Arrivée au Palais de Jade

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- Madame, Endy ne va pas bien du tout ! Sommes-nous presque arrivés ? crié-je le plus fort possible.

Le bruit du vent et le bruissement des battements d'ailes de l'énorme chimère qui nous sert de moyen de transport sont si assourdissant que même en hurlant j'ai bien du mal à entendre le son de ma propre voix.

Faut dire que la chimère sur laquelle nous voyageons est vraiment immense et imposante. Elle ressemble à un énorme lion à la queue de scorpion dont la tête est couronnée de deux cornes de taureau pourvue d'une paire d'ailes majestueuse et imposante.

- Nous y sommes presque ! Ne soyez donc pas si impatiente, me répond sèchement ma kidnappeuse en tournant légèrement sa tête vers moi pour que je puisse mieux l'entendre.

- Tiens bon, Endy, je t'en prie ! J'ai besoin de toi ! Accroche-toi, lui murmuré-je terriblement inquiète.

Je lui caresse délicatement son front, avec l'espoir qu'il puisse ressentir ma présence. Son front  dégouline de sueur. Il transpire fortement et son sommeil semble particulièrement agité. Il ne cesse gémir. Il a l'air de tellement souffrir. Et moi, je ne peux rien faire. Si ce n'est croire en Axianie et espérer que là où elle nous emmène, il y aura quelqu'un qui pourra le soigner.

Le tunnel stellaire nuageux dans lequel nous volons est, à présent, coloré par un joli vert jade. Au début, cette teinte n'est apparue que par quelques touches très subtiles, perdues parmis une multitude de couleurs  tantôt chaudes et chatoyantes tantôt sombres et lugubres. Mais plus nous avancions au coeur de ce mystérieux passage et plus cette couleur se faisait présente et intense.

Nous continuons ainsi notre voyage jusqu'à ce que  nous nous retrouvons devant un curieux miroir. Etrange... Qu'est ce qu'un miroir pouvait bien faire au beau milieu de nulle part. Il se tient, là, devant nous, flottant droit et immobile de manière énigmatique. Son encadrement, en argent massif, est décoré aux quatre coins par un loup noir aux yeux de rubis probablement sculpté dans de l'onyx. Ces animaux décoratifs ressemblent étrangement au pendentif que ma geôlière porte autour de son cou.

Ma très chère conseillère d'éducation principale descend du dos de son fidèle allié et s'avance vers l'énigmatique objet réfléchissant. Plus elle avance, plus la chaîne qui me lie à elle grandit comme par magie.

Elle enlève son précieux collier d'un geste vif et rapide. Puis, tout comme elle l'a fait devant le miroir de ma chambre, elle le fait tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, à la manière d'un petit pendule.

C'est alors que les yeux des loups qui ornent le miroir ainsi que ceux du pendentif d'Axianie, s'allument dans une synchronie parfaite. La lumière qui émane de leur regard se fait de plus en plus intense, de plus en plus aveuglante jusqu'à ce que finalement, elle finit par recouvrir entièrement la plaque réfléchissante de l'objet qui lévite de manière inexplicable, devant nous.

Lorsque la lumière se disperse enfin, je m'aperçois avec étonnement que ce n'est plus le tunnel aux nuances verdâtres qui s'y refléte mais le reflet flou d'une salle étrange.

Dès que le portail est ouvert, madame Axianie reprend sa place sur le dos de son étrange animal. Puis, sans perdre un seul instant, nous le traversons. C'est ainsi que nous arrivons dans une salle grandiose et incroyable.

Aussi étrange que cela puisse paraître, celle-ci ne posséde ni de mur ni de plafond, mais pas moins d'une vingtaine de miroirs gigantesques, tous différents qui flottent droits et immobiles à quelques centimètres du sol dans un espace constellé d'étoiles. Ils sont dispersés aux quatre coins de la pièce de façon à former un cercle parfait.

Plusieurs chemins érigés en pierre de jade flottent à la surface d'une eau gélatineuse et scintillante d'une jolie couleur dorée.

Miam, on dirait du miel ! Cela me donne envie d'y goûter. D'autant plus que je n'ai rien mangé depuis hier midi, et à la seule vue de ce liquide dorée mon estomac se met à gronder si fort que Madame Axianie l'entend. Ce qui me vaut à nouveau d'être transpercée par son regard noir et réprobateur.

L'un des chemins suit le cercle parfait formé par la configuration des miroirs, tandis que les autres servent à relier chacun des objets réfléchissants au centre de la pièce.

À peine avons nous pénétré dans cette endroit que madame Axianie s'empresse de réitérer son étrange rituel.

À la seule différence près que cette fois, elle tourne son étrange pendentif dans le sens inverse à celui des aiguilles d'une montre.

Le passage est désormais fermé. Quoi qu'il puisse arriver maintenant, il m'est impossible de faire demi-tour, et Axianie ne le sait que trop bien. C'est sans doute pourquoi, dès que sa tache est accomplie, elle me libére enfin de ces horribles menottes qui me meurtrissent les poignets et par la même occasion de la chaîne magique qui me lie à elle.

Une fois libérée, nous avançons jusqu'au centre de la salle. À ma droite, se trouve une jolie colonne en pierre de jade, d'environ un mètre de haut, dont le sommet est scié en biais. Sur toute sa longueur, sont sculptées, à même la pierre, sept silhouettes d'animaux.

Axianie insére son étrange amulette dans celle qui ressemble étonnamment à un Loup. Celle-ci correspond parfaitement.

- Chez la guérisseuse et vite, prononce-t-elle, sans attendre, de sa voix impérieuse.

L'élue maudite de Métrilonia. Tome 2 [bonne version]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant