Chapitre 3

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Il remit son téléphone dans la poche de son jean puis regarda sa montre. Il allait falloir y retourner. Il jeta un dernier coup d'oeil au parking puis se dirigea vers l'entrée de l'hôpital et refit le chemin en sens inverse pour gagner la salle d'attente que le médecin lui avait indiquée. Au passage, il se signala au bureau des infirmières pour qu'on le prévienne lorsqu'il pourrait voir Florence. Au bout de longues minutes, une infirmière vint le chercher. Elle lui expliqua brièvement les effets secondaires que pourrait avoir le traitement, lui confia les anti-nauséeux prescrits par le médecin, puis ils se dirigèrent vers la salle de chimio. L'appréhension de Pascal montait d'un cran à chaque pas qu'il faisait en direction de la salle de chimiothérapie. Il fut un peu rassuré lorsqu'il arriva dans l'embrasure de la porte. Florence était en train de se lever. Il s'approcha d'elle et lui demanda comment elle se sentait. Elle eut une esquisse de sourire :

- ça va. Un peu fatiguée, mais ça va...

Il poussa un soupir de soulagement et sourit en retour :

- venez, je vous ramène chez vous.

Elle approuva d'un signe de tête. Il posa une main dans le dos de Florence et la guida vers la sortie. Une fois dehors, il se tourna vers elle :

-vous êtes garée où?

Elle dut réfléchir un petit moment pour se souvenir. ça semblait tellement lointain... et ça faisait pourtant à peine trois heures... Trois petites heures, trois si longues heures...

Pascal eut l'impression de deviner les pensées de Florence. Lui-même ne s'attendait évidemment pas à se retrouver dans cette situation en déboulant ici. Sinon, il ne serait clairement pas venu à moto! Il reviendrait la chercher le lendemain. Elle pouvait bien passer la nuit sur ce foutu parking! Pascal, lui-même perdu dans ses pensées, laissa à Florence le temps dont elle avait besoin.

Elle finit par lui indiquer la direction de l'emplacement. Il tendit les mains et lui demanda ses clés de voiture.

Le trajet se fit dans un silence pesant. Pascal ne savait pas quoi dire et Florence était en fait plus fatiguée que ce qu'elle avait bien voulu laissé paraître.

Une fois arrivés devant le chalet de Florence, Pascal sortit rapidement et contourna la voiture pour ouvrir la portière côté passager. Florence sortit lentement. En se dirigeant vers l'entrée, les enjambées de Pascal étaient trop grandes pour Florence. Il s'aperçut qu'elle avait du mal à le suivre et raccourcit plusieurs fois son pas. Devant la porte, il ressortit le trousseau de clés de Florence qu'il avait gardé dans sa poche, le montra à Florence :

- c'est laquelle? Elle lui indiqua la bonne, il ouvrit et laissa entrer Florence avant de pénétrer à son tour dans le vestibule. Il aida Florence à se débarrasser de sa veste, l'accrocha à une patère et fit de même avec la sienne.

Ils se dirigeaient vers le salon lorsque Florence changea brusquement de trajectoire. Pascal n'eut que le temps d'apercevoir le teint devenu livide de Florence, qui se précipitait vers les toilettes. Quelques secondes plus tard, il entendit le bruit caractéristique d'un vomissement. Pascal était resté sur place, hésitant. Il n'allait tout de même pas la suivre jusqu'aux toilettes...Il se souvint soudain des anti-nauséeux dans la poche de son blouson. Il alla chercher la boite, l'ouvrit fébrilement, en extirpa la notice et la parcourut rapidement. Il se dirigea vers la cuisine, attrapa un verre posé dans l'égouttoir à côté de l'évier et le remplit d'eau. Puis il alla trouver Florence aux toilettes. Il lui tendit un comprimé qu'elle avala et fit passer avec le verre d'eau. Mais déjà la nausée la reprenait et elle vomit à nouveau, le comprimé avec...

Pascal était retourné à la cuisine pour poser le verre lorsqu'il entendit Florence. Les bruits qui lui parvenaient des toilettes n'avaient rien de rassurants et ne semblaient pas près de s'arrêter. Au bout de longues minutes, il finit par se décider à aller voir ce qui se passait. Il trouva Florence par terre, à genoux devant la cuvette des toilettes. Un nouveau haut-le-coeur la fit se pencher en avant. Cette vision désempara Pascal.

Il hésita, ne sachant pas quelle conduite adopter. L'infirmière de l'hôpital ayant donné le numéro du service et lui ayant dit qu'ils pouvaient appeler en cas de problème, Pascal sortit son téléphone, la carte laissée par l'infirmière et composa le numéro. Il expliqua la situation. L'infirmière écouta, attentive. C'était malheureusement fréquent, il n'y avait pas vraiment d'autre solution qu'attendre que les nausées se calment. Il fallait éviter que la patiente se déshydrate. Si la situation ne s'était pas améliorée d'ici 24 heures, qu'il n'hésite pas à rappeler. 24 heures? Pascal était terrifié! Il remercia l'infirmière et raccrocha.

Il retourna voir Florence. Elle était toujours dans la même position. Devait-il la laisser? Non, il ne pouvait pas... Il s'approcha, se pencha au-dessus d'elle, écarta les mèches de cheveux qui pendaient devant son visage et la gênaient pour les ramener derrière ses épaules. Quand Cassandre put reprendre un peu son souffle, elle murmura un merci à peine audible. Alors, Pascal décida de rester auprès d'elle. Il s'assit par terre, juste derrière elle. Il se rapprocha encore un peu, et posa ses mains sur les avants-bras de Florence. Elle n'eut pas le temps de réagir à son geste, un nouveau haut-le-coeur l'en empêcha.

Le temps passa, les heures s'étirèrent. Florence était épuisée. Pascal se sentait totalement impuissant. Quand elle ne vomissait pas, elle gémissait. Ce qui déchirait le coeur de Pascal. Elle se mit à trembler. Pascal prit la main de Florence dans la sienne, elle était gelée.

- vous êtes frigorifiée... je vais vous chercher quelque chose pour vous réchauffer.

- non....

- non? mais vous tremblez, Florence!

- me laissez pas....

- j'en ai pas pour longtemps. Dites-moi où je peux trouver un gilet, une couverture... Comme ça, je reviendrai plus vite.

- il y a ... un plaid.... sur le fauteuil... dans ma chambre....

-d'accord, je reviens.

Il se leva promptement, gagna la chambre -pas difficile à trouver- à grandes enjambées. Il vit tout de suite le fauteuil et s'empara du plaid. En d'autres circonstances, il aurait probablement marqué un temps d'arrêt pour observer cette pièce, ultime refuge de l'intimité de Cassandre. Mais là, l'idée ne l'effleura même pas. Il était concentré sur son objectif, le plaid. En sortant, il remarqua une pince à cheveux posée sur la commode à côté de la porte.  Il la prit au passage, la mit dans sa poche et revint vers Florence immédiatement. Il déposa le plaid sur ses épaules et l'emmitoufla en prenant soin de replier les coins pour qu'elle ne les salisse pas. Puis il la frictionna pour essayer de la réchauffer plus vite. Quand Pascal voulut se rasseoir, il sentit la pince dans la poche de son pantalon. Il la sortit et entreprit d'attacher les mèches qui risquaient de la gêner. Il passa ses mains à l'avant du visage de Florence, saisit quelques cheveux qu'il ne put s'empêcher de caresser au passage, et essaya de les attacher. Pas si facile... Il dut s'y reprendre à deux fois pour arriver au résultat escompté, et encore...

Florence se laissait faire. Elle appréciait grandement toutes ces petites attentions de Pascal, même si la coiffure ne semblait clairement pas être sa spécialité. Elle en aurait souri si elle ne s'était pas sentie si mal. Elle se dit qu'il faudrait qu'elle le remercie...plus tard...là, parler lui demandait trop d'énergie.


Cassandre & Roche : faire face ensemble!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant