Le diablotin

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C'est alors que dans le bouillonnement de la lave, j'entends un bruit distinct. Celui d'un véhicule qui s'avance à grande vitesse vers nous avant de s'arrêter, brutalement, dans un crissement de frein. Après quoi, la grille s'ouvre si violemment qu'elle crée un appel d'air qui fait voler mes cheveux et qui faillit faire s'envoler le chapeau de madame Axianie. Ce qui met ses réflexes à rudes épreuves.

Les portes s'ouvrent sur un wagonnet en bois très rudimentaire. La banquette avant est occupée par une bien étrange créature.

Elle se léve et se place dans l'entrebâillement qui sépare la plate-forme des rails. Le petit monstre est un diablotin. Contrairement au Gremlin, je n'ai aucun mal à le reconnaître. Il est identique à ceux que l'on peut voir dans certains dessins animés.

Il m'arrive au niveau de la taille. Il est tout rouge et il n'a que pour seul et unique vêtement qu'un pagne couleur ocre.

Tout dans son apparence, de sa tête ronde, à sa queue en forme de flèche, en passant par ses oreilles fines et pointues, fait ressortir son extrême malice.

- Puis-je voire vos tickets s'il vous plaît, nous demande notre drôle de petit contrôleur de sa voix enfantine et joviale.

Nous nous exécutons. Il regarde nous deux cartes jaunies que le Gremlin nous a donné un peu plus tôt avec une extrême attention.

Puis il nous regarde avec insistance avant de nous annoncer:

- Trés bien. Tout est en règle. Je m'appelle Malixis, et je serais votre conducteur.

Après avoir prononcé ses mots, il se retourne et fait un signe de la main, de droite à gauche, devant la chaîne qui ferme l'entrée du petit wagonnet côté passager. Sous cet ordre gestuel, la chaîne se décroche.

- D'abord, Madame Axianie, puis Mademoiselle Séléna Irwin, et ensuite la dénommée Zoé.

Au fur et à mesure que le petit être rouge nous énonçait l'ordre de placement, le corps de madame Axianie se raidissait de rage.

Si ses yeux étaient des revolvers, elle aurait tué la petite créature sur le champ. Conscient de sa bêtise Malixis se met à rire, en ignorant complémentent la colère de mon guide.

- Viles et pestes que sont les diablotins. Toujours prêts à faire des bêtises et des sottises. Ne l'écoute surtout pas ma petite. Tu iras en premier ensuite Zoé et je prendrai place la dernière.

Je suis scrupuleusement les ordres d'Axianie. L'autre côté du wagonnet est entièrement fermé par un panneau de bois. Zoé vient s'asseoir à mes côtés et pour finir Axianie.

- Tous le monde est bien installé, je vois. Alors, nous pouvons y aller.

- Mmm Mmm ! fait mon guide agacée par le comportement irresponsable de notre chauffeur.

- Quel rabajois vous faites vous les hauts élementaristes en chef ! Mais bon si vous y tenez, je vais enclencher le système de sécurité.

Il descend de notre étrange moyen de transport et remet la chaîne en place. Dès qu'elle est bien accrochée, un panneau de bois similaire à celui qui ferme mon côté du wagonnet apparaît et ferme le côté où Madame Axianie est assise.

- Et maintenant Malixis dit de lever les bras.

Ne pouvant faire confiance à cette créature espiègle et facétieuse, je regarde madame Axianie. Elle lève les bras tout en émettant un grognement d'impatience. Je l'imite sur le champ. Puis, il appuie sur un bouton rouge situé à l'extérieure de la nouvelle cloison. Des ceintures en cuir noir apparaissent comme par magie et nous tiennent fermement plaquées contre la paroi arrière. Je suis si serrée que je peux à peine respirer.

-Très bien accrochez-vous si vous le pouvez. Mais attention il n'y a pas de limitation de vitesse sur les rails de la mine du Deadly. Et maintenant tout le monde fait au revoir.

Zoé et moi nous nous exécutons mais pas Axianie

- Vous avez perdu, je n'ai pas dit Malixis a dit, nous annonce notre chauffeur tout en riant.

- Nous pouvons y aller maintenant ? Ce n'est pas tout, mais nous n'avons pas toute la journée.

Au fur et à mesure que le temps passait, la rage et l'agacement de Madame Axianie ne faisait qu'aller creschendo.

Il abaisse la manette des freins et notre véhicule de fer et de bois commence à avancer.

Notre voyage se fait au rythme de l'extrait de la scène numéro 7 de Perr Gynt, opus 23, du compositeur Edvard Grieg plus connu sous le non de l'antre du roi de la montagne.

C'est à dire un démarrage lent et saccadé aux sonorités graves et sombres qui refléte à merveille l'ambiance mystérieuse et ténébreuse de cet endroit.

Notre véhicule avance  doucement mais sûrement vers le rideau de lave qui est situé à l'opposé où se trouve le point d'arrêt de notre moyen de transport.

Je ne sais pas où notre chauffeur doit nous emmener, mais j'espére que ce n'est pas vers notre mort. Je ne tiens pas à finir en papillon rôti.

Mais dès que nous arrivons à la hauteur de la cascade, celle-ci s'arrête de couler laissant apparaître un trou noir dans lequel nous nous engouffrons.

Il y fait si sombre que je ne vois absolument rien. À en juger par mon corps penché à l'avant, notre wagonnet descend une pente qui devient de plus en plus abrupte. Ce qui fait que notre véhicule prend de plus en plus de vitesse.

Tout comme dans l'extrait musical de l'antre du roi de la montagne notre voyage prend un rythme effréné.

J'espére tout simplement que nous ne rencontrerons pas l'un des horribles trolls présent dans cette histoire.

Notre wagonnet est à présent devenu complètement fou. Il se met à dévaler des pentes vertigineuses et extrêmement sinueuses, tournant encore et encore, en suivant le chemin tortueux des rails qui s'enfoncent dans les entrailles sombres et étroits et de la mine.

Le véhicule va maintenant si vite que mon corps se lève du siège. J'hurle de terreur. J'ai très peur que les ceintures ne se déchirent et que je ne tombe dans le gouffre sans fond.

Après tout, j'ai beau avoir des ailes, cela ne veut pas dire pour autant que je sais m'en servir. Je ne sais même pas comment les faire apparaître.

Axianie, fidèle à elle-même garde une certaine prestance et une certaine élégance, malgré les secousses de l'engin qui nous secouent comme des pruniers.

Zoé, quant à elle s'amuse comme une petite folle. Elle rie aux éclats complètement inconsciente du danger qui nous menace, en demandant à notre chauffeur d'aller encore plus vite.

Finalement notre course effrénée s'arrête dans un grand splash.

L'élue maudite de Métrilonia. Tome 2 [bonne version]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant