans l'espoir de reconnaître celle qu'elle cherchait. Ce quartier de la ville était presque totalement silencieux la nuit : il ne comportait ni bar ni boîte de nuit ni cinéma ni rien qui soit nocturne et il ne passait que deux ou trois voitures par dix minutes. Aussi, quelques éclats de voix attirèrent son attention. Elle avança encore un peu jusqu'à trouver la voiture de prof Lennon. La vitre arrière droite était ouverte et elle voyait distinctement deux personnes à l'intérieur. Elle s'immobilisa brusquement en plein milieu du trottoir, les yeux rivés à l'intérieur du véhicule. Prof Lennon étouffait un homme qui ne ressemblait pas à Elvis sous un long baiser fougueux, son bassin ondulant contre lui. Lorsqu'elle lâcha enfin ses lèvres, elle lui adressa un regard langoureux et se mit à minauder des mots dénués de toute sincérité :

   — Jason... je... je suis à toi !

   Jason ? L'homme sous elle c'était lui ? Leslie continuait de les fixer, scandalisée, n'osant pas croire ce qu'elle voyait.

   — Eachna... t'as un mec, non ? demanda-t-il d'une voix rauque et rayée comme un vieux disque, signe qu'il n'allait pas résister très longtemps.

   — Oui mais... je... je peux pas résister... tu es trop tentant, Jason !

   Leslie était persuadée que si ça continuait sur cette voie, elle allait devoir ramasser sa mâchoire au sol tant elle n'en revenait pas.

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