Chad renifla, et Aryha sentit son cœur se briser devant tant de douleur.
— C'est pas juste. Pourquoi ?
N'ayant pas de réponse, elle secoua doucement la tête, les cheveux de Chad soyeux contre son menton.
Pourquoi certain mourait, et d'autre non ? Elle n'en savait rien. L'humanité était vouée à disparaître. Alors pourquoi se cachaient-ils sous terre, pour reculer une sentence inévitable ? Un jour ou l'autre, ils tomberaient nez à nez avec les Cavaliers, et la mort les cueillerait. Sa silhouette encapuchonnée se trouvait toujours au bout du chemin qu'était la vie. Parfois on l'apercevait de loin, la voyant venir. Elle se découpait sur l'horizon, attendant qu'on s'approche de nous-même au fil du temps. Parfois, elle surgissait à un détour, plus tôt que prévu, sans crier gare. Peut-être impatiente de passer du temps en leur compagnie, agacée de devoir attendre plus longtemps leur arrivée.
— Je suis désolée, chuchota-t-elle avec tristesse.
Ensemble, ils tirèrent la couverture miteuse du vieil homme sur son visage, recouvrant son corps d'un linceul de fortune.
Chad inspira, puis descendit des bras de sa mère. Le corps abattu, il attrapa la figurine que Hart était en train de sculpter, posée près de sa chaise, et la regarda un long moment, la tête baissée. Mutique, il se dirigea vers leur paillasse, où ses cubes de bois étaient éparpillés. Avec révérence, il posa la statuette dans un coin, et entreprit de l'entourer d'une forteresse cubique, le dos tourné.
— Brelan, viens avec moi dehors.
Aryha avait l'impression d'être sous l'eau. Elle avait bien entendu les mots de Bok, mais aurait été incapable de les comprendre. Le choc de la situation lui revenait en plein visage. Maritza et Hart étaient morts.
— Pourquoi ?
— Creuser des trous, tu es con ou quoi ? Il ne faut pas les laisser là. Tu veux y passer aussi ?
— Arrêtez, vous me faites mal à la tête, marmonna Lorna.
D'un pas lent, Aryha alla s'agenouiller auprès de l'inconnu blessé, à bonne distance des traces de moisissures. Risquait-il quelque chose ? Fallait-il le déplacer ? Désemparée, Aryha se laissa choir au sol, les jambes de part et d'autre de son corps, ne sachant pas quoi faire. Les disputes de chacun la déprimaient. La tristesse et l'injustice comprimaient son cœur. Pourquoi ?
Elle n'avait pas réussi à sauver Hart. Un regard à la nuque baissée de Chad lui indiqua qu'il devait certainement y avoir déjà pensé, lui-aussi. Ce n'était pas sa faute, pourtant. Aryha en discuterait avec lui plus tard, quand il reviendrait vers elle de lui-même. Pour le moment, il semblait vouloir un moment à lui.
L'odeur de la mort imbibait déjà leurs vêtements, une puanteur différente s'installait au sein de l'enclave.
Pour essayer d'atténuer un peu sa douleur, elle se concentra sur le blessé. Elle se jura qu'elle parviendrait à le sauver. D'un geste lent, elle repoussa une mèche blanche qui serpentait contre son cou. Sa peau était chaude contre ses doigts. Non, c'est faux. En réalité, c'était la sienne qui était glacée. Elle pencha la tête sur le côté, expirant profondément, le front plissé.
À force de détailler son visage, il allait finir par s'incruster dans ses paupières.
Une minute.
Son cœur rata un battement.
Il avait bougé.
Elle cligna des yeux, certaine qu'il avait bougé. Ses sourcils s'étaient froncés, avant de se détendre.
N'en croyant pas ses yeux, elle se dressa sur les genoux, légèrement penchée en avant. Avec hésitation, elle leva une main tremblante.
Effleurant sa tempe du bout de l'ongle, elle hoqueta quand, d'un geste rapide comme l'éclair, l'étranger lui attrapa le poignet au vol avec force.
Douloureusement, en une fraction de seconde, la jeune femme eut un mouvement de recul, et l'homme ouvrit les paupières, lui jetant un regard plein de haine.
***
Ouuuh, alors ? ^^
J'ai hâte, hâte, hâte !
A bientôt pour la suite, des bisous !
VOUS LISEZ
Quand les Cavaliers semèrent l'Apocalypse - tome 1
Paranormal"Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par le glaive, par la famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages de la terre." C'est de cette manière qu'on annonça les Quatre Cavaliers qui débarquèrent sur Ne...