2.3. Renouer les liens

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Le samedi qui suivit, la Chelsea arriva.
Il était un peu tôt, plus tôt que d'habitude.
Elle marchait d'un pas lourd, empreint de lassitude.
Puis à la tombe arrivée, le bouquet déposa.

« Bonjour mon cher Yoram, j'espère que tu vas bien.
« Tu es bien obligé, de toute façon », dit-elle.
« Aujourd'hui, je finis de te mettre au parfum.
« Et du coup, ce sera la figure paternelle. »

« Tu l'as vu de là haut, ce père avait sombré.
« Il était même tombé encore plus bas que terre.
« C'est aussi pour cela qu'avant je t'en voulais.
« Ta décision eut terminé de l'achever. »

« Pourtant, je te rappelle : j'avais bien lu ta lettre.
« Je pouvais néanmoins ressentir son mal être.
« Il sombra dans l'alcool comme tous les hommes détruits.
« Et j'aurais préféré que tu puisses faire comme lui... »

Le vent souffla plus fort, l'air se rafraîchissait.
Elle frissonna un peu, une larme pendant à l'œil,
Hurlant en silence, ne troublant pas le recueil
          [ D'une mère à côté...
Sanglots presques inaudibles, sanglots tant étouffés.

« Je crois bien que je continue de m'en vouloir »
Dit-elle la voix cassée, les yeux humides mi-clos.
« Tu t'es noyé sans que je ne te voie sous l'eau.
« Alors que j'étais là. Je n'ai pas su te voir. »

« Tu étais mon ami, en m'étant inconnu.
« Et pour cela, j'ai mal. J'aurais pu te sauver...
Elle renifla un coup, l'air frais lui chatouillait
Les narines. Pendant qu'elle se sentait comme déchue...

« Revenons à ce père. Il avait l'air détruit.
« Mais c'était pire encore. Il se serait enfui
« S'il avait pu le faire. L'alcool le consumait
« Le rongeant en son être même. Comme l'avait fait
          [ Sa douleur.

« La mère était partie. Et toi, tu l'as trahi.
« Il portait sa conscience et tous vos souvenirs
« Comme si c'était un poids. Comme si c'était sa croix.
« Tu l'as vendu au mal. Tu étais son Judas. »

« Il aurait pu mourir. Perdre la garde de ta sœur.
« Mais il s'est ressaisi quand il l'a vue sourire.
« Et ce jour, j'étais là. Dans ses yeux, la douleur,
« Elle avait disparu, elle s'était évanouie. »

« C'était parce qu'elle et moi, on se faisait des blagues. »
Chelsea se vit sourire... « Je te l'avais bien dit.
« On est devenues amies après cette fameuse claque.
Chelsea se mit à rire, le soleil faisant luir
          [ Ses cheveux.

« Je me dis qu'il pensa qu'il connaissait le pire
« maintenant que t'étais mort et sa femme aussi.
« Je l'ai vu s'approcher et la prendre dans ses bras.
« Je l'ai vue chuchoter un “je t'aime” dit tout bas. »

« Les décès font de toi une sorte de mort-vivant.
« Mais il suffit d'y croire pour qu'un mort vive en nous.
« Tu n'es plus vraiment là. Mais en moi, je te sens.
« Il aura juste suffi que j'y croie jusqu'au bout... »

RUDIS INSTINCTIBUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant