Chapitre 9

44 18 0
                                    

Un jour, les lourdes portes de la prison s'ouvrirent et Youcef, Paix sur lui, reconnut le serveur de vin qui venait lui rendre visite.

Celui-ci était accompagné de plusieurs autres hommes de la garde royale égyptienne.

Youcef, Paix sur lui, s'était extrêmement amaigri. Le serveur s'approcha de lui et dit :

《Ô mon ami, je suis venu te dire que tes paroles sont parmi les véridiques. Le roi d'Égypte a besoin de ta science. Il fait toujours le même rêve !

- Quel est donc ce rêve ?

- Il voit sept vaches bien grasses dans un champ. Tout à coup, sept vaches maigres apparaissent et mangent les sept vaches bien grasses. Puis, il voit sur une même tige sept épis verts de froment et sept autres secs. Tout à coup, un terrible vent se lève et les épis verts se mêlent aux épis secs. Puis le rêve s'arrête. Le roi a réuni tous ses plus grands astrologues, mais aucun ne connaît la signification de ce songe étrange. Et toi, la connais-tu ?

- Oui, tu diras au roi que les sept vaches bien grasses représentent sept années d'abondance pendant lesquelles le blé et les fruits pousseront. Les sept épis verts de froment sont tous les biens que vous recevrez pendant ces sept années d'abondance. Les sept vaches maigres qui mangent les sept vaches bien grasses représentent sept années de pauvreté et de sécheresse qui arriveront après les sept années d'abondance. Rien ne poussera. Les sept épis secs indiquent la pénurie que vous subirez pendant ces sept années. Mais après ces sept années de disette, viendra à nouveau une année d'abondance. »

- Ô miséricorde, quelle terrible nouvelle... Est-ce la fin de l'Égypte ? 

- Non, il vous suffira de ne pas utiliser tout ce que vous récolterez durant les sept années d'abondance. Ainsi, il vous en restera pour les sept années de disette.

- Merci de tes sages conseils, mon ami.》

Puis, le serveur quitta la prison et alla rapporter les paroles de Youcef, Paix sur lui, au roi. Ce dernier en fut émerveillé.

《Amenez-moi ce jeune homme ! La prison n'est certes pas la place d'un homme aussi savant et aussi sage !》

Le serveur retourna donc auprès de Youcef, Paix sur lui, sur les ordres du grand roi Rayan d'Égypte.

Lorsque Youcef, Paix sur lui, le vit, il comprit que l'heure de sa délivrance avait enfin sonné !

《Ô mon ami, c'est à mon tour de t'annóncer une grande nouvelle : le roi m'envoie te libérer, il te dit sage et savant et a fait savoir que ta place n'était certes pas en prison. Viens avec moi !

- Non, je ne le peux pas.

- Viens avec moi, mon ami. Je te dis que tu es libre, tu n'as rien à craindre...

- Je ne crains qu'Allah.

- Qu'est-ce qui t'empêche alors d'être parmi les Hommes libres ?

- Je veux être innocenté. Retourne voir le roi et dis-lui d'interroger les cinq femmes à la main coupée sur mes intentions et sur celles de Zoulaykha, la femme de mon maître Al-aziz.

- Mais qu'est-ce que cela changera, puisque le roi te rend ta liberté ?

- C'est la justice d'Allah que je veux que l'on me rende.

- Comme tu le voudras, mon ami.》

Sur ces mots, le serveur tourna les talons et retourma voir le roi. II lui parla de l'affaire de Youcef, Paix sur lui, et de Zoulaykha.

Le roi fut encore plus émerveillé de l'infinie patience et de la grande intégrité du jeune Cananéen. Il fit appeler les femmes des cinq grands d'Egypte et les interrogea :

《Pourquoi avez-vous toutes les cinq la main gauche tranchée ?

- Eh bien... Parce que nous avons trop longtemps attardé notre regard sur un serviteur de Zoulaykha, la femme d'Al-aziz, le grand Al-aziz d'Égypte !

- Qui était ce serviteur ! Etait-ce lui ?》

Deux hommes de la garde royale égyptienne firent entrer Youcef, Paix sur lui, sur le champ. Le visage des cinq femmes blêmit aussitôt.

Le roi le remarqua...

《Vous n'avez pas besoin de répondre... Vos visages l'ont fait pour vous. J'ai encore une dernière question à vous poser, Mesdames. Cet esclave a-t-il, à votre connaissance, déjà commis une mauvaise action ?

- Non, jamais. Nous avons entendu Zoulaykha dire qu'elle le voulait, mais que lui, avait refusé.

- Bien, faites entrer Zoulaykha, la femme d'Al-aziz!》

Al-aziz apparut alors avec son épouse. Le roi s'approcha de cette dernière.

《Peux-tu soutenir devant ces femmes et devant ton époux que cet esclave ait commis un crime envers toi ? Eh bien, réponds... Nous t'écoutons.

- J'ai menti. J'ai... J'ai perdu la tête et n'ai pas supporté qu'il me résiste. Ô Al-aziz ! Pardonne-moi, je t'en supplie. Ô Seigneur ! Accorde-moi Ta Miséricorde, car je reconnais ma faute...》

Mais Al-aziz avait déjà détourné son regard d'elle. Quant à Youcef, Paix sur lui, il se sentit le ceur léger.

Tout ce qui importait était que la vérité éclate au grand jour et que son maître sache bien qu'il ne l'avait pas trompé en son absence.

Le roi s'approcha alors de lui.

《Je n'ai auprès de moi personne doté d'une aussi grande intelligence que toi. Tu me seras de bons conseils. Je vais faire de toi mon favori.》

Le roi acheta Youcef, Paix sur lui, à Al-aziz et l'affranchit. Youcef, Paix sur lui, n'était plus un esclave il était libre !

《Je vous remercie, Ô roi Rayan.

- C'est moi qui te remercie et qui te prie de m'excuser de t'avoir laissé jeter en prison comme un malpropre. Pour me faire pardonner, demande-moi ce que tu veux.

- Je n'ai besoin de rien. En revanche, je veux vous aider.

- De quelle manière ?

- Il vous faut quelqu'un de confiance pour économiser du blé pendant les sept prochaines années d'abondance. Je veux être cette personne, je saurai garder sans frauder. Faites de moi l'administrateur des greniers publics.

- J'accepte et je t'honore. Tu es désormais l'homme le plus puissant d'Égypte après moi, le sort du peuple d'Égypte dépend de toi ; je t'accorde les pleins pouvoirs et ma totale confiance.》

C'est ainsi que Youcef, Paix sur lui, le plus misérable de tous, devint alors l'homme le plus envié.

Deux ans s'étaient écoulés et, comme l'avait prédit Youcef, Paix sur lui, les semences étaient abondantes, les récoltes nombreuses.

Youcef, Paix sur lui, prenait um cinquième de chaque récolte et le mettait de côté dans d'immenses greniers à blé. Il le conservait de telle manière que le blé ne fermente pas.

Youcef, que la paix soit sur luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant