Hemington est une petite ville de l'État de Géorgie où il ne se passe jamais rien de passionnant. Tous ceux qui y vivent se connaissent depuis le jardin d'enfant. C'est pour cela qu'à l'aube d'une nouvelle ère, bourgeonnant vers l'extravagance et la...
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18 août 1980,
00:21,
Parking du Frangipane Motel,
Les roues rasent le gravier, les néons du motel grésillent un peu. Il y a des escaliers et la grande porte, qui en fait n'est pas si grande. Elle est ouverte sur un petit hall, et il y a un homme accoudé sur un bureau très haut, sûrement le réceptionniste, à moitié endormi sur un dossier presque vide.
Il n'y a que quatre voitures dans le parking, une cinquième pointe vers l'arrière-cour : elle n'est sûrement pas aux clients.
Nils descend dès que le véhicule est à l'arrêt. À demi-mots, ils s'arrangent pour partager la note, à quart de mots plutôt. Il regarde les alentours avec le nez froncé, la brise du soir caresse son visage, il se tourne parce que Willow est à la traîne.
— Tu viens pas ?
Willow ne lui lance aucun regard quand il contourne la Mercedes.
— Vaut mieux remettre la capote.
Il entend Nils s'étrangler.
— L-la quoi ?
— La capote de la voiture. C'est une décapotable, on remet la capote, le toit.
— Alors dis juste le toit !
Quand Willow lève la tête depuis le coffre, Nils tourne les talons et s'en va au trot jusqu'à la réception, il a les joues en feu. Il soupire, fatigué. Il continue de se demander comment quelqu'un comme lui a pu vouloir jouer les vagabonds.
Sa tâche terminée, il rejoint son ancien camarade d'école en pleine négociation avec le réceptionniste. Celui-ci a une mine un peu grincheuse, les yeux plissés et une ligne froide essayant vainement de mimer un sourire. Nils pose les mains sur le guichet, Willow n'entend pas leurs mots, et le temps qu'il termine ses derniers pas jusqu'à eux, son passager recule et le dos de ce dernier percute son torse.
— Ah !
— Bracadabra, déclare Willow avec lassitude. Tu vas faire une crise cardiaque.
Il pose sa main sur son épaule pour doucement le pousser sur le côté, et se permet de continuer les démarches amorcées. Dans son dos, Nils tente de voir ce qu'il se passe, mais tout ce qu'il saisit sont quelques papiers qu'on lui pose sous le nez et Willow qui les remplit comme si ce n'était pas la première fois qu'il venait ici.
Bien vite, il lui fait signe de le suivre vers les escaliers. Nils mord sa joue, pris dans ses pensées. Au moment où ils sont un peu plus loin dans le couloir, en observant l'allure presque lugubre du papier peint, il se permet de poser quelques questions :
— T'es déjà venu ici ?
— Non, jamais.
Willow monte les premières marches et Nils le suit.
