Chapitre 7

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Une pression humide sur ma joue me fit ouvrir les yeux ; une douleur lancinante me poignarda l'arrière du crâne. Je clignai des paupières, ma vue s'ajustant à la lumière du jour et mon cerveau analysant les dernières informations qui lui étaient parvenues : mon malaise, et le contact rugueux du goudron.

Ce fut à ce moment seulement que je réalisai qui était penché sur moi.

"AH !"

Je me jetai en arrière en poussant un grand cri ; puis, prenant conscience de l'absurdité de ma réaction, j'éclatai de rire.

Tout de même, ce n'est pas tous les jours que l'on ouvre les yeux en face de Harry Styles...

"Ça va ?" demanda-t-il, semi-inquiet, semi-amusé (Dieux, son sourire était sublime).

Je jetai un regard alentour : il semblait que l'endroit où nous nous trouvions était quelque peu dissimulé, par je ne sais quel procédé ; cependant l'immense clameur des fans nous entourait de toutes parts.

 Elena, visiblement assez mal à l'aise, était également accroupie à mes côtés. Juste derrière elle se tenaient les autres membres du groupe, tous me fixant d'un air anxieux. Je mis un moment à comprendre que c'était mon malaise qui leur avait causé tant de soucis.

Je me redressai aussitôt, malgré le brouillard qui eveloppait mes sens, et me confondis en excuses.

"Oh, mon Dieu. Je suis vraiment désolée, grimaçai-je (ma tête me faisait réellement un mal de chien). J'ai peur des foules, et tout ça, et... on s'est avancées trop vite parmi les gens, je...

- On sait, m'interrompit Liam. Ne t'inquiète pas. 

- Vous n'étiez pas obligés de m'aider, vous avez des fans à gérer ! 

- Justement, dit doucement Harry, près de moi. On s'occupe de toutes nos fans. C'est déjà arrivé, et on estime que c'est notre devoir d'aider dans ce genre de situation."

Mon cœur s'emballa de le sentir si proche. 

"Merci beaucoup."

Elena et moi nous regardâmes en souriant : nous avions parlé en même temps. 

"Vous pouvez y retourner, assurai-je. Je me sens mieux. 

- Tu es sûre ?" s'enquirent-ils.

Je n'étais pas certaine que mon corps allait tenir le coup, face à un tel afflux d'émotions. Tous les cinq s'inquiétant sincèrement de mon sort, et la proximité enivrante de Harry me firent balbutier lorsque je répondis :

"O... oui. Je suis sûre. Allez-y. "

J'eus droit à un sourire de tous - oh, Zayn, oh, Niall, oh, Liam, oh, Louis, oh...

"Aurélie ?" prononça Harry avec application. 

Je faillis émettre un gargouillis de plaisir. Son accent était adorable.

"Euh... oui ?

- Tu... je me demandais si... tu voulais bien me donner ton numéro. Pour être sûr que vous rentrez bien, tout ça." 

J'eus un mouvement de surprise, puis souris.

"Hum, bien sûr. C'est gentil."

Je lui dictai mon numéro. Puis son regard revint se poser sur mon visage, et il me dit, sur le ton de la confidence :

"Je crois que Louis a demandé celui d'Elena.

- Mais, dis-je en fronçant les sourcils, il est en couple.

- Et alors ? gloussa Harry. Ce n'est pas parce qu'il lui a demandé son numéro qu'il veut sortir avec elle. 

- C'est vrai, admis-je. Merci pour l'info. Tu devrais y aller, la foule s'impatiente, lui fis-je remarquer avec un sourire. 

- En effet. Aurélie, ce fut un plaisir.

- Harry, de même."

Il se releva et, juste avant d'émerger de l'autre côté du paravent derrière lequel nous étions cachés, il se retourna.

"Un agent va vous aider à trouver un taxi. A bientôt." 

Et il partit. 

Je regardai Elena, qui me regarda. Nous prîmes ensemble une immense inspiration, avant de nous jeter dans les bras l'une de l'autre.

"Mon Dieu mon Dieu mon Dieu", murmurions-nous avec extase. 

Nous éclatâmes de rire. L'agent en question s'approcha de nous pour nous informer qu'il allait nous accompagner. Nous partîmes donc, les mains vides de dédicaces mais le cœur empli d'espoir.

La providence avait dû décider qu'elle nous en avait suffisamment fait voir comme ça : un taxi nous prit presque tout de suite et nous conduisit sans encombres à l'hôtel.

Mais la providence décida aussitôt qu'elle nous avait assez aidées. Au guichet, nous demandâmes à l'homme le numéro de notre chambre :

"Je suis désolé, ne vous voyant pas arriver nous avons donné votre réservation.

-Qu.. QUOI ? Vous n'avez pas le droit de faire ça !!!

-Bien sûr que si.

-Vous vous moquez de moi ?

-Non. Je vous prierais de sortir, des gens attendent derrière, ajouta le secrétaire qui commençait à m'énerver.

-Ecoutez, dis-je en me concentrant pour trouver mes mots. Nous venons de Nantes, en France. On avait un train à 6h. Je me suis levée en retard, donc nous nous sommes dépêchées d'aller à la gare. Le train avait une heure de retard. Dans l'Eurostar j'ai revu un ami à moi que je croyais mort. En arrivant à Londres un taxi devait nous déposer ici, il n'est pas venu. Nous devions aller à une séance de dédicaces et nous étions très en retard. Arrivées là-bas j'ai fait un malaise. Et maintenant qu'on arrive ici, vous nous dites que vous avez vendu notre réservation ?! EST-CE UN SCANDALE QUE VOUS VOULEZ ?! VOUS ALLEZ L'AVOIR, MON CHER MONSIEUR ! Je vais devoir vous demander très poliment de nous donner une chambre TOUT DE SUITE, parce que je peux porter plainte contre vous et sachez que ma mère gagne toujours ses procès", sifflai-je d'un ton rageur.

Le type avait légèrement blêmi. Tentant de garder contenance, il déclara :

"La chambre Numéro 159 est libre, si vous voulez. Voici les clés."

Je le remerciai avec l'air du carnivore satisfait, jetai un regard à Elena qui peinait à ne pas rire ; nous montâmes les escaliers et arrivâmes, ENFIN, à la chambre susdite. Les mains tremblantes à l'idée de cafards ou autres bestioles indésirables, je fis tourner la clé dans la serrure.

La porte s'ouvrit sur un décor de rêve. Deux beaux lits blancs, pourvus de plusieurs oreillers en plumes, deux tables de nuit sur lesquelles trônaient de belles lampes couleur crème ; à la fenêtre une paire de rideaux d'un bleu très clair voilait la lumière du jour, et un écran plat s'étalait sur un pan de mur.

Bouche bée, nous fîmes le tour de la salle de bains également.

"Wow ! Elle a pas lésiné ta mère ! s'écria Elena.

-C'est le moins qu'on puisse dire", soufflai-je.

Soudain mon portable sonna. Lui fit écho presque aussitôt la sonnerie de celui d'Elena. Nous échangeâmes un regard, un sourire, et décrochâmes en même temps.

"Allô ?

-Aurélie ? C'est Harry Styles.

-Je le savais."

Il eut un petit rire gêné. 

"Euh... Je me demandais si... si tu aurais voulu aller au restaurant avec moi ce soir..."

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Chapitre modifié le 10/11/2014, après environ quarante-cinq ans d'absence.

Quarante-huit heures pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant