Jeter l'encre

Galaxie mitigée

Tu es celui sur lequel j'ai le plus écrit et pourtant j'ai cette sensation constante que je ne m'exprimerai jamais assez à ton sujet. J'ai besoin que tu sortes de moi mais tu t'es enraciné tellement profond que même si je vomissais mes entrailles tu continuerais de vivre en moi. Tu me ronges en te démultipliant comme les cellules d'un cancer qui se noircit dans le silence. Comme un poison inaltérable, tu me plies en mille morceaux. Mais tu ne me tues pas. Au contraire: j'ai pensé à me venger tu sais et c'est le seul moyen que j'ai trouvé, vivre.
Vivre sans toi, m'affranchir de toi. Vivre pour moi. Garder chaque bouchée d'air pour moi sans te faire ce bouche à bouche constant pour te maintenir conscient.
Tu étais cette épine qui avait fait son chemin dans mon cœur. Je me souviens de ce jour où tu rayonnais. Je me suis approchée, je n'avais pas encore réalisé que tu n'étais qu'une illusion, que tu n'étais qu'un sublime mirage. C'est ce jour là, en essayant de te cueillir délicatement, succombant à ton charme mensonger que l'aiguille du temps s'est enraciné en moi. Le monde s'est mis sur pause tandis que cette épine sans couleur avait terni mes états d'âme. Tu t'es emparé de l'aile ouest de mon cœur. L'aile interdite. Celle qui, à présent, me fait voler de travers. Je perds pieds, je suis voltigeuse de nature et tu m'as donné le vertige. Le fil conducteur se brise car tu n'es plus là, au bout du fil. Le téléphone est vide de toi, ta voix, tes intonations, ton ton, tes respirations, tes larmes, tes cris, tes hurlements, tes tempêtes, tes excuses... Le téléphone pleure, la boîte de messagerie s'appitoie, elle s'ennuie, le clavier s'enfonce tout seul car il rouille sous mes larmes. Tu étais le paradoxe d'une infinité de réalités différentes. Tu étais lunatique mais tu demeurais mon soleil brumeux.Tu pleuvais chaque jour demeurant les mers d'une planète sans nom, dans cette galaxie mitigée que tu étais.