Chapitre 15

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Bonne lectuuure !! xxx <3


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Un hurlement qui me sembla venir de très loin retentit. Je m'aperçus que c'était moi qui l'avais poussé. Je me ruai vers la voiture, tandis qu'Harry derrière moi criait mon nom. En temps normal, je me serais retournée. Mais on n'était plus en temps normal.

La chaleur et la fumée me prirent à la gorge. L'arrière seulement s'était enflammé, là où l'essence avait dû couler. J'ouvris la portière avant en tentant de protéger mes voies respiratoires. Par malchance, la voiture était tombée du côté droit de la route. Donc Elena se trouvait séparée de moi par un siège. Elle était inanimée. Je priai, je pleurai. Je décrochai la ceinture en toussant. Ou du moins, je voulus le faire.

Mais elle était coincée.

Je faillis pousser un juron, me souvins de ne pas ouvrir la bouche.

Respire, Elena, je ne peux pas vivre sans toi.

Je m'avançai dans le véhicule, empli d'un air irrespirable. Il eût fallu que je sorte, chercher de l'air. Mais je ne pouvais tout simplement pas revenir en arrière et la laisser là. Je m'acharnai sur la ceinture quelques secondes. Rien à faire. Je toussai de plus belle. J'avais l'impression que mes poumons étaient en feu, eux aussi. Le feu... Oh mon Dieu. Il gagnait les sièges arrière. Mes gestes se firent fébriles. Je tentai d'abord de soulever Elena pour la libérer de la ceinture. Mais je n'étais pas assez forte. En désespoir de cause, j'ouvris la boîte à gants. Et écarquillai les yeux.

Un couteau.

Pas le temps de réfléchir. La Providence me l'avait envoyé. Je m'en saisis et entaillai la bande de nylon. Mais mes mains tremblaient. Et le matériau était solide. Je m'entêtai, ayant de plus en plus de difficulté à respirer. Soudain le couteau glissa. Et écorcha la joue de ma meilleure amie. Je poussai un cri. La douleur sembla la réveiller. Elle porta une main à sa joue en gémissant.

"Aurélie...

-Chut. Ne parle pas. Je vais te sortir de là."

Je continuai mon entreprise. Je sentis une présence derrière moi. Harry me rejoignait. Je ne me retournai pas. Pas d'espace, pas de temps. Plus que quelques fils... Des bras enserrèrent ma taille.

"Harry, qu'est-ce que tu..."

Je me tortillai pour le regarder.

Ce n'était pas Harry.

Je hurlai. Me débattis. Elena s'agita, essaya de m'aider. Sans y parvenir. Elle était trop faible. J'assenai un coup de poing à mon agresseur. La fumée m'empêchait de voir son visage. Mais où était Harry ?

Les bras qui me tenaient la taille m'entraînaient vers le dehors. Je griffais, mordais, frappais. Dans le vide. Aucun de mes coups ne l'atteignaient. Ce type n'était pas humain. Dans un élan désespéré, je me jetai en avant et attrapai la ceinture de sécurité d'Elena. Qui se rompit net. Elle était libre.

Contrairement à moi.

"Elena ! Sors de la voiture !"

Elle parut se réveiller, toussa à cœur fendre, et se dégagea de sa ceinture.

Ce fut tout ce que j'eus l'occasion de voir.

Malgré mes efforts pour me libérer, mon agresseur me tira au-dehors. J'aspirai de grandes gouléees d'air, avant de reprendre ma lutte acharnée.

"Il ne sert à rien de te débattre..."

Cette voix. Grave, éraillée. C'était celle que j'avais entendue au téléphone. Une terreur sans nom s'empara de moi. Jamais de ma vie je n'avais ressenti cela. Cette peur-là noyait toute combativité. Cette question que je m'étais toujours posée, "Pourquoi les gens qui voient une voiture arriver devant eux ne bougent-ils pas ?" Elle trouvait sa réponse. J'étais incapable du moindre mouvement. Le battement affolé de mon coeur submergeait tout.

Quarante-huit heures pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant