En entendant le tonnerre des sabots sur la terre battue, les humains relevèrent faiblement la tête.
Le Cavalier lâcha la corde, elle vibra sèchement, et la première flèche partit en sifflant. Elle se planta dans le front du premier, celui assis à le plus à gauche. La flasque qu'il tenait à la main tomba et se renversa. Le deuxième, à son côté, tourna la tête de profil pour regarder son comparse, les yeux écarquillés. Il n'eut pas le temps de se dérober ; la flèche qui lui était destinée transperça son oreille avant de se ficher dans le muret. Celui à ses côtés n'eut pas le temps d'avoir de réaction, les carreaux s'enchaînaient sans pause : il fut mort avant d'avoir eut la moindre pensée.
Le dernier, le septième, assis au bout de la ligne donna l'impression de changer d'avis quand il sauta sur ses pieds pour tenter de fuir. Voir ses compatriotes recevoir leur dû les uns après les autres l'avait peut-être refroidi... mais il était trop tard. Il était en vie, et le Cavalier l'avait vu. Il devait mourir, et Pestilence allait s'en charger.
Il attrapa deux flèches, qui fusèrent en même temps pour aller se planter dans les rotules du malheureux, qui s'était mis à courir en attendant son tour. Une troisième transperça sa poitrine.
Une fois ses yeux vides, Conquête retourna sur le chemin principal de lui-même. Il avait appris le fonctionnement, depuis le temps. Il y avait des dizaines de cadavres alignés le long du muret, et tous avait une flèche plantée quelque part. Certains étaient en train de se décomposer, d'autres avaient été rongés par les vers, et d'autres encore n'était plus que poussière d'os. Toutes ces flèches... chacune des plumes qui les accompagnaient avaient été trempée dans son sang.
Pour trouver six places côte à côte, le groupe d'humains avait probablement dû en déplacer certains. M'enfin, peu importe. Il n'en avait plus rien à foutre, ce qui devait être fait avait été fait, et l'arc était content.
Les yeux levés, Pestilence regarda la lune de jour. Zeonn était haute dans le ciel, il ne restait que quelques minutes avant qu'Atrian ne se pointe par-delà les montagnes. Quand celle-ci prendrait la place de Zeonn, au zénith, l'éclipse se produirait grâce à l'Éternelle.
Point constant parmi les étoiles, l'Éternelle était une petite lune rouge, qui ne bougeait presque jamais. Le 7 de chaque mois, elle se rapprochait jusqu'à passer devant Atrian, puis elle retournait ensuite à sa place durant les vingt-neuf jours suivants. Elle avait déjà commencé son chemin, elle était un peu plus grosse que d'ordinaire.
Droit devant lui, la tour de l'ancienne Église de Camsir se découpait sur l'horizon. Pestilence parvenait même à visualiser les débris carbonisés qui la recouvrait. L'édifice avait pris feu bien avant leur arrivée, victime d'une dispute entre humains de religions différentes. Si l'un ne pouvait avoir le lieu Saint pour ses prières, l'autre ne l'aurait pas non plus. Un imbécile y avait foutu une torche afin de priver tout le monde plutôt que de trouver un accord. Personne n'avait jugé utile de la reconstruire depuis.
Il était à mi-chemin quand un détail attisa son instinct, sur la gauche. Aussitôt, il fit s'arrêter Conquête, qui obtempéra en hennissant.
Un feu de camp brillait à travers la faible lueur des lunes. Pestilence fronça les sourcils. Personne n'allumait de feu, jamais. Un feu était synonyme de vie, de chaleur, de réconfort. De visibilité.
Le brasier était petit, placé entre la lisière d'une forêt et un lac, et des pierres hautes l'entouraient, comme pour l'encercler et le dissimuler aux yeux des autres. Mais c'est raté, humains. Je vous ai trouvés. Privées de vent pour les tarir, les flammes étaient hautes et s'élevaient bien au-dessus de leur muraille de pierres.
Pestilence jeta un coup d'œil en direction de Camsir. Il n'y avait aucun mouvement, ses Frères n'étaient sûrement pas encore arrivés, ils avaient plus de chemin à faire que lui, et il était partit tôt.
Sous lui, Conquête commençait à s'impatienter, il renâclait bruyamment. Il secouait la tête comme pour presser son maître de prendre une décision.
Un sourire cruel étira les lèvres de Pestilence. Le cheval frappa son sabot sur le sol. L'homme n'hésita même pas, sa décision était prise.
D'un coup de talon, Conquête effectua un quart de tour, et partit au galop droit vers les inconscients.
Deux formes bougeaient près du feu, penchée en avant comme pour rester discrètes. L'un d'eux se redressa pour verser de l'eau dans la cheminée formée par les pierres, et le feu perdit de sa superbe, sans pour autant s'éteindre complètement.
Pestilence fit ralentir sa monture quand ils atteignirent le bord du lac, longeant d'un côté l'eau et de l'autre la forêt. Au pas, Conquête marcha sur une branche qui craqua sous son poids.
— Qui va là ! s'exclama une voix tremblante.
— Montez-vous, nous sommes armés ! prévint un second humain.
Pestilence ricana.
— Oh, mais moi aussi, ne vous inquiétez pas.
Il y eut une seconde de silence, puis l'un des deux chuchota :
— C'est lui, tu crois ?
— Bin merde alors ! Déjà !
Aussitôt, il reprit avec un peu plus d'entrain :
— On a pas peur de toi, monstre ! Tu vas mourir !
Sans attendre une seconde, l'humain, un homme de bonne constitution, couru droit sur Pestilence, une lance brillante pointée en avant.
Celui-ci releva un sourcil, interloqué. Cela faisait des années que personne n'avait essayé de s'en prendre à lui. D'ordinaire, les gens fuyaient en l'apercevant, ils n'attaquaient pas. Presque amusé par tant de naïveté, il leva le bras pour attraper une flèche, et pointa l'arc en direction de son ventre.
Cependant, alors que ses doigts se relâchaient sur la corde, un bruit étrange siffla au-dessus de sa tête, trop vite pour qu'il puisse faire le moindre mouvement.
Ce fut déjà trop tard quand il leva les yeux ; un filet lesté de pierre tournoyait droit vers lui. Avant même de comprendre que les deux humains étaient en réalité bien plus que deux, il fut emporté avec les nœuds encordés, et il heurta lourdement le sol. Un nuage de poussière s'éleva autour de lui.
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Quand les Cavaliers semèrent l'Apocalypse - tome 1
Paranormal"Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par le glaive, par la famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages de la terre." C'est de cette manière qu'on annonça les Quatre Cavaliers qui débarquèrent sur Ne...