L'élue maudite de Métrilonia. Tome 2 [bonne version]

Le haut conseil des élémentaristes

- Que le haut conseil commence, clame la maîtresse de cérémonie en frappant une nouvelle fois le sol avec son brigadier blanc.

Puis d'une voix forte et déformée qui semble venir d'outre-tombe, la dame blanche m' interpelle :

– L'Élue maudite de Métrilonia, levez-vous !

J'obéis dans un mouvement mal assuré, signe indéniable de ma nervosité. J'ai les mains moites et mes jambes tremblent.

- Savez-vous les raisons de votre comparution devant le conseil des hauts élémentaristes du Palais de Jade ?

La gorge nouée par le stress, aucun son ne sort. Je ne peux que faire un timide non de la tête.

- Vous êtes ici, devant nous, aujourd'hui, car nous devons décider, si oui ou non, nous devons vous rendre vos pouvoirs, ou... purement et simplement vous tuer.

- Me tuer ? Mais pourquoi ? m'exclamé-je abasourdie par cette révélation. S'il vous plaît, je veux seulement que l'on me ramène chez moi. Laissez-moi repartir dans mon mon monde, leur demandé-je avec un certain aplomb sorti tout droit de mon profond désespoir.

- Vous ne comptez pas réellement la laisser partir ? s'indigne l'homme avec lequel Axianie s'est disputé.

Après avoir prononcé ces paroles amères, il se lève et vient se mettre face à moi, au centre du cercle, à quelques centimètres de ma personne. Puis il reprend son discours tel un gladiateur affrontant des lions dans une arène.

- Dois-je vous rappeler la prophétie ? C'est une menace ! déclare-t-il, haineux, en me pointant du doigt. Il faut que l'on s'en débarrasse, affirme-t-il à l'assemblée, comme si je n'étais rien de plus qu'un moucheron qui gâchait son paysage.

Un lourd silence de quelques secondes suit ses déclarations durant lesquelles il me transperce de ses prunelles aussi noires que l'encre. Sous l'effet de son courroux, son teint qui était si blanc est  devenu aussi rouge qu'une tomate.

Face à son regard méprisant, je ne baisse pas les yeux, bien au contraire, je le soutiens. Histoire de lui montrer que contrairement à ce qu'il pensait, je n'ai strictement rien à me reprocher et que malgré son air d'ours mal léché, il ne me fait pas peur.

Son corps tout entier se met brusquement à bouillonner littéralement de rage, et des flammes rougeoyantes enveloppent véritablement son corps. Il se met alors à tourner autour du cercle animé par la tension ardente qui le submerge.

Puis il se positionne en face de ma personne, comme s'il s'apprêtait à me foncer dessus pour me terrasser, mais il se contente juste de me pointer une nouvelle fois de son index accusateur, avant de commencer son réquisitoire plus décidé que jamais :

- Dois-je vous rappeler que cette enfant porte en elle la clef de notre destruction à tous ? Dois-je vous rappeler à quel point la querelle entre les deux déesses de la nuit ont fait des ravages ? Dois-je vous rappeler toutes les souffrances qu'elle a engendrées, les pertes qu'elle a coûtées. Non, il n'y a qu'une seule chose à faire : tuer la clef avant qu'il ne soit trop tard.

- Tu as raison Caladi !

- Que dis-tu Axianie ?

- Que tu as raison, répéte-t-elle sur son ton impassible, assise droite et fière sur son trône doré. Il est inutile de renvoyer cette empotée dans le monde qu'il l'a vu grandir. Je vous rappelle que si je l'ai amenée ici, au palais de jade, c'est par ce que les quatre Moribonds sont à ses trousses. Si Ambre n'était pas intervenue, elle serait dans leurs griffes à présent. Sans ses pouvoirs, elle est vulnérable.

Elle fait une petite pause avant de reprendre plus fort, avec véhémence :

- C'est pourquoi... Je demande au conseil d'accepter de pratiquer le rituel de la renaissance.