Chapitre 2

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Pascal suivit donc Cassandre dans le bureau du médecin.

Le praticien les invita à s'asseoir et présenta sans réel ménagement les derniers résultats des examens que Cassandre avait subis. Il venait de prononcer le mot tant redouté  : "cancer"! Le choc avait été brutal pour Pascal qui ne s'attendait vraiment pas à ça. Il se ressaisit rapidement en se disant que si c'était un choc pour lui, il devait être bien pire pour Florence. Il se tourna vers elle. Elle avait baissé la tête et s'était tournée légèrement sur le côté pour se cacher de Pascal. Mais il ne lui échappa pas qu'elle s'était littéralement décomposée... Il eut l'impression qu'un étau lui enserrait le coeur. Voir une telle détresse chez Florence lui était insupportable. Il tendit la main pour la poser sur celle de Florence et la pressa doucement. Le médecin s'était tu - à peine quelques secondes probablement mais qui parurent durer une éternité...- pour leur laisser encaisser la nouvelle, avant d'enchainer. Le cancer était à un stade précoce, ce qui était une bonne chose.

- est-ce ....est-ce que vous allez devoir....

Les mots restèrent coincés dans la gorge de Florence. Pascal regarda Florence puis le médecin avec inquiétude. Celui-ci, devinant l'interrogation de sa patiente, répondit:

- pour l'instant, l'opération ne semble pas nécessaire. Mais vous n'allez pas pouvoir échapper à de la chimiothérapie.

Florence déglutit avec peine, elle avait l'impression de tomber dans un puits sans fonds et de s'y enfoncer un peu plus à chaque nouvelle annonce du médecin.

- de la chimio...thérapie...? elle posa une main devant sa bouche pour s'empêcher de hurler. Elle essayait de retenir ses larmes depuis un moment, mais là ce fut trop pour elle et elle craqua. Pascal était perdu, il ne savait pas quoi faire ou dire. Y avait-il seulement quelque chose qui puisse apaiser son amie à cet instant? Il caressa doucement sa main, se racla la gorge pour reprendre contenance et prit la parole :

- comment ça va se passer?

Le médecin le regarda puis s'adressa à Florence :

- le traitement se déroulera en quatre séances, espacées d'une semaine chacune. Une semaine après la quatrième séance, nous referons des examens. Et selon les résultats, nous aviserons.

Florence hocha la tête. Elle essaya d'ouvrir la bouche, ses lèvres remuèrent mais aucun son n'en sortit. Alors, Pascal reprit l'initiative:

- est-ce qu'elle sera en mesure de continuer à travailler?

Florence tourna brusquement la tête vers lui et d'un air offusqué :

- quoi? Mais bien sûr que je vais continuer à travailler! Et à l'attention du médecin, d'un ton beaucoup plus incertain : n'est ce pas, docteur?

Il regarda le dossier qu'il avait sous les yeux avant de répondre :

- le traitement est éprouvant et chacun y réagit différemment. Il n'y a pas de contre-indication a priori à poursuivre une activité si votre état le permet. Mais je vois que vous êtes commissaire de police, je ne suis pas sûr que vous soyez capable d'assurer pleinement vos fonctions.

- je ne peux pas arrêter de travailler. ... son ton était devenu presque suppliant.

Pascal sentit le terrain glissant et ramena la conversation sur le domaine médical :

- et pour ces séances, ça se passe comment?

- le traitement est administré par perfusion, pendant 1h30. J'ai d'ores et déjà réservé les créneaux, il restait une place disponible à 17h. Les séances suivantes aux mêmes jours et même horaire.

Florence regarda sa montre.

- 17h? aujourd'hui? dans 15 minutes? la voix de Florence était suraigüe, elle avait presque crié, envahie par la panique. Puis sa voix se brisa : Non...

Le coeur de Pascal s'était serré un peu plus, sous l'effet conjugué de l'annonce du médecin et de la réaction de Florence.

- et concrètement? il y a des effets secondaires, je suppose?

- je ne veux pas perdre mes cheveux...gémit Florence.

- rassurez-vous sur ce point. Le traitement prévu ne provoque pas la chute des cheveux. Par contre, il est évident que c'est éprouvant pour l'organisme. À l'issue de la séance, vous allez ressentir une grande fatigue. Et il est très probable, que vous soyez prise de fortes nausées dans les heures qui suivront. Je vais vous prescrire un traitement pour essayer de les atténuer, mais elles restent néanmoins souvent violentes. Mieux vaut que vous ne soyez pas seule à l'issue de la séance.

Florence lança spontanément un regard interrogateur en direction de Pascal.

- je suis là, je ne vous laisse pas. Et il serra la main de Florence. Elle essaya de lui répondre par un sourire, en vain. Ses lèvres se remirent à trembler.

Le médecin se leva :

- il faut y aller. Je vous y conduit.

Florence se leva péniblement, Pascal lui emboita le pas puis se remit à sa hauteur et posa une main délicatement dans son dos pour la soutenir dans cette épreuve. Elle avait l'impression de se diriger tout droit vers l'échafaud... En arrivant devant l'entrée de la salle, le médecin leur indiqua que seuls les patients étaient admis dans cette pièce. Il y avait une salle d'attente un peu plus loin dans le couloir, mais il pouvait très bien ne revenir que dans 1h30. Pascal prit les deux mains de Florence entre les siennes, et les porta à ses lèvres pour y déposer un baiser.

- je suis avec vous, Florence....puis il la laissa pénétrer à regret dans cette maudite salle.

Il resta un moment interdit, sonné par tout ce qui venait de se produire. Puis il déambula machinalement dans le couloir, jusqu'à ce qu'il tombe sur une infirmière qui, le voyant perdu, lui demanda ce qu'il cherchait.

- euh...la sortie, s'il vous plait? Il avait besoin de prendre l'air.

Lorsqu'il arriva sur le parking, il sortit son paquet de cigarettes de sa poche, son briquet, et s'en grilla une.

Il expira longuement la première bouffée. Il regarda autour de lui. Rien n'avait changé, et pourtant... Il regarda sa montre. Il y avait encore 2 heures, ils étaient au commissariat. Comme si de rien n'était. Ou presque. Et maintenant...

Pascal se dit qu'il devait se ressaisir. Il n'avait pas le droit de se laisser aller à des idées noires. Il devait se reprendre. Pour Florence....Elle allait avoir besoin de son soutien. De celui de tout son entourage. Elle allait devoir l'annoncer à Jules. Il préférait ne pas y penser pour l'instant.

Il avait à peine fini sa cigarette qu'il en sortit une deuxième et l'alluma.

Il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Il réalisa alors que ce n'était pas la première fois, mais il n'y avait pas vraiment prêté attention à l'hôpital et l'avait totalement oublié depuis qu'il en était sorti, abasourdi par les mauvaises nouvelles. Il sortit son portable. C'était Nicky. Elle avait essayé de l'appeler plusieurs fois après son départ précipité du commissariat. Elle venait de lui envoyer un texto, elle commençait à s'inquiéter. Il ne pouvait pas lui parler maintenant. Il ne pouvait rien lui dire, pas avant d'en avoir discuté avec Florence. Alors il lui envoya un message laconique. Je t'expliquerai. Bonne soirée. A demain.


Cassandre & Roche : faire face ensemble!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant