Chapitre 31

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Seul sur la banquette arrière d'une voiture de police, Nils a dû se résoudre à les suivre jusqu'à l'aéroport de Portland

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Seul sur la banquette arrière d'une voiture de police, Nils a dû se résoudre à les suivre jusqu'à l'aéroport de Portland. S'en sont suivies près de cinq heures de vol durant lesquelles les officiers ont tenté de lui poser des questions, les mêmes qu'ils lui avaient posées dès l'instant où ils sont venus le chercher. Il les avait sagement attendu dans cette auberge, mais au fond, il n'attendait personne.

Il est resté silencieux, assis sur ce divan étroit dans ce hall. Ce garçon qui avait capitulé, regard rivé vers le bas en attendant leur arrivée. Nils, il aurait pu encore se battre. Si ça n'avait été que pour lui, il n'aurait pas fait machine arrière. Tomber seul ne lui aurait pas fait peur.

Nils Miller. Dix-sept ans. Originaire de la petite ville d'Hemington. Retrouvé dans la ville de Portland dans le Maine, sain et sauf.

C'est ce qu'ont dit les journaux tout de suite après.

Ses parents attendaient déjà leur retour à Atlanta.

Avant de quitter leur point de départ, là où Willow et lui ont laissé tous leurs derniers souvenirs, les policiers ont passé un dernier coup de fil pour les prévenir.

« Tu veux leur parler ? »

La dame, elle a été gentille avec lui. Elle ne l'a pas brusqué quand elle s'est approchée de sa carcasse, juste une masse ambulante sans volonté. La dame avait de longs cheveux blonds tenus en un chignon difforme, qui lui a vaguement rappelé celui de Joyce. Elle faisait aussi partie de la police, elle avait leur horrible uniforme bleu et son arme coincée derrière sa ceinture. Mais elle a été gentille avec lui, même quand Nils n'a pas essayé de coopérer.

Même quand il n'a pas eu le courage de prendre le téléphone. Il est resté là, à la regarder quand elle lui a tendu le combiné.

Elle l'a vu, qu'il allait s'écrouler. Elle a vu qu'il allait s'effondrer sous ses yeux si elle le lui demandait encore. Elle a vu que ce garçon, ils ne l'avaient pas retrouvé. C'était lui-même qui s'était traîné jusqu'à eux, qui revenait dans la précarité qui s'accrochait de nouveau à son ombre. Nils Miller, il a dit « non » à cette liberté pour l'offrir à quelqu'un d'autre.

— Nils !

Sa mère, il a cru avoir oublié son visage. Elle lui a paru plus vieille, plus maigre, plus pâle. Peut-être que c'était son esprit qui lui a joué des tours et qu'elle avait toujours été comme ça.

Comme son père, elle et lui, deux grandes silhouettes blafardes qui se sont jetées sur lui pour le prendre dans leurs bras. Mais Nils, il n'était pas là.

Ou si.

Ou non.

Il a senti leur poids sur ses épaules, et dans son ventre, quelque chose s'est tout à coup cambré. Nils, il n'a pas parlé, il n'a pas dit ce qu'il avait laissé là-bas, ce qu'il ne garderait désormais plus que dans une partie de son cœur. Mais il a senti leur étreinte contre sa personne, si fort qu'il a cru qu'il allait étouffer. Tous les deux lui ont fait part de leur terreur, et une montagne de remords l'a attaqué. La culpabilité de se savoir la cause de tout ça, mais aussi la colère.

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