Chapitre 2 (3/3)

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Quand il tendit les doigts de sa main droite, la flèche partit en sifflant, son unique plume écarlate lui frôlant la tempe.

Elle effectua une trajectoire parfaite.

Elle commença par monter. Monter, monter, monter, toujours plus haut. Elle n'était plus qu'un minuscule point dans le ciel de la nuit, simplement éclairé par la lumière d'Oblivion.

Puis, quand elle en eut assez, elle changea de direction, effectuant un demi-cercle magnifique.

Et elle descendit en piquée, comme un aigle ayant sélectionné sa proie. Malgré le hurlement du vent, Pestilence entendait parfaitement son sifflement aigu.

La flèche prenait de plus en plus de vitesse. La plume qui l'ornait voletait joyeusement, comme heureuse de sentir à nouveau l'air tournoyer autour d'elle.

Un cri déchirant résonna contre la montagne quand le carreau atterrit dans le mille. Un hurlement glaçant. Douloureux et animal.

Pestilence ne ratait jamais sa cible.

Derrière lui, Lucifer attendait le signal, ses pattes arrière sautillant d'impatience. D'un signe de tête, son maître lui donna son accord.

La créature émit un son à mi-chemin entre un sifflement et un aboiement agressif, avant de s'élancer à pleine vitesse. Il bondit de la falaise sans hésiter, se réceptionnant quelques mètres plus bas grâce à ses vilaines griffes.

Pestilence se pencha en avant pour l'observer. À le voir ramper ainsi à la verticale le long de la façade, il le trouva encore plus étrange. Quand il disparut entre les arbres en contrebas, l'homme retourna à l'intérieur.

En serrant les mâchoires, il reposa l'arc sur le socle. Il se dirigea vers la salle du fond, ignorant les suppliques de l'horreur, et faisant fi du pincement qui lui tordait le ventre. Il avait le sentiment dérangeant de l'abandonner. Si seulement c'était possible !

Il enfila un pantalon. En cuir noir et serré, il était inconfortable, Pestilence ne l'aimait pas. Mais il était pratique, alors il acceptait le compromis.

Cette pièce-ci, il ne l'aimait pas non plus. Il avait creusé des rigoles dans la pierre pour que le sang puisse s'écouler plus facilement. Il mourait d'envie de jeter un coup d'œil derrière lui, juste afin de s'assurer qu'il était toujours là. Putain, fais chier ! Il s'ordonna de ne pas céder.

Être esclave de cette attraction lui donnait envie de vomir. Cette fascination morbide n'avait rien de voulue.

Alors au lieu de faire demi-tour pour aller cajoler cette putain d'arme, il fit un pas en avant. Puis deux, puis trois, jusqu'à ce qu'il se retrouve au centre de la pièce. Elle était parfaitement circulaire.

Pestilence se laissa tomber sur le tabouret qui se trouvait au centre depuis la nuit des temps. Il était gelé sous son cul. À ses pieds, un tas de branches était parfaitement entassé.

Sans même le vérifier, il savait que chacune était parfaite. Pile la bonne taille. Pile la bonne longueur. Pile le bon poids. Un équilibre incomparable.

Lucifer était efficace parfois.

Au même instant, l'animal entra dans la pièce en traînant dans sa gueule pleine de dents un gros oiseau. De ses grands yeux ronds et globuleux, Lucifer le supplia. Il voulait le bouffer tout cru.

En réponse, Pestilence fronça les sourcils, avant de tendre la main dans sa direction paume ouverte. Lucifer souffla sèchement par son museau. Lentement, il déposa la dépouille au sol, une lueur mécontente dans l'œil. Il n'aimait pas attendre, lui non plus.

Quand les Cavaliers semèrent l'Apocalypse - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant