VI | L'éclair

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Chapitre 6 : L'éclair

   Le lundi suivant, Leslie se réveilla à l'heure, pour une fois, et arriva à l'heure en cours de français, pour une fois. Ils attendirent un instant devant la porte puis la sonnerie retentit :

« Jerusalema ikhaya lami

Ngilondoloze

Uhambe nami

Zungangishiyi lana »

   — Je crois que cette fois ils ont vraiment pété un câble avec la sonnerie, commenta Leslie.

   — En vrai j'aime bien cette chanson, dit Elvis.

   — Si tu le dis, marmonna Anie en haussant les épaules.

   Elvis fit comme si de rien n'était, comme s'ils n'avaient pas eu cette conversation bizarre vendredi soir... et Leslie trouva que c'était une bonne idée. Prof' Lennon arriva et ouvrit la porte de la salle C105, elle commençait peut-être à s'habituer à cette salle... Leslie partit avec espoir vers le fond de la classe mais la prof lui désigna la petite table miteuse de devant et elle s'y rendit, dépitée. Leslie vit alors le tatouage en forme d'éclair sur le dos de la main de la prof... Elle resta sidérée : elle avait le même tatouage qu'Ackermann et au même endroit ! Elle ne put empêcher le mot de franchir ses lèvres, tellement elle le pensait fort :

   — Pourquoi ?

   — Parce que vous êtes bien mieux devant, dit la prof, croyant qu'elle parlait de sa place.

   — Non... votre tatouage ? demanda Leslie en sachant que ce n'était pas convenable de poser ce genre de questions à un prof.

   — Quoi ? lâcha la prof, sans comprendre.

   — Votre tatouage... c'est quoi ? Je l'ai déjà vu...

   — Ah... l'éclair ? Oh, c'est une connerie de jeunesse, laisse tomber. Je n'ai pas voulu l'enlever parce que j'avais pas envie de finir avec une cicatrice à la Harry Potter. Aller va t'asseoir, ne reste pas plantée là !

   Leslie haussa les épaules et obéit. Et quelle était cette connerie de jeunesse qu'ils avaient apparemment faite ensemble ? Elle avait vu juste en pensant qu'ils se connaissaient, mais d'où ? Oh et puis d'un autre côté, ce n'était pas ses affaires...

   ...et c'est justement pour ça que ça l'intéressait tant...

   Après deux heures de français, deux heures d'anglais !

   — J'aime bien les langues, mais il y a un moment où il faut pas abuser, dit Elvis en posant son front contre la table.

   — Monsieur O'Mara, si vous voulez dormir, il fallait rester chez vous.

   Elvis haussa les épaules et se redressa. Il se pencha soudain à l'oreille de Leslie pour lui murmurer :

   — Bah moi j'aurais bien aimé rester chez moi...

   Elle pouffa discrètement.

   — Vaut mieux deux heures de français et deux heures d'anglais que deux heures de français puis deux heures d'allemand, comme le vendredi matin !

   — Oui, rappelle-moi pourquoi on n'a pas fait espagnol comme tout le monde.

   — Bah apparemment l'espagnol c'est aussi nul, d'après ma meilleure amie.

   — Oh t'as des amis ?

   Elle lui donna un coup de règle.

   — Eeeh ! Tu t'es pris pour Christian Grey ? demanda-t-il en se protégeant la tête des mains.

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