Chapitre 12

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L'année suivante, les onze frères se remirent en route pour l'Égypte. Le voyage fut un peu rude pour Benyamine qui n'avait jamais quitté son père depuis sa plus tendre enfance.

Bientôt, ils arrivèrent sur les terres du royaume d'Égypte et se présentèrent devant le grand vizir du roi qui n'étain autre que Youcef, Paix sur lui.

《Vous voilà de retour, Messieurs ! Bienvenue en terre d'Égypte!»

- Nous te remercions, Ô grand vizir, et t'amenons, comme tu nous la demandé, notre plus jeune frère Benyamine.

- Bienvenue à toi, Benyamine. Votre voyage a dû être long et éprouvant. Il faut que vous mangiez et que vous vous reposiez.》

Puis, Youcef, Paix sur lui, se tourna vers ses serviteurs :

《Emmenez-les dans mes chambres d'hôtes. Mettez-en deux par chambre, afin qu'ils aient de la place pour bien se reposer.》

Aussitôt, les serviteurs mirent les frères de Youcef, Paix sur lui, deux par deux et les conduisirent dans des salons raffinés où ils purent se détendre.

Il ne resta que Benyamine au milieu de la pièce, Youcef, Paix sur lui, le prit avec lui.

Lorsque Youcef, Paix sur lui, et Benyamine furent seuls dans la pièce, Youcef, Paix sur lui, lui révéla son identité et Benyamine devint aussi blanc qu'un linge :

《Youcef, Youcef, c'est toi ?

- Oui, c'est moi Benyamine ! Mais, n'en dis surtout rien à tes frères !

- Oh, Youcef, tu es vivant, comme père va être heureux.

- Comment va-t-il ?

- Il se fait vieux, tu sais, et l'annonce de ta disparition l'a affligé. II en a perdu la vue. II est très faible. Je m'inquiète de le savoir seul et lui n'aime pas me savoir ici, tu sais.

- Pauvre père, il m'a tellement manqué durant toutes ces années. Toi aussi, Benyamine, tu m'as beaucoup manqué et je veux te garder auprès de moi.

- Mes frères ne me laisseront jamais !》

Aussitôt, Youcef, Paix sur lui, alla trouver discrètement l'un de ses serviteurs et lui donna l'ordre d'apporter la coupe d'or du roi servant à mesurer les charges d'ânes.

II la dissimula dans le sac de blé qu'il avait remis à Benyamine.

Les serviteurs ne tardèrent pas à s'apercevoir de la disparition de la coupe et accusèrent aussitôt de voleurs les frères de Youcef, Paix sur lui.

Celui-ci ordonna que les gardes s'emparent de leur caravane mais, ces derniers, surpris, protestèrent :

《Que se passe-t-il, Ô grand vizir ? Nous t'avons payé et apporté Benya- mine. Pourquoi ne nous laisses-tu pas partir ?

- Je vous ai donné du blé, je vous ai accueillis chez moi, je vous ai nourris et logés. L'un d'entre vous m'a-t-il volé ?

- Te voler ? 》

Les onze frères se regardèrent les uns, les autres.

Ils savaient qu'aucun d'entre eux n'était capable d'un tel acte. Yahouda s'avança alors vers Youcef, Paix sur lui :

《Ô grand vizir, nous ne sommes pas des voleurs. Tu devrais nous fouiller... Celui qui aura un objet volé dans son sac sera livré comme esclave à sa victime : c'est la loi de notre religion.

- Parfait, c'est également celle du royaume d'Égypte !》

Youcef, Paix sur lui, fouilla aussitôt la caravane des onze frères et y trouva la coupe d'or, dissimulée dans la charge d'âne de blé de Benyamine.

Aussitôt, il s'empara de lui et s'adressa alors à ses dix autres frères :

《Il semblerait que vous vous soyez trompés, Benyamine sera donc esclave pour le vol qu'il a commis !

- Ô grand vizir, si tu décides de retenir Benyamine, tu es dans ton droit, mais sache que notre père est très vieux et très malade et que si nous revenons sans Benyamine, il risque d'en mourir. À sa place, prends celui que tu voudras parmi nous.

- Qu'Allah me garde de prendre un autre que celui qui a commis le vol. Ce serait trop injuste ! Allez-vous-en maintenant !》

Les dix frères comprirent qu'ils ne pouvaient rien contre Youcef, Paix sur lui, et rebroussèrent chemin en direction du pays de Canaan.

Roubil, l'aîné, décida de rester en Égypte, car il ne pouvait se présenter devant son père sans son jeune frère.

II lui avait fait un serment et il attendrait, là, que le vizir libère Benyamine ou que la mort l'emporte.

Les neuf frères arrivèrent au pays de Canaan.

Ya'qoub, Paix sur lui, les attendait avec impatience. L'un d'eux annonça la triste nouvelle à leur père :

《Ô père, sache que Roubil et Benyamine ont dû rester en
Égypte. Mais, je te rassure, ils ne sont pas maltraités ! Benyamine est coupable d'avoir volé au grand vizir la coupe d'or qui sert à mesurer les parts de blé. Il est, de ce fait, esclave du grand vizir, selon la loi. Je te jure, père, que c'est la vérité ; d'ailleurs, I'Égypte toute entière en parle déjà ! Roubil, quant à lui, a tenu à respecter son engagement et à ne pas abandonner son petit frère Benyamine.

- Je ne peux me résoudre à croire ce que tu me dis à propos de Benyamine ! Il est incapable d'un tel acte et je croirais plutôt à une manigance de votre part ; il ne me reste donc plus qu'à patienter une nouvelle fois...》

Youcef, Paix sur lui, lui vint aussitôt à l'esprit et ne put alors retenir ses larmes. Il était si triste que ses yeux blanchirent de chagrin :

《Ô mes fils, retournez en Égypte, essayez d'avoir des nouvelles de Youcef et de son frère.

- Mais père, Youcef est mort. Ne cesseras-tu donc jamais de t'inquiéter pour lui ?

- Je sais des choses de la part d'Allah que vous ne savez pas. Youcef n'est pas mort. Je suis convaincu que ce qu'il a vu en songe se réalisera inévitablement : un jour viendra où nous nous prosternerons tous devant lui !》

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Média : 

J'ai un peu galéré pour trouver une image adéquate de la coupe d'or qui sert à mesurer le blé. Du coup, l'image, trouvé sur Pinterest, n'est autre qu'un vase qui allie le style néo-égyptien mais d'origine française !

Youcef, que la paix soit sur luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant