Chapitre 8

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Jules avait suivi Pascal tout en restant en retrait. Au bout d'une ou deux minutes, sa mère étant visiblement rassérénée, il s'était éclipsé dans sa chambre. Il en avait profité pour s'allonger un moment. Il avait besoin de souffler un peu. Il pouvait se le permettre maintenant que Pascal était là. Après un temps qui lui sembla long, il entendait toujours les bruits provenant de sa mère mais aucun provenant de Pascal. Trouvant cela étrange, il retourna voir ce qui se passait. Il trouva Florence et Pascal tels qu'il les avait laissés. Sa mère n'allait clairement pas mieux et Pascal semblait totalement impuissant, il restait là sans rien faire!

- tu lui parles même pas?!

Pascal, surpris par la voix dans son dos, se tourna à moitié. Il n'avait pas entendu Jules approcher, concentré qu'il était sur Florence.

- et tu voudrais que je lui dise quoi?

- ben je sais pas, moi! Je croyais justement que, toi, tu savais trouver les mots. Que c'était pour ça qu'elle voulait que je t'appelle. Là, il ne comprenait plus rien.

- je crois pas qu'il y ait de mots qui puissent l'apaiser...lui dire que ça va aller? Pas tout de suite, c'est évident. Et elle le sait bien. Quand ça ira mieux, c'est elle qui le sentira en premier, pas moi! Elle n'a de toute façon pas l'énergie pour se concentrer sur des paroles, encore moins y répondre. Tu vois pas qu'elle lutte de toutes ses forces rien que pour ne pas s'effondrer?

Même s'ils parlaient à voix basse, Jules se rendit compte  que la voix de Pascal s'était brisée sur sa dernière phrase. Florence s'en rendit compte aussi et se mit à gémir. Pascal reporta toute son attention sur elle et lui caressa doucement les bras. Il lui murmura : "Chhhhhhutttt...." et attendit qu'elle se calme puis se retourna vers Jules :

- on la fatigue inutilement, en parlant! Elle a pas besoin de mots. Ce dont elle a besoin, c'est d'une présence, de se sentir entourée, de se sentir soutenue si elle vacille. Qu'on la relève si elle tombe.

Florence avait écouté les yeux fermés. C'est pour ça, qu'elle avait tant besoin de Pascal. Parce que lui la comprenait, il sentait ce dont elle avait besoin. Elle n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit, la plupart du temps il prenait les devants. Elle se laissa aller contre lui pour lui montrer qu'elle approuvait tout ce qu'il venait de dire. Il comprendrait...

Même Jules avait compris. Lui avait eu tout faux en voulant bien faire. Devant son air penaud, Pascal le rassura et ajouta :

- si tu veux te rendre utile, va chercher de quoi lui attacher les cheveux.

Jules, étonné, resta les bras ballants. Pascal lui fit un grand geste du bras pour lui signifier de déguerpir, alors Jules s'exécuta. Il revint un moment plus tard avec un élastique, qu'il tendit à Pascal.

Pascal attrapa les cheveux de Florence, qui se retourna en lui jetant un regard un peu inquiet. Etant données ses performances avec une pince la semaine précédente, elle redoutait que l'épreuve de l'élastique ne ressemble à une séance de torture. Pascal lui fit un clin d'oeil. Il avait l'air sûr de lui, elle se laissa faire. Et fut agréablement surprise... Quand il eut fini, Florence se retourna à nouveau et il eut droit à un faible sourire. Jules s'étonna :

- maman m'avait parlé de la pince...t'as pris des cours de coiffure, ou quoi?

- oui, figure-toi! J'ai passé ma soirée avec une jolie blonde! La queue de cheval de Cassandre gifla le visage de Pascal quand elle se retourna d'un coup sec. Quoi, elle était à l'agonie (ou presque...) et lui passait sa soirée en compagnie d'une belle blonde, et il s'en vantait en plus! Tandis que Florence le fusillait du regard, Jules remarqua :

- ah ben, y en a un au moins qui a passé une bonne soirée!

Pascal se rendant compte que sa plaisanterie avait dégénéré les rassura :

- eh! on se calme! non, je n'ai pas passé une bonne soirée! Son visage s'assombrit, attristant Florence plus que ça ne la rassurait, en fait. J'étais avec Lily. Je voulais pas rester tout seul...avoua-t-il sobrement. Et oui, j'en ai profité pour lui demander un petit cours de coiffure, puisque vous m'aviez fait remarquer que j'étais pas doué, finit-il en s'adressant à Florence avec un petit sourire malicieux.

Puis Pascal dit à Jules qu'il ferait bien d'aller se reposer un peu pour pouvoir prendre le relais quand lui-même devrait retourner travailler.

-tu peux mettre ton réveil vers 7h ? Tu me réveilleras et veilleras sur ta mère?

Jules acquiesça et s'en retourna dans sa chambre. Pascal resta ainsi seul avec Florence et l'entoura de ses bras bienveillants. Un peu plus tard, alors que les nausées s'étaient estompées et que le silence s'était à nouveau installé, un faible : "canapé?" le rompit.

Pascal s'assura qu'il avait bien compris :

- vous voulez aller vous asseoir sur le canapé?

Pour toute réponse, Cassandre hocha faiblement la tête.

- d'accord. Pascal se leva, passa ses bras sous ceux de Florence pour l'aider à se relever à son tour, et la soutint en direction du canapé. Une fois Florence installée, Pascal s'assit à côté. Un peu trop loin au goût de Florence, qui tendit la main. Pascal ne comprit pas tout de suite. Il saisit la main qu'elle lui tendait et la caressa de l'index. Florence retira sa main pour la poser sur le bras de Pascal, qu'elle tira vers elle. Pascal la regarda en souriant : il venait de saisir et se rapprocha d'elle. Elle posa alors sa tête sur l'épaule de Pascal. Il l'écarta doucement pour passer son bras derrière elle et lui offrir une position plus confortable. Elle releva la tête vers lui, les yeux emplis de gratitude, qu'elle ferma ensuite en soupirant. Florence, épuisée, s'endormit quasi-instantanément, dans les bras de son vaillant capitaine. Pascal ne voyait pas le visage de Florence, mais il sentit sa respiration ralentir et devina qu'elle s'était endormie. Alors seulement, il se détendit un peu et finit par sombrer dans le sommeil à son tour.

Comme convenu, Jules se leva et se chargea de réveiller Pascal. Celui-ci tenait toujours Florence enlacée, sur le canapé. Jules avait des scrupules à le réveiller en les voyant ainsi, ils avaient bien mérité un peu de repos. Il secoua doucement l'épaule de Pascal, qui émergea. Il l'aida à se dégager doucement  pour essayer de ne pas réveiller Florence. Puis dans un murmure, Pascal demanda :

- tu me donnes des nouvelles quand elle se réveille, hein?

-j'espère qu'elle pourra le faire elle-même.

-moi aussi, mais au cas où...

-promis.

Sur ce, Pascal partit en silence. Il repassa chez lui pour prendre une douche, se changer et avaler un petit déjeuner rapide avant de repartir travailler.

En arrivant au commissariat, tout le monde lui demanda des nouvelles de Florence. Il résuma très brièvement la situation puis les policiers se concentrèrent sur leurs taches respectives.


Cassandre & Roche : faire face ensemble!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant