Ambre ferme les yeux et le bateau se remet à tourner encore et encore, telle une toupie détraquée. Lorsqu'elle ouvre à nouveau les yeux, nous avons jeté à nouveau l'encre dans la merveilleuse salle de bal, où mon père a déclaré sa flamme, le jour du vingt et unième anniversaire de ma mère. Et pourtant, tout me semble si différent.
La salle est si éclairée et lumineuse qu'on se serait cru en pleine journée alors que la lune est déjà très haute dans le ciel.
Tout est incroyablement beau et colorée. Mêmes les fleurs de cristalle qui décorent la salle sont d'une couleur vive et chatoyante.
Mes Parents sont là, eux aussi. Ils sont confortablement installés, assis sur les deux trônes royaux qui sont, comme lors de l'anniversaire de ma mère, installés sur la petite estrade, d'où ils ont une vue imprenable sur leurs invités.
À la place du troisième siège, se trouve à présent un berceau imposant en argent, au voilage fluide et aérien, d'un blanc pur et immaculé. Celui-ci est placé juste à côté de l'énorme siège où est assise ma mère.
Quant à mes grands parents, ils sont installés sur deux énormes sièges accolées à chaque côté de l'estrade.
La salle est encore une fois pleine à craquer et pour cause. Les hauts dignitaires aux tenues luxueuses et parfois excentriques côtoient artisans, marchands et paysans vêtus beaucoup plus humblement.
Malgré cela, tous semblent s'amuser et profiter de la fête sur la mélodie du « menuet » de Louigi Boccherini qui correspond au troisième mouvement extrait du quintette à cordes, opus 11 n°5 du compositeur qui rythme les différentes conversations.
Même mes parents semblent heureux. C'est fou ça ! Au vu de ces réjouissances rien ne laissait présager que le royaume serait bientôt sous le coup d'une horrible tragédie.
Les trompettes se mettent alors à claironner, annonçant par leur mélodie royale l'avènement d'un grand événement. Lorsque la musique se tue, mon père et ma mère se lévent dans un seul et même élan. Comme si leurs corps, pourtant bien distincts, étaient reliés par un fil invisible. Après quoi, mon père s'adresse à l'assemblée d'une voix assurée et remplie d'une certaine fierté.
—Peuple de Métrilonia. Comme vous le savez tous, aujourd'hui marque le premier anniversaire de notre enfant, votre princesse, la future héritière du trône de Métrilonia. Et comme le veut la tradition le temps est à présent venu, pour elle, de recevoir la lumière.
Sur ces mots, les portes de la salle de bal s'ouvrent et les lumières s'éteignent. Il ne reste à présent que pour seule et unique éclairage, une tache lumineuse qui se trouve dans l'entrebâillement de la porte d'entrée.
Sur son chemin, les invitées s'écartent avec un geste de profond respect, libérant ainsi un passage large et droit. Lorsque la lumière argentée passe sous la petite barque d'où je regarde la scène, je remarque que la tache de lumière n'en est pas une.
Enfin pas vraiment. Aussi étrange que cela puisse paraître, la tache lumineuse est en réalité un être surnaturel aux allures de femme. Je peux distinguer son visage d'une beauté surnaturelle ainsi que tous ses membres.
Elle est svelte mais aussi assez petite. À vu de nez, elle ne doit pas mesurer plus d'un mètre cinquante.
Elle est vêtue d'une robe longue à fine bretelle et d'une cape à la fois simple et élégante. Elle irradie d'une lumière à la fois pâle et mystérieuse à l'instar de celle qui émane de l'astre lunaire.
Je n'en crois pas mes yeux ! Comment un tel être peut-il exister ? C'est comme si, malgré sa forme humaine, elle n'a aucune réalité physique ou matérielle. Mais une existence purement énergétique.
Plus je la contemple plus son énergie m'est familière. Elle ressemble à celle que j'ai sentie animer chacune de mes cellules lorsque je me suis réveillée juste après la cérémonie de ma renaissance. C'est comme si un peu de son être coule en moi.
Elle se poste juste devant le berceau. Dès lors, mes parents descendent de leur petite estrade et rejoignent le reste de la populace.
La créature lumineuse se penche doucement vers l'enfant autrement dit de moi et pointe son doigt délicatement sur son front. Puis elle prononce d'une voix très très douce à peine plus audible qu'un murmure.
—Petite princesse. Héritière du trône de Métrilonia. Je t'apporte la lumière. Qu'elle puisse te guider dans tes heures sombres et te montrer le chemin à emprunter au plus profond de l'obscurité.
Après avoir fini sa bénédiction, l'être lumineux s'empare de l'enfant et le porte au nu devant toute la foule. Toute l'assemblée s'agenouille alors devant l'enfant.
Elle dépose par la suite un doux baisé sur son front. À ce moment là, un faisceau de lumière semblable à celle qui émane de son essence magique jaillit brusquement de l'endroit où ses lèvres se sont posées.
Celle-ci disparait au bout de quelques secondes. Ne laissant à sa place qu'un croissant de lune couché à l' horizontale qui semble être sculpté dans la même pierre dont été fait mon sifflet.
Elle allait remettre l'enfant dans son berceau quand tout d'un coup une vague de brume noire et obscure fait irruption dans la salle. Ainsi que des rires machiavéliques qui brisent le silence ce moment solennelle.
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L'élue maudite de Métrilonia. Tome 2 [bonne version]
ParanormalAprès que la mère de Séléna Irwin et son meilleur ami Lucien soient enlevés par les quatre Morribonds, madame Axianie, la très chère conseillère d'éducation principale de l'adolescente, décide de l'emmener de force, au Palais de jade. Qui est le se...