Mitsuri x Obanai

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(Âmes sensibles, ce chapitre n'est peut-être pas pour vous)
Bonne lecture

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Mitsuri resserra tant bien que mal sa veste sur sa poitrine et jeta un regard autour d'elle. Le train filait à toute allure, le paysage dehors faisait de longs traits de couleur vert, marrons, gris, et le ciel, déjà sombre, s'endormait lentement.
Il était vingt-et-une heures, Mitsuri rentrait de son université. Elle était épuisée, sa journée de cour avait été bien remplie. Elle n'avait qu'une envie, c'était de rentrer chez elle et de se laisser tomber dans son lit pour s'endormir immédiatement.
Mitsuri s'accrocha à la barre du métro et regarde l'intérieur du train. À cette heure là, il était remplis d'étudiants, mais aussi de femmes et d'hommes âgés qui rentraient du travail. Quelques- uns lisaient un livre, d'autres jouaient sur leur portable, d'autres continuaient de travailler sur leur ordinateur, et d'autres étaient plongés dans leur musique. C'était le cas de Mitsuri.
Ses écouteurs étaient plongés dans ses oreilles, elle essayait de s'enfermer dans son monde pour se détendre un peu, et oublier cette journée éreintante. Elle n'était pas du genre asocial, c'était tout le contraire, mais le soir, particulièrement lorsqu'elle comprenait le métro et que la nuit tombait, elle n'avait plus d'énergie et avait besoin de se retrouver avec elle même .

La jeune femme sortit de sa transe en entendant qu'on l'appelait. Elle enleva un écouteur, tandis que son amie Shinobu portait son attention sur leur ami.
— Le gars là-bas il vous regarde, vous le connaissez, demande Rengoku en désignant discrètement du menton un jeune homme au fond du wagon.
Mitsuri tourna la tête vers le jeune homme en question. Elle ne le reconnaissait pas.
- Non.
— Je ne sais pas qui c'est, dit simplement Shinobu.
Shinobu reporta son attention sur les mains de Tomioka qu'elle tenait contre son ventre. Elle était blottie dans ses bras, dos à lui, et Rengoku se comprenait près d'eux. Mitsuri sourit discrètement. C'était grâce à elle que sa meilleure amie sortait enfin avec Tomioka.
Mitsuri avait toujours eu un talent pour voir qui aimait qui, et elle avait tout de suite vu que sa meilleure amie était amoureuse du garçon le plus silencieux de la classe. Ne pouvant pas résister, elle s'était immédiatement mêlée de ça et elle leur avait organisé des dizaines de rendez-vous cachés. Elle les avait fait se retrouver à la bibliothèque, au café, elle avait abandonné Shinobu pour que Tomioka la récupère, elle lui avait laissé sa place en cours, elle l'avait laissé avec son amie. Et aujourd'hui, Shinobu était très heureuse grâce à Mitsuri.
   Mitsuri avait toujours aimé faire ça, former des couples. Qu'y avait-il de plus beau que l'amour ? Rien ! L'amour c'était de se sentir comblé, être heureux rien qu'en pensant à une personne, sentir son cœur s'emballer à chaque croisement de regard, laisser des papillons naître dans son ventre, se faire consommateur par un désir brûlant. Mais l'amour, c'était aussi les contacts. Prendre la personne qu'on aime dans ses bras, la serrer comme pour ne faire qu'un avec elle, l'embrasser avec passion, enfouir sa main dans ses cheveux, le caresser avec délicatesse. Pour Mitsuri, l'amour c'était tellement de choses, mais au final, ça n'en revenait qu'à une seule. L'amour c'était vivre.
   Shinobu n'avait jamais été aussi heureuse depuis qu'elle était avec Tomioka. Même Rengoku, qui était seul, avait rencontré quelqu'un et il rayonnait. Mitsuri aimait tellement voir ses amis comme ça. Même si elle n'avait pas encore rencontré l'amour de sa vie (elle croyait dur comme fer à ce genre de chose. Pour elle tout le monde avait une âme sœur, tout le monde aurait frappé un jour d'un coup de foudre , ça ne pouvait pas se passer autrement) Mitsuri était très heureuse.
   Mitsuri regarde la nuit dehors et sourit. Elle aimerait bien trouver un amoureux comme Shinobu. Elle voulait savoir ce que ça faisait d'être aimer et désirer. Et s'endormir dans les bras de quelqu'un, lui tenir la main. La jeune femme n'avait jamais eu de relation, sauf lors de sa plus tendre enfance, mais pouvait-on vraiment qualifier cela de relation ? Pas sûr.
   Elle ne voulait pas faire ses premières fois avec n'importe qui, l'amour était quelque chose de précieux, de fragile, il ne fallait pas prendre ça à la légère.
   Mitsuri avait cherché quelqu'un, mais dans son université personne ne l'intéressait. Elle présentait que tous les garçons se ressemblaient, aucun ne sortait du lot et ils n'avaient rien d'intéressant. Les seules perles rares étaient Tomioka et Rengoku, mais elles étaient ses amis.
Ce n'est pas grave, l'amour de ma vie apparaîtra quand le destin le décidera !
   — C'est notre arrêt, dit soudain Rengoku.
   Mitsuri sort de sa rêverie. En effet, le train s'était arrêté et les portes étaient en train de s'ouvrir.
   — Ah oui, dit Shinobu.
   Elle se tourne et dépose un baiser sur les lèvres de Tomioka, avant d'embrasser Mitsuri sur la joue.
   — À demain, dit-elle avec un doux sourire.
   Shinobu et Rengoku sortirent en leur faisant un signe de la main et le train redémarra. Mitsuri et Tomioka devaient encore faire deux arrêts ensemble, puis Tomioka descendrait du train et Mitsuri finirait le trajet seule.
— Alooors, a commencé Mitsuri, t'es au courant que le bal de Noel arrive ?
— Oui, surtout qu'il y a des affiches du bal affichés partout dans l'université, répondit Tomioka.
— Donc...
Mitsuri s'agrippa à la barre du train et se pencha en arrière pour se rapprocher de Tomioka.
— Tu vas inviter Shinobu hein, demande-t-elle avec excitation.
Tomioka rougit légèrement et détourne le regard avec gêne.
— Je ne sais pas, je n'aime pas trop les bals...
— C'est le moment ou jamais pourtant ! Shinobu adore les bals, elle trouve ça trop cool et très romantique ! Emmènes-la ça lui fera plaisir, assura Mitsuri.
— Je ne veux pas qu'elle ait honte de moi, dit Tomioka.
— Pourquoi elle aurait honte ?
— Parce que les autres garçons de l'université sont très différents de moi. Ils sont tous extravertis et tout, ils n'auront pas de problèmes à danser alors que moi si...
— Oui mais c'est toi que Shinobu aime, tu ne lui feras jamais honte, promit Mitsuri. Allez emportes-la, en plus comme ça elle pourra mettre une belle robe et te la montrer !
Tomioka réfléchit un instant puis hocha la tête.
— Je lui demanderais. Et toi, tu y vas ?
— J'ai reçu pas mal d'invitation mais pour la plupart je ne les connais pas et ils ne m'intéressent pas, certains m'ont même offert des cadeaux pour que j'y ailles avec eux, dit Mitsuri en riant. C'est mignon.
— Tu pourrais y aller avec Rengoku non ?
— Non, je pense qu'il va y aller avec le garçon qu'il a rencontré, dit Mitsuri d'un air pensif. Ça ne fait rien, je peux y aller seule.
— De toute façon je pense que Shinobu ne va pas te laisser toute seule, assura Tomioka. La connaissant elle va te faire une liste de candidats.
— Haha c'est possible !
Oui, Shinobu était vraiment du genre à faire ça, et Mitsuri ne trouva jamais quelqu'un avec qui elle s'entendait. Elle savait que ça partait d'une bonne attention, mais Shinobu lui avait toujours présenté des... spécimens rares. Où pouvait-elle bien les trouver ?! Il y avait tant que ça de garçons étranges ? Mais d'un autre côté, elle avait vraiment envie d'avoir un cavalier.
— Dis Tom- oh pardon, dit Mitsuri alors qu'un jeune homme la bousculait.
— Pas de problème, répondu le jeune homme avec un grand sourire.
Légèrement déconcertée, Mitsuri lui rendit un petit sourire et retourna près de Tomioka.
— Dis tu n'aurais personne à me présenter, demanda Mitsuri à voix basse.
— Hmm... Sanemi, il est avec moi en éco, répondit Tomioka. Il aime bien sortir avec des filles.
— Je vois qui c'est mais ce n'est pas trop mon style. Un peu trop surexcité.
— Tu connais Tokito ?
— Non je ne crois pas.
— C'est un garçon qui a des cheveux noirs longs avec des pointes bleues.
— Ça m'a dit quelque chose.
— Il est plus discret que Sanemi, et il est plutôt gentil, dit simplement Tomioka.
— Hmm je vois...
— Je ne connais pas beaucoup de personne désolé. Je connais bien trois garçons plutôt... cool, mais ils sont plus jeunes donc...
— Ce n'est pas grave, dit Mitsuri en haussant les épaules.
Mitsuri se tut et regarde autour d'elle. Le wagon était toujours rempli. La plupart des étudiants présents avaient le même uniforme qu'elle, ils devaient donc être dans son université. Combien d'entre eux iraient au bal ? Et surtout, combien d'entre eux avaient déjà une cavalière ? Probablement tous. Mitsuri était la seule à n'avoir personne. Pourtant elle avait reçu tellement de demande...
Mitsuri avait une certaine popularité auprès des garçons, mais ce n'était sûrement pas à cause de son caractère. Ils étaient tous fournis uniquement par son physique. Mitsuri afficha une moue boudeuse et baissa les yeux sur sa poitrine. Son uniforme était trop petit et trop serré à ce niveau là, alors elle était obligée de le déboutonner et de laisser une partie de sa poitrine apparente.
Ça lui avait valut de nombreuse remarque de la part des professeurs, mais aussi de nombreux regards de la part des garçons. C'était assez agaçant. Mitsuri croise ses bras sur sa poitrine et relève les yeux. La jeune femme remarqua alors que le jeune homme qui l'avait bousculé la regardait. Mitsuri se sentie déstabiliser et se rapproche par réflexe de Tomioka. Le jeune homme lui fit un sourire rassurant mais ne détourna pas le regard.
— Tomioka y'a un gars qui me fixe, murmura discrètement Mitsuri.
Tomioka tourna la tête vers le garçon en question sans aucune discrétion et le fixa à son tour.
— Il est dans notre université, il a notre uniforme, remarque Tomioka à voix basse. C'est peut-être un de ceux qui t'ont demandé de venir avec eux pour le bal.

— C'est possible. Mon arrêt arrive, tu veux que je reste avec toi ?
Mitsuri réfléchit un instant. Ce jeune homme n'avait pas l'air de lui vouloir du mal. Il avait peut-être juste envie de lui parler parce qu'elle était belle ?
— Non ne t'inquiète pas, assura Mitsuri. On se voit demain.
— Ok, à demain, dit Tomioka alors que le train s'arrêtait.
Il fit un hochement de tête à Mitsuri et sortit rapidement du train. Mitsuri le regarda partir, puis le train recommença à filer dans la nuit.
Mitsuri tourna la tête vers la vitre contre laquelle elle était à présent adossée et regarda la nuit défiler. Le ciel était totalement sombre à présent. Des étoiles brillaient faiblement et les lampadaires qui longeaient la voie de fer semblaient former des boules de lumière qui flottaient dans l'obscurité. Tokyo était beau à voir la nuit.
Mitsuri sentit soudain une présence sur sa droite et remarqua que le garçon qui l'a regardé était venu près d'elle.
Ah super.
Mitsuri fit comme si elle n'avait rien remarqué et se décala habilement près du dossier du siège le plus proche. Malheureusement pour elle, le jeune homme se décala à son tour, il se colla même à elle.
J'aurais dû demander à Tomioka de rester.
Voilà pourquoi Mitsuri déteste rentrer seule le soir. Il fallait toujours qu'il y ait quelqu'un pour la coller.
Agacée, la jeune femme se détache de la vitre et revient près de la barre du métro.
Évidemment c'était trop simple...
Le garçon la rejoignit et profita de l'excuse de la foule pour se coller au dos de Mitsuri. Elle se paralysa sans savoir quoi faire. Elle regarde les personnes autour d'elle, mais personne ne semble vouloir venir l'aider. Son regard croisa celui d'une femme plus âgée. Elle lui lança un SOS silencieux mais la femme lui répondit avec une hausse des sourcils, avant de se détourner d'elle. « Vu ta tenue faut pas t'étonner ». Mitsuri avait coupé le droit à ce regard bien plus d'une fois.
Le train fit soudain un accoups et Mitsuri manqua de tomber. Malheureusement, le garçon qui se livre toujours derrière elle l'a retint par les hanches et en profita pour la serrer contre lui.
Mitsuri sentit des sueurs froides l'envahir et elle ne réussit plus à bouger. Elle avait envie de lui hurler de la lâcher, de ne plus jamais poser les mains sur elle, ni même son regard, mais Mitsuri ne dit rien. Elle était paralysée et personne ne venait l'aider.
Le garçon en profita et ressera un peu plus son étreinte. Il passe sa main sous sa chemise et caresse son ventre. Son autre main vint glisser sa main sous sa jupe. Mitsuri avait envie de pleurer.
Le train s'arrêta. Mitsuri n'avait même pas remarqué qu'elle était arrivée à son arrêt. Mitsuri remercia tous les dieux de la terre et se précipita hors du train. Elle passe les portillons de la gare à toute vitesse et court hors de la gare. Elle n'avait aucune idée d'où elle allaitait, mais elle voulait juste s'éloigner le plus vite possible de ce garçon.
Mitsuri ne regarde derrière qu'au bout d'une dizaine de minutes. Elle était à présent dans une grande allée, qui était presque déserte à cette heure là. C'était une allée commerçante, les boutiques étaient toutes fermées mais les restaurants étaient ouverts et on pouvait voir des personnes dîner à l'intérieur.
Mitsuri se retourne en croisant les doigts et regarde derrière elle. Elle faillit exploser en sanglot sur le moment. Il était toujours là.
Je vais mourir ! Je vais me faire violer et tuer et laisser pour morte sous un pont de la ville !
Pourquoi fallait-il que ça lui arrive à elle ? Pourquoi ce garçon s'obstine ? Pourquoi son uniforme devait-il être si petit ? Pourquoi devait-elle avoir un physique si avantageux ?
Mitsuri se détourna du garçon et se mit à avancer rapidement. Elle ne remarque même pas que ses chaussures s'enfonçaient dans la neige qui couvrait le sol, que des flocons tombaient du ciel et se déposaient sur ses cheveux et sa peau nue. Elle avançait juste devant les quelques passants, son corps tremblait de froid et de peur, et différents scénarios de sa future mort défilaient dans son esprit.
Elle s'attendait à tout moment à sentir un bras l'attraper, un corps se coller au sien. Dans un moment de lucidité, Mitsuri saisit son téléphone et tente d'appeler Shinobu mais elle ne décrocha pas. Tout comme Rengoku et Tomioka. Désemparée, Mitsuri abandonna, ne sachant pas quoi faire d'autre. Elle avait beau accélérer, jeter des regards suppliants aux passants, ça ne changeait rien à la situation.
— Mitsuri !!!!!!
Mitsuri sursauta si violemment qu'elle glisse sur la neige et de s'écrasa au sol. Elle clignait des yeux et vit un garçon foncer à toute allure vers elle.
En voilà un deuxième ! Je vais l'ouvrir ! Je vais mourir !
— Ça fait une heure que j'attends bébé t'aurais pu prévenir, dit le garçon en courant vers elle.
Il est venu de l'appeler bébé ? Mitsuri n'avait absolument aucune idée de qui il était ! Mitsuri plissa les yeux pour essayer de le reconnaître. Il était légèrement plus petit, ses cheveux noirs de différentes longueurs volaient dans l'air, ses deux yeux n'étaient pas de la même couleur, l'un vert l'autre jaune. Il portait un masque blanc sur le bas de son visage, et un kimono blanc avec des rayures noires.
   Le garçon arriva enfin devant elle, il se laissa tomber dans la neige comme si c'était de l'herbe et serra Mitsuri dans ses bras. Mitsuri ne bouge pas, cherchant vainement à comprendre la situation.
— Joues le jeu et il va partir, murmura rapidement le garçon à son oreille.
Mitsuri comprit aussitôt. Elle serra le garçon contre elle et se sentit immédiatement soulagé. Quelqu'un est enfin venu l'aider. Les larmes qui embuaient ses yeux depuis plusieurs minutes brisèrent leur barrière et Mitsuri explosa en sanglot sans pouvoir se retenir.
Le garçon serra un peu plus Mitsuri dans ses bras tandis que celle-ci sanglotait.
— Il est parti, prévint le garçon.
— M-merci...
— C'est normal. Je m'appelle Obanai, on est dans la même fac c'est pour ça que je connais ton prénom. T'en fais pas tout va bien maintenant.
Les épaules de Mitsuri se secouèrent violemment, elle était incapable de lui répondre. Elle avait eu tellement peur, que lui serait-il arrivé si Obanai n'était pas intervenu ?
Obanai lâcha Mitsuri et s'écarta d'elle. Il ouvrit le sac qu'il portait sur ses épaules et en sortit un pull noir. Il le tendit à Mitsuri mais celle-ci ne réussit pas à le prendre. Obanai décidé alors de lui faire enfiler lui-même le pull, qui était en fait un sweat-shirt, et ramena sa capuche sur sa tête sur son visage pour le protéger.
— Sinon tu vas avoir froid, explique Obanai.
— M-merci...
— Tu veux que je t'appelle un taxi ? Ou tu veux peut-être appeler tes parents ?
— Non... en fait je ne suis pas descendue au bon arrêt... Je ne sais pas où je suis et je n'ai pas d'argent pour le taxi.
— Ah...
Mitsuri sentit de nouvelles larmes couler sur ses joues et elle fondit de nouveau en sanglot. Elle enfoui son visage dans les manches trop grandes du sweat-shirt d'Obanai.
— Mes parents sont encore au travail, ils sont dans un restaurant alors ils travaillent tard, dit Mitsuri en pleurant à chaude larme. Je ne peux pas leur demander de venir me chercher... et mes amis ne décroche pas, comment je vais faire ?
Obanai regarde autour de lui pendant un moment. Mitsuri essuyait ses joues mais à chaque fois, de nouvelles larmes procurées tomber dessus. Elle n'arrivait pas à se calmer. Elle sentait encore les mains de ce garçon sur elle, elle sentait encore son corps et son souffle dans sa nuque.
— J'habite pas loin si tu veux, fini-il par proposa-t-il avec gêne.
Mitsuri ne réussi pas à répondre mais elle secoua la tête pour dire non. Elle ne pouvait pas passer la nuit chez un inconnu, même s'il l'avait sauvé.
— Hé... calme toi, tout va bien maintenant, dit Obanai en posant sa main sur son épaule. Il t'a fait quelque chose choisi ?
   Mitsuri ne dit rien, elle ne voit rien à travers ses larmes.
   — Non rien... il m'a juste... il m'a touché et... il m'a suivit, réussit à dire Mitsuri.
   — Mais ce n'est pas rien ça Mitsuri, s'exclama Obanai. Il t'a touché où ?
   — Il m'a pris par la taille et il m'a... il s'est... il s'est frotté contre moi et il a mis ses mains sur...
   La voix de Mitsuri s'étouffa et elle ne termina pas sa phrase.
   — Viens avec moi, décidé Obanai d'un ton catégorique.
   — O-où ça ?
   — Au commissariat, il faut porter plainte, c'est hors de question que ce pervers s'en sorte.
   — Non... les policiers ne vont pas me croire, je n'ai aucune preuve... et je n'ai pas le courage... c'est rien je t'assure...
   — C'est pas rien, c'est une agression ! Si tu dis rien ce gars va recommencer avec une autre fille, la prochaine c'est peut-être une de ses amies ! Et si on a des preuves ! Ils ont qu'à prendre tes vêtements et ils trouveront l'ADN du mec dessus ! Écoute, je sais que c'est pas évident mais c'est très important tu comprends ? Je peux rester avec toi si tu veux, comme ça tu n'es pas toute seule.
   — Je ne sais pas, dit Mitsuri en reniflant.
   — C'est pas loin. Écoute on y va, et si tu veux vraiment pas le faire je te promets que je te ramène moi même en voiture chez toi, jura Obanai avec un regard rassurant.
   Après tout elle n'avait rien d'autre à faire, étant donné qu'elle ne savait pas comment rentrer. Obanai l'aida à se relever et elle finit par suivre Obanai pour qu'il la conduise au commissariat. Mitsuri garda les yeux baissés tout le long du trajet. Elle avait envie de disparaître. Elle se sentait vraiment honteuse. 
   Elle n'avait même pas été capable de se défendre. À aucun moment elle n'avait dit clairement non au garçon, c'était peut-être à cause de ça qu'il avait continué. Elle avait du lui laisser croire qu'il avait ses chances. Qu'elle était peut-être d'accord. C'était de sa faute tout ça...
   Mitsuri et Obanai arrivèrent devant le commissariat et Mitsuri se paralysa. Non, elle ne voulait vraiment pas y aller. Personne n'allait la prendre au sérieux, elle n'avait aucune preuve, vu comment elle était habillée, avec sa jupe courte et son chemisier ouvert, c'était de sa faute.
   Obanai essaya de pousser Mitsuri vers le commissariat pour la faire entrer dedans. Il lui fallut près de dix minutes avant de réussir à entrer dans le commissariat. Mitsuri avait tellement honte qu'elle n'osait même pas parler, si bien que c'est Obanai qui devait parler pour elle.
   La policière qui a accueilli leur demande d'aller patienter dans une salle d'attente avant qu'on ne vienne prendre leur déposition. La salle d'attente était bondée, une famille était regroupée près d'une fenêtre, deux jeunes hommes au visage couvert de bleus étaient près de la porte, un groupe de fille alcoolisées était affalé sur les chaises. Il n'y avait plus aucune place libre.
   Obanai prit le poignet de Mitsuri et la conduisit au fond de la salle. Il s'adossa au mur et se laissa glisser contre, entraînant Mitsuri avec lui. Mitsuri ramena ses jambes contre son torse et posa son menton sur ses genoux.
   Au bout d'un moment de silence, Mitsuri remarque qu'Obanai avait enlevé son sac de ses épaules et fouillé dedans.
   — Qu'est-ce que tu fais,
   Obanai sort une boîte de son sac et l'ouvre. Il en sort plusieurs paquets de kitkat et les tendit à Mitsuri.
   — Tu les veux ?
   — ...merci.
   Mitsuri les prit et ouvra un paquet. Les kitkats étaient au thé. Elle n'avait jamais goûté mais c'était bon. Elle coupa la moitié de la plaquette et la donna à Obanai. Obanai l'a prit et retire son masque.
   Mitsuri ne put empêcher de laisser une exclamation de surprise sortir de sa bouche.
   — Déso-
   — T'inquiètes pas j'ai l'habitude, coupa Obanai sans méchanceté.
   — Pourquoi tu es comme ça ?
   Les pièces de sa bouche étaient coupées, ce qui lui faisait comme un sourire. Deux cicatrices partaient des pièces de sa bouche pour remonter vers ses oreilles.
   — J'ai joué avec un couteau dans ma bouche quand j'étais petit, dit simplement Obanai. Ma famille a fait le reste du travail. Elle aime beaucoup les serpents.
   Mitsuri hésita entre rire nerveusement et partir en courant. Il n'était pas sérieux n'est-ce pas ?
   Obanai n'avait pas l'air de rire du tout, et il avait encore moins l'air de vouloir s'étendre sur ce sujet. Après tout, peut-être qu'il n'y avait rien de plus à dire.
   — Euh Mitsuri... je... ta jupe elle...
   Mitsuri rougit vivement. Elle avait totalement oublié qu'il avait une jupe. En pliant ses jambes contre son torse de cette façon, on devait tout voir ! Mitsuri baissa vivement les jambes et tira sa jupe sur ses cuisses.

   — Merci, dit Mitsuri avec honte.
   — C'est normal. Tu sais... je n'habite vraiment pas loin, je peux aller te chercher un pantalon chez moi si tu veux, propose Obanai. Comme ça tu seras plus à l'aise.
   — Mais... et si on vient prendre ma déposition et que n'es pas là, demanda Mitsuri d'une voix perdue.
   — Tu peux le faire toute seule ça, assura doucement Obanai.
   — ... Non j'ai besoin que tu restes avec moi, dit Mitsuri à mi-voix.
   — Alors je te promets que je serais des revenus. Je ne prendrais que quelques minutes, dit Obanai en tenté de se lever.
   Mais Mitsuri s'accrocha soudainement à son bras pour l'empêcher de se lever. Elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça, mais elle ne voulait pas qu'Obanai s'en aille. Elle allait avoir peur sans lui, même si ce n'étaient que quelques minutes.
— Mitsuri tu es au poste de police, tu ne risque rien, rassura Obanai.
— Tu vas revenir hein ?
— Évidemment.
Mitsuri regarde un pendentif Obanai un instant. Obanai lui sourit doucement. Son sourire pouvait paraître effrayant, mais Mitsuri le décrivait magnifique, et il l'a rassura immédiatement. Mitsuri lâcha le bras de Obanai et le laissa partir.
   Mitsuri entoura son torse de ses bras et remarque qu'elle tremblait de froid. Son uniforme était léger et même avec le pull et le kimono d'Obanai, elle était gelée. Il n'y avait donc pas de chauffage dans cette salle ?
   Mitsuri tira les manches du pull d'Obanai sur ses mains afin de conserver la chaleur de son corps et mis sa capuche. Le tissu était doux, là la doublure intérieure était en laine, ce qui était agréable contre la peau de Mitsuri. Une délicate odeur s'en dégageait. Une odeur d'encens, de nénuphars et de... de menthe ?
   Pour s'occuper, Mitsuri sortit son téléphone et essaya d'appeler une nouvelle fois Shinobu. Elle tombe sur sa messagerie. Shinobu devait être en train de s'occuper de sa petite sœur Kanao ou de réviser. Mitsuri a donc décidé de lui envoyer.
   Elle avait honte et n'osait pas lui dire ce qui lui était arrivé. Pourtant Shinobu était sa meilleure amie, jamais elle ne se moquerait.
   Mitsuri tapa en tremblant un message. « Je me suis faite agressée dans le train. »
   Mitsuri pria intérieurement pour que Shinobu ne voit pas ce message. Elle avait vraiment honte de sa situation. Elle voulait juste tout oublier, et disparaître.
   Les minutes passaient dans un silence mortel, personne ne parlait dans la salle, et à chaque minutes qui passait, Mitsuri se disait qu'Obanai ne reviendrait pas. Elle fixait l'heure affichée sur l'écran de son téléphone et se répétait en boucle « il m'a abandonné ».
   Elle n'avait même pas de moyen de le joindre. Elle n'avait pas son numéro, ni ses réseaux sociaux. Et aucun de ses amis ne devait le connaître. Elle ne savait même pas où Obanai habitait. D'ailleurs quel âge avait-il ? Comment la connaissait-il ? Avaient-ils un cours en commun à la fac ???
   Maintenant qu'elle y réfléchissait, Mitsuri se souvenait avoir déjà croisé Obanai à la fac. Elle était sûre de ne pas avoir de cours avec lui, mais elle l'avait souvent vu accompagné d'un garçon aux longs cheveux noirs avec des pointes bleues. Cette description lui disait quelque chose...
   Un garçon aux pointes bleues...
   Tokito !
   Tomioka lui en avait parlé dans le train ! Tomioka connaissait Tokito, alors il connaissait peut-être Obanai. Ou alors, il avait peut-être le numéro de Tokito, et celui-ci devait avoir celui d'Obanai. Il fallait qu'elle s'appelle Tomioka.
   Mais avant que Mitsuri n'ait le temps de composer le numéro de Tomioka, Obanai entra dans la salle, un sac plastique à la main. Il se dirigea immédiatement vers Mitsuri et lui tendit la main pour qu'elle se relève.
   — J'ai fait aussi vite que j'ai pu, dit Obanai sur un ton d'excuse.
   — Merci, dit Mitsuri en se maudissant pour avoir pensé qu'Obanai l'avait abandonné.
   Obanai sort du sac qu'il livre un jogging noir. Il l'emmena ensuite jusqu'au toilette pour qu'elle se change mais les toilettes étaient pleines. Et un groupe de personnes assez louches étaient entassés devant le miroir des toilettes pour essayer de désinfecter des plaies au visage.
   — Tu n'as qu'à te changer dans le couloir, dit Obanai en vérifiant qu'il soit bien désert.
   — Ici... ?
   — Oui, je tiens mon kimono devant toi au cas où, et promis je ne regarderai pas, dit Obanai en déployant son kimono devant Mitsuri.
   Mitsuri rougit légèrement et décide d'écouter Obanai. Elle se changea à la vitesse de la lumière, pendant qu'Obanai tournait la tête pour vérifier que personne n'arrivait, puis ils retournèrent dans la salle d'attente. Ils se rassirent à leur place en silence et cette fois-ci, Mitsuri put tenir ses jambes contre son torse.
   — Je suis fatiguée, murmura Mitsuri au bout d'un moment.
   — Tu peux essayer de dormir si tu veux, propose Obanai. Je te réveillerai si on vient prendre ta déposition.
   — Non je ne vais pas réussir à dormir, j'ai peur...
   — Essais toujours, tu as besoin de te reposer.
   Mitsuri ferma les yeux un instant. Ses yeux la piquaient, elle avait l'impression de ne pas avoir dormis depuis une éternité. Sa tête tombait toute seule en avant, elle n'arrivait pas à rester éveiller. Mais elle avait peur de dormir, et de se retrouver à la merci des autres et de ses rêves. Elle ne voulait pas revoir ce garçon dans ses rêves, elle ne voulait plus jamais y penser...
   Sans qu'elle ne s'en rende compte, Mitsuri laissa sa tête tombée sur l'épaule de Obanai. Ici l'odeur qu'elle avait senti sur le pull qu'elle portait encore plus forte. Elle envoûtait l'esprit de Mitsuri, qui se détendit instantanément. Elle était bien contre Obanai. Sans réfléchir, Mitsuri se recroquevilla sur elle-même et posa sa tête sur les jambes d'Obanai, ses yeux étaient fermés, contre Obanai,
   Obanai a déployé une couverture, qu'il avait ramené pour Mitsuri, sur son corps et laissa Mitsuri dormir sur lui. À vrai dire, elle n'était pas sûre de réellement dormir. Non, elle ne devait pas vraiment dormir, elle somnolait plutôt. Elle était dans un autre monde, dans une sorte de transe, mais les bruits autour d'elle lui parvenaient. Elle entendait vaguement des froissements de vêtements, des chaises grincer, des toussotements.
   Toute cette réalité lointaine avait la forme d'un rêve dans son esprit. Elle oubliait presque qu'elle était au commissariat de police, sa peur lui parut étrangère, elle se sentait ailleurs.   
   Pourtant, parmi toutes ses sensations à peine perçues, Mitsuri sentait la chaleur du corps d'Obanai sous elle. Elle sentait son parfum froid, elle sentait ses mains timidement posées sur sa capuche, elle sentait son regard sur elle. Elle les sentait plus qu'autre chose, comme si tout disparaissait autour et qu'il ne restait plus que ça. Il ne restait plus qu'Obanai, Mitsuri voulait que ça reste ainsi pour toujours.
   Parfois elle sortait de sa transe en sursaut, et alors, Obanai la caressait pour la calmer et lui murmurait des mots rassurants. Mitsuri ne s'applique pas ce qu'il disait, mais les caresses de sa main la berçait, le grain de sa voix l'envoûtait, son parfum l'enivrait.
   Elle finit peut-être par s'endormir. Elle ne le sût pas vraiment. Mitsuri ne se rend pas compte que tout autour d'elle était devenue blanc, et que seule la douceur et l'atmosphère paisible de son rêve l'entourait. Ça et Obanai, qui ne l'avait pas abandonné. Il était toujours là, Mitsuri et lui était dans la même position. Ils étaient juste là et tout était parfait. Mitsuri était apaisée, elle se sentait protéger.
   — Mitsuri ! Mitsuri ! Mitsuri réveille toi !
   Mitsuri papillonna des yeux. Elle revint à la réalité et ses yeux se mirent à pleurer sous là soudaine lumière qui illuminait la pièce.
   — Mitsuri !
   Mitsuri se rendit soudain compte que la personne qui l'appelait depuis tout à l'heure n'était autre que Shinobu. Elle sursauta et se redressa vivement.
   — Mais qu'est-ce que tu fais là ?!
   — J'étais morte d'inquiétude ! Je t'ai appelé dès que j'ai vu ton message mais tu m'as pas répondu, s'exclama Shinobu à toute allure. Alors je t'ai harcelé, et puis j'ai appelé tes parents mais ils ne décrochaient pas, alors j'ai décidé de te géolocaliser et c'est comme ça que je t'ai retrouvé !
   — Shinobu je suis désolée je ne voulais pas t'in-
   — Tu vas bien ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Tu t'es faite violée ???Tu t'es faite agressée quand ? Donne moi tout de suite son nom que je lui envoie les garçons et mon poing dans sa figure !
   — Je ne sais p-
   — C'était le garçon du train hein ?! Tomioka m'a appelé pour me dire qu'il était bizarre ! C' était lui n'est-ce pas ??? Il est dans notre fac, on va le retrouver je te le promets !
   — Oui mais-
   — Tu vas porter plainte maintenant ?! Tu ne vas pas le faire demain, parce que là tu vas y passer toute la nuit. Pourquoi t'es dans cette ville d'ailleurs, t'habites pas ici ! Et c'est quoi c'est habillé ?! Tu sais que tu dors sur un inconnu ? Vraiment désolée, s'exclama Shinobu en s'inclinant devant Obanai.
   — Non c'est-
   — Oh ma pauvre chérie tu dois être terrifiée ! Viens je vais t'emmener chez moi, vu tout le monde qu'il y a ici tu n'es pas près de rentrer chez toi. Je vais m'occuper de toi, ma pauvre Mitsuri c'est vraiment horrible...
   — Shinobu, s'exclama Mitsuri alors que sa meilleure amie faisait tout pour la faire se lever. Calme toi ! Je ne me suis pas fait violer mais le garçon du train m'a touché, il s'est frotté à moi et m'a suivit, expliqua Mitsuri. Obanai, qui est dans notre fac, m'a sauvé en se faisant passer pour mon petit ami. Il m'a emmené ici pour porter plainte et m'a passé ses vêtements pour que je puisse être plus à l'aise.
   — Oh... Merci beaucoup Obanai pour avoir sauvé Mitsuri, dit Shinobu en prenant les mains d'Obanai. Sans toi je n'ose pas imaginer ce qui lui serait arrivé.
   — C'est normal, dit Obanai avec gêne.
— Mitsuri Kanroji, appela une policière en entrant dans la salle d'attente. Je vais prendre votre déposition.
Mitsuri hocha la tête et déglutit avec difficulté. Elle s'avança vers la policière et Shinobu la suivit immédiatement. Mais Mitsuri sentit qu'il manquait quelque chose, elle se retourna et vit qu'Obanai n'avait pas bougé. Il repliait soigneusement sa couverture et la rangeait dans son sac. En voyant que tout le monde l'attendait, Obanai les regarde avec gêne.
— Je devrais peut-être vous laisser, maintenant que ton amie est là...
— Oui, je m'occupe d'elle, a répondu Shinobu en posant sa main sur l'épaule de Mitsuri.
Mitsuri fixe Obanai. Elle ne voulait pas le quitter, elle voulait qu'il reste près d'elle. Elle ne le connaissait peut-être que depuis quelques heures, mais elle sentait que sa présence lui était nécessaire. Mais elle ne pouvait pas lui demander de rester. Il était très tard, il y avait cours demain, et il avait déjà tellement fait pour Mitsuri...
— Vous êtes un témoin, demanda la policière d'un ton sec.
— Euh oui...
— Alors vous venez avec nous.
Obanai n'eut pas le choix et suivit les trois femmes dans le bureau de la policière. Mitsuri était contente que la policière ait obligé Obanai à rester, comme ça elle pouvait être avec lui plus longtemps. Dans le bureau, Mitsuri s'assit entre Obanai et Mitsuri.
Mitsuri a commencé une histoire racontée, la boule au ventre. Elle avait vraiment peur de ce qu'allait dire la policière, elle avait peur qu'elle lui dise que c'était normal, qu'elle l'avait cherché. Elle n'arrêtait pas de triturer ses mains moites, de les croiser, de les décroiser. Shinobu, qui était assise près d'elle, ne remarque rien, trop occupé à fixer la policière avec un regard perçant, comme pour la menacer d'avoir une réaction inappropriée. Obanai la remarque en revanche. Il posa sa main sur celles de Mitsuri pour les antidémarrage et Mitsuri se calma. Elle entoure la main d'Obanai des siennes et entrelaça leurs doigts.
— Je vois, dit la policière une fois que Mitsuri eut terminé son récit. Je vous crois, vous ne devez pas vous sentir coupable d'accord ? Écoutez, je sais que c'est dur à entendre, mais sans preuves concrètes, il va être difficile d'incriminer ce garçon, vous comprenez ?
— Mais enfin, elle s'est faite agressée ! Alors vous allez chercher ce garçon et vous l'interrogez ! Il est dans notre fac, dit Shinobu avec colère, ça ne sera pas compliqué de le trouver !
— Ça, ce n'est pas sûr, il peut très bien être un ancien étudiant ou avoir volé un uniforme, dit la policière.
— Donc vous n'allez rien faire ?!
— Je n'ai pas dit ça. Nous allons enquêter, nous allons analyser l'ADN qu'il y a sur vos vêtements et ensuite nous ferons ce qu'il faut faire, expliqua calmement la policière. Nous allons commencer par faire un portrait robot si vous le voulez bien, nous récupérerons ensuite les vidéos de surveillance de la gare où vous êtes descendue et...
— Et ça prendra combien de temps tout ça, demanda Shinobu avec impatience.
— Le temps qu'il faudra, répondit simplement la policière. Pour le moment je vais devoir vous demander de me répéter votre agression, cette fois en me donnant tous les détails possibles. La ligne de métro dans laquelle vous étiez préoccupé, les vêtements que portait votre agresseur, son physique, son attitude, depuis quand était-il dans le métro, l'heure, approximatif, qui était avec vous, combien de personnes dans le wagon environ, l'arrêt auquel vous êtes sortis, les chemins empruntés, je vous demanderais aussi de fouiller votre sac, il y a peut-être un traceur dedans.
— D'accord, dit Mitsuri d'une toute petite voix.
Elle échangea un regard avec Obanai qui l'encouragea silencieusement. C'était dur mais il fallait passer par là, alors Mitsuri raconta de nouveau son agression.
Mitsuri, Obanai et Shinobu ont perdu le commissariat environ une heure plus tard. Il était presque trois heures du matin. À cette heure-là, il n'y avait plus de train, et Mitsuri refusait de monter dans une voiture avec un homme au volant. Même Shinobu avait peur à présent. Pourtant elles n'avaient pas vraiment le choix si elles voulaient rentrer chez elles. Shinobu avait décidé qu'elle dormirait chez Mitsuri.
— Les filles, tous les hommes ne sont pas des pervers, assura Obanai alors qu'il attendait avec elles un taxi.
— C'est ce que je me répète devant mon miroir quand je décide de sortir en robe, répliqua Shinobu.
— Vous n'allez pas attendre de trouver une femme au volant pour rentrer, renchérit Obanai. Ça peut prendre longtemps.
— Si seulement Tomioka était là, dit Shinobu.
— Quel rapport ?
— Il nous aurait protégé et nous aurait raccompagné, dit sèchement Shinobu.
Obanai ne comprit pas où Shinobu voulait en venir et se contenta de regarder devant lui. Shinobu enfonça son coude dans les côtes de Mitsuri et lui lança un regard perçant. Mitsuri, qui elle avait très bien compris ce que voulait Shinobu, se ratatina sur elle-même.
— Il doit sûrement rentrer chez lui, ses parents doivent l'attendre, murmura Mitsuri.
— Et alors, on est des demoiselles en détresse, répliqua Shinobu sur le même ton.
— On ne peut pas lui demander ça, il est déjà gentil de rester avec nous...
— Justement, il se prend pour ton héros alors qu'il le soit jusqu'au bout ! Demande-lui !
- Non ! Fais le toi !
— Toi fais-le !
— Non toi, tu as plus de courage !
— Tu le connais plus que moi !
— Il y a un problème, demanda Obanai en entendant les deux filles se chamailler.
— Mitsuri veut que tu la raccompagnes, déclare aussitôt Shinobu.
— Mais non, s'écria Mitsuri en rougissant.
À vrai dire si, elle le voulait. Mitsuri n'avait pas envie de quitter Obanai, au risque de ne plus jamais lui répondre. Elle savait qu'ils devaient bien se séparer un jour mais pour l'instant elle n'arrivait pas à s'y résigner.
— Si je viens vous accepter de monter dans n'importe quel taxi, demanda Obanai.
— Oui, dirent Mitsuri et Shinobu au moment où un taxi arrive devant eux.
Obanai hocha la tête et ouvrit la portière arrière de la voiture. Shinobu entre, puis Mitsuri et enfin Obanai, qui referma la portière derrière lui. Shinobu donne l'adresse au chauffeur et il démarra aussitôt. Seulement, le trajet était long. Très long, trop long...
Au bout d'un moment, Mitsuri tombait de nouveau de fatigue. Elle hésitait entre poser sa tête sur l'épaule de Shinobu, et la poser sur celle d'Obanai. Ce serait plus logique de le faire avec Shinobu car elle l'a connue depuis longtemps, mais elle ne reverrait peut-être plus Obanai et... Mitsuri se souvenait encore du bien-être éprouvé lorsqu'elle dormait sur Obanai.
Elle dépose alors timidement sa tête sur son épaule et ferme les yeux. Obanai se raidit un instant, puis il glissa sa main dans celle de Mitsuri et la prit simplement.
Mitsuri avait terriblement envie de dormir, mais elle voulait passer ses dernières minutes avec Obanai éveillée.
— Obanai, chuchota Mitsuri.
— Oui ?
— Demain si je vais en cours je devrais prendre le métro...
— Tu ne seras pas toute seule cette fois, il y aura Shinobu, dit Obanai pour la rassurer.
— Je n'ai pas envie que tu partes, murmura la jeune femme en sentant ses joues se colorer. Je veux que tu sois là pour me protéger...
— Je prends le métro pour la fac, on pourra se retrouver si tu veux.
— Reste avec moi, murmura Mitsuri en priant pour que Obanai comprenne.
— Je resterais autant de temps que tu voudras.
Rassurée, Mitsuri se laissa enfin sombrer dans les rêves de sa conscience. Lorsqu'ils arrivèrent, Shinobu paya le chauffeur, elle refusait qu'Obanai s'occupe de ça, et ils sortirent silencieusement. Obanai porta Mitsuri dans ses bras pour ne pas la réveiller et Shinobu, qui récupéra les clés de sa maison dans sa poche, le fit entrer. Obanai installa délicatement Mitsuri dans son lit et Shinobu lui dit de s'allonger à sa droite, tandis qu'elle s'allongeait à sa gauche. Depuis cette nuit, Mitsuri ne quitta pas Obanai, elle s'était blottie contre lui et ne l'avait jamais plus quittée, et un mois plus tard, elle valsait dans ses bras au bal de Noël.

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Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant