L'élue maudite de Métrilonia. Tome 2 [bonne version]

Confrontation avec Ambre

C'est Ambre. La jeune femme flamboyante qui m'a sauvée des quatre Moribonds. Mais c'est aussi la femme qui a effacé ma mémoire et modifié les sentiments que j'éprouvais pour son fils.

Encore aujourd'hui, je me demande les raisons qui l'ont poussée à agir ainsi. Je la croyais mon ami et elle, elle m'a trahie.

A cette seule pensée, je sens à nouveau cette force incontrôlable parcourir mes veines et se concentrer au niveau de mes mains. Exactement comme lorsque j'ai attaqué Axianie dans l'infirmerie.

Mais mes mains étant emprisonnées dans celles de Zéphira, je ne peux rien faire. Et garder cette force en moi est extrêmement difficile et douloureux. Il faut quelle sorte, d'une manière ou d'une autre.

— Séléna, je t'en prie, regarde-moi. Je sais que tu es en colère. Mais j'ai besoin d'elle pour te rendre ton passé. Tu comprends ? Si tu veux savoir qui tu es, et d'où tu viens, il va falloir que tu nous fasses confiance, me murmure Zéphira sur un ton qui se veut compréhensive, mais ferme.

—Je suppose que je n'ai pas trop le choix.

J'inspire et j'expire très profondément. Je me fais l'effet d'une cocotte-minute qui relâche toute sa pression en se vidant de sa vapeur. Au fur et à mesure de mes respirations,  je sens cette force mystérieuse disparaître peu à peu.

Dès que j'ai retrouvé mon calme, la maîtresse des lieux relâche mes mains.

—Hé bien, Axianie n'exagérait pas ! Tu ne contrôles absolument pas tes pouvoirs, s'exclame-t-elle visiblement étonnée de mon comportement imprévisible.

—Si tu ne veux pas tous nous tuer, il va falloir que tu apprennes à contrôler tes émotions, me reproche Ambre.

—En matière de sentiment, vous en connaissait un rayon. N'est-ce pas MADAME BALDER ? répliqué-je sur un ton que je veux volontairement provocateur.

—Tu es bien plus perspicace que je ne le pensais. Sache que je ne regrette rien du tout. Si je l'ai fait, c'est avant tout, pour sauver mon fils.

—Mais le sauver de quoi ? De moi ?

C'est dingue ça ! Mais qu'est-ce qu'elle croit ? Que je suis un monstre prêt à dévorer son fils, tout cru ? Non, mais c'est du délire !

—Ça suffit. Assez de questions. Sois heureuse que j'ai accepté de venir te rendre ton passé. Mais si tu préfères, je peux m'en aller, rétorque-t-elle sur un ton de défit.

Visiblement, elle n'a aucune envie d'être ici, alors pourquoi est-elle venue ?

—Ça suffit vous deux. Vous aurez tout le temps de vous quereller lorsque nous en aurons terminé. Ambre, venez près de la vasque en Pierre. Quant à vous, ma petite, venez-vous s'installer ici, juste en face et donnez-vous les mains, les bras bien tendus au-dessus du bassin.

L'intervention de la dame blanche a mis un terme brutal à notre dispute. Si bien que nous nous exécutons sans broncher. Même si la perspective de devoir prendre la main de cette traîtresse ne me réjouis guère, je n'ai aucune envie de goûter à ses vents dévastateurs. 

Dès que nous sommes en place, je jette un petit coup d'œil au contenu de la vasque. Contrairement à ce que je me suis imaginé, celle-ci ne contient pas de l'eau, mais elle est fermée par une immense plaque miroitante qui nous renvoie notre propre reflet.

—Zoé agrippe toi au coup de la petite princesse. Tu ne devras  pas la lâcher sous aucun prétexte, ordonne Zéphira à ma petite lapine qui me serre
un peu trop fort. Et cela vaut pour vous deux. Agrippez-vous l'une et l'autre comme si votre vie en dépendait.