L'élue maudite de Métrilonia. Tome 2 [bonne version]

Le rituel de la renaissance

Le verdict rendu, l'épée de Damoclès dont la pointe meurtrière était placée juste au-dessus de ma tête vennait de disparaître et avec elle la peur que je ressentais.

Rassurée que ma vie ne tenait plus qu'à un fil, j'observe, assise sur mon trône doré, la scène qui se joue tout autour de moi. L' atmosphère était curieusement solennelle.

C'est Axianie qui a le privilège d'ouvrir les festivités. Elle fait maintenant face à l'immense idole devant laquelle elle se trouvait.

L'imposante femme en métal a un regard particulièrement sombre. Quelque chose de maléfique se dégage des traits de son visage à la fois dures et sévères, et son petit sourire cruelle me fait littéralement froid dans le dos.

Elle tient dans sa main gauche une lance et dans sa main droite une pomme. Un étrange loup gigantesque et effrayant aux crocs tranchants et aux griffes acérées est couché à ses pieds.

Tous les objets que tient la statue de même que l'étrange animal, sont sculptés dans une pierre aussi noire et aussi opaque que les ténèbres elles- même, probablement de l'onyx.

La femme qui a pris ma défense durant le procès enlève sa capuche ce qui libére sa très longue chevelure noire qui recouvre à présent son dos telle un long voile sombre. Elle est vraiment sublime. Sa longue robe noire fluide et aérienne contraste à merveille avec son teint blanc légèrement rosé.

Elle s'agenouille, en signe de profond respect, devant l'imposante statue dorée avant de lever les bras et la tête vers le ciel. Puis elle prononce d'une voix solennelle :

- Nexia, toi qui veilles sur le monde obscur des ombres ainsi que sur les ténèbres du néant. Toi, maîtresse des changements et des métamorphoses. Toi qui es à l'origine de toute chose. Je t'en prie, bénie cette enfant.

C'est alors qu'un feu noir aux reflets bleutés enflamme mystérieusement l'estrade sur laquelle repose la statue de Nexia. Axianie y plonge les mains sans aucune hésitation.

- Mais elle est complètement folle ! Elle va se brûler ! pensé-je mentalement, médusée par ce qu'elle vient de faire.

Mais contre toute attente, lorsque les flammes lui léchent les mains, elle ne crie pas. Bien au contraire, cela semble la réjouir et un sourire de satisfaction adouci les traits de son visage autoritaire.

Elle sort des flammes une petite sphère de feu noir qui repose à présent, dans ces deux mains en forme de coupe. Elle s'avance ensuite lentement vers moi, en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas faire tomber la mystérieuse boule incandescente. Puis elle la dépose délicatement dans le chaudron qui est disposé à mes pieds.

Sa tâche ainsi accomplie, elle retourne sans détour auprès de sa statue.

Les rituels identiques à celui qu'a effectué Axianie se succédent. Quatre autres membres de cette curieuse confrérie ont dors et déjà déposé leurs curieuses petites sphères dans le petit réceptacle situé à mes pieds. Cela signifie qu'il en reste encore trois.

Cette cérémonie me parait tout aussi mystique que «la planète Neptune» dépeinte par Gustave Holst dans son œuvre musicale. J'ai beau observer attentivement la cérémonie dont je semble être la cible. Cependant, j'ignore toujours ce qui m'attend et quel est son but. Je ne peux faire qu'une seule chose : attendre.

Je continue donc de regarder ce qui se passe, en espérant que rien de mal ni de néfaste ne m'arrivera.

À cette idée, je sens à nouveau une boule se former au creux de mon estomac.

Bien que je sais que ma vie n'est plus en danger, ils peuvent toujours me torturer si l'envie les en prenait. Je secoue ma tête discrètement pour chasser mes idées noires et me re-concentre sur le rituel qui continue de s'accomplir autour de moi.