Baji x Chifuyu number 2

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(Ce chapitre suit l'épisode 16, il y a de la violence dedans, donc si vous êtes sensibles ne lisez pas, il est un peu long (mais lisez il est bien), il y a un spoil implicite à la fin et une musique en média qui va avec l'os)

Bonne lecture

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   La pluie tombait drue dehors, elle frappait les fenêtre du salon avec force, produisant un insupportable bruit de martèlement. De gros nuages noirs s'entassaient dans le ciel, ils étaient parcourus de vives lumières blanches, et éclipsaient toute clarté apportée par le soleil. Il faisait sombre, les bourrasques de vent étaient violentes, ce n'était vraiment pas un temps pour sortir dehors.
Mais ce temps allait parfaitement avec l'humeur de Baji.
Le jeune homme était chez lui, assis à même le sol contre sa porte d'entrée. Sa maison était désespérément vide, il n'y avait pas une once de présence rassurante ici. Il était seul.
Baji tenait ses genoux contre son torse, il les tenait étroitement, sa main gauche était si serrée que ses jointures devenaient blanches et qu'elle se mettait à trembler. Son autre main était porté à sa bouche. Il se rongeait tellement les ongles depuis hier qu'il en arrivait au sang, mais il n'arrivait pas à s'arrêter.
Baji ne s'était jamais sentit aussi mal. Il avait envie de vomir, c'était comme si un noyau bloquait se gorge et gonflait au fil des minutes qui passaient. Il avait envie de pleurer aussi, mais aucune larme ne venaient. Pourtant il les sentait, elles brûlaient ses yeux, et il avait beau battre des paupières, rien ne tombait sur ses joues.
Baji avait l'impression que tout s'effondrait autour de lui. Il pataugeait dans le brouillard, et s'enfonçait un peu plus dans les ténèbres. Il sentait qu'il se perdait, il avait peur, il ne savait pas quoi faire. Dans quoi s'était-il engagé ? Tout ça, c'était trop pour lui, il ne pouvait pas le supporter. C'était comme si on l'enfonçait dans sa tombe et qu'on l'ensevelissait. Baji ne voyait aucune lumière autour de lui, tout était obscur, il ne pourrait jamais retrouver ce qu'il avait perdu.
Oui, il était terrifié et déchiré par le désespoir. Mais qu'avait-il fait ? Il l'avait frapper, encore et encore, son poing s'était abattu des dizaines de fois sur son visage ensanglanté, il avait bloqué ses poignets avec ses genoux, et l'avait frappé sans s'arrêter.
Baji avait sentit ses os se briser sous ses poings, son sang chaud éclabousser ses joues, il l'avait sentit se débattre sous son corps, il avait vu ses magnifiques yeux bleus se voiler, il l'avait vu perdre conscience, et il avait continué de le frapper, sous les encouragements de son nouveau gang.
Comment Baji avait-il pu frapper Chifuyu ? Pourquoi avait-il fallu que ça soit lui ? Chifuyu, son meilleur ami, son sous-chef, la personne à qui il tenait le plus au monde. Chaque coup qu'il avait dû lui donner l'avait déchiré, Baji se dégoûtait pour avoir pu faire du mal à la personne qu'il aimait. Pourquoi lui ? Pourquoi ? Comment des personnes avaient-elles pu l'encourager à le frapper, alors qu'il était sans défense et inconscient ?
   Chifuyu devait le détester de tout son être maintenant, Baji ne pourrait plus jamais être son ami. Ce n'était pas ce qu'il voulait, en entrant à Walhalla il voulait obtenir des informations sur Kisaki, il avait prévu qu'on veuille tester sa foi, mais il pensait que ça serait sur Mikey, Draken ou un chef de team. Pas sur Chifuyu.
   Se taper contre les autres ce n'était pas se taper contre Chifuyu. C'était moins violent sur le point émotionnel. Baji aimait ses amis, certains étaient auprès de lui depuis son enfance, ils faisaient partis de sa vie, mais pour la bonne cause, il était prêt à se battre avec eux. Avec Mikey, il n'aurait pas beaucoup de chances de gagner, mais il pouvait se battre. Avec Draken aussi, avec Mitsuya, Nahoya... Oui, il le pouvait. Mais avec Chifuyu, c'était différent.
   Chifuyu c'était... il était... tellement de chose pour Baji.
   Baji le voyait comme son trésor, un trésor qu'il devait absolument protéger, et dont il fallait prendre soin. Il était une pierre précieuse d'une lumière éblouissante, ses yeux étaient deux saphirs qui illuminaient le monde d'ombres qui l'entourait. Chifuyu était cette personne qui faisait se sentir bien Baji quoiqu'il arrive. À ses yeux, c'était cette personne qu'il fallait chérir et qui méritait tout l'amour du monde. Il était son monde, son bien le plus précieux, et aujourd'hui on lui demandait de le mettre en morceaux.
   Baji n'arrivait pas à effacer la vision du corps mutiler de Chifuyu. Il n'arrivait pas à oublier, ni à accepter que c'était lui qui lui avait fait ça. Ses mains étaient blanches pourtant il les voyait couverte de sang, la douleur de Chifuyu ne s'effaçait pas de son corps, elle était ancrée en lui. Baji avait détruit son trésor et jamais il ne pourrait l'oublier.
Tout ça le révulsait. Ces histoires de gang, le Toman, Walhalla, se taper entre eux. Ils n'avaient que seize ans merde... Pourquoi s'infliger autant de violence à cette âge ? Il avait toujours aimé ça mais il ne comprenait plus. La violence n'avait plus rien d'amusant à ses yeux, Baji n'arrivait plus à penser comme avant. Comment avait-il pu aimé taper sur les autres ? Peut-être qu'avant il aimait ça parce que c'était toujours des inconnus... Mais frapper une personne qu'on aime n'avait rien de plaisant.
Il ne voulait plus faire partit d'un gang, il ne voulait plus entendre parler de bagarre, il voulait juste partir loin, très loin, dans un endroit où il pourrait prendre soin de Chifuyu. Il voulait l'éloigner de tout ça, le voir heureux, le protéger de la violence de Tokyo. Baji n'en avait plus rien à faire de qui avait tord ou qui avait raison. Il ne voulait plus savoir si Kazutora voulait tuer Mikey, ce que cherchait Kisaki, qui était en danger au Toman, à qui on pouvait faire confiance. Il ne voulait plus chercher où était le bien et où était le mal. Il voulait juste partir avec Chifuyu. Il était prêt à partir juste pour lui, mais il ne pouvait plus, c'était trop tard.
Baji enfonça ses mains ses cheveux pour serrer sa tête et posa son front sur ses genoux. Il mourait d'envie de courir dans la maison d'à côté, de voir Chifuyu, de s'excuser auprès de lui, de tout lui expliquer, de lui dire qu'il l'aimait et qu'il l'aimera toujours. Il voulait lui dire qu'il était désolé, qu'il était perdu et qu'il avait besoin de lui, il avait envie de se blottir dans ses bras, de pleurer et qu'il le rassure. Il voulait entendre la voix de Chifuyu, sentir son odeur, toucher sa peau. Il voulait l'embrasser, le prendre dans ses bras, le faire sourire.
Mais il ne pouvait pas.
Il n'était pas à l'abris des regards ici, il savait que sa maison était surveillée. Par au moins deux personnes qui était planquée dans la forêt devant sa maison, il ne pouvait pas approcher Chifuyu. Il était obliger de laisser ses rideaux grands ouverts, pour ne pas donner l'impression de vouloir cacher quelque chose, et agir comme si tout allait bien. Sinon tout ça aurait servi à rien.
Baji releva la tête et respira longuement pour se calmer. Il devait se reprendre, il ne pouvait pas montrer un visage brisé à son nouveau gang. Il parcourut lentement sa maison des yeux. Elle lui paraissait austère, vide, peu accueillante. Baji ne passait pas beaucoup de temps chez lui. Il était tout le temps dehors avec ses anciens amis, ou alors à l'école. Et la majorité du temps qu'il passait chez lui, Chifuyu était à ses côtés.
Ils en avaient fait des choses ensemble ici. Baji se souvenait d'un tas de chose, que jamais il ne pourrait oublier. Il se souvenait du jour où ils avaient voulut essayer de faire un gâteau d'anniversaire pour Mitsuya, et qu'il était tellement raté que Chifuyu avait finit par aller en acheter un.
   Il se souvenait de cette fois où ils avaient joués toute la journée à la console, et que Baji n'avait fait que gagner. Chifuyu s'était alors mis à pleurer sur commande (un talent que Baji ne connaissait pas encore à l'époque) et était partit bouder dans son coin. Baji l'avait alors pris dans ses bras, s'en voulant de l'avoir rendu triste, et s'était mis à son service tout le reste de la journée.
   Il se souvenait aussi du jour où ils s'étaient disputés dans le salon, et que Chifuyu s'était mis à le frapper avec tout ce qui lui passait sous la main. Il lui avait lancé un coussin, un livre, il avait attrapé un paquet de mouchoir et l'avait jeté à son visage en pleurant de rage, il lui avait même balancé une chaussure à la figure, ce qui lui avait valut un beau bleue.
   Mais surtout, Baji se souvenait de leurs longues étreintes sur le canapé, de toutes ces fois où Chifuyu s'était assis sur lui et blottit dans ses bras, de son corps sous le sien, de quand ses yeux brillaient d'envie. De ces fois où leurs lèvres s'étaient scellées pour quelques minutes d'euphorie, où leur corps s'étaient livrés au plaisir charnels, ces nuits passées ensemble, à se réveiller dans les bras l'un de l'autre. C'étaient les plus beaux souvenirs de Baji, son plus beau souvenir était sa vie avec Chifuyu.
Peut-être qu'un jour il retrouvera ce bonheur, dans une autre vie peut-être...
Quelqu'un frappa soudain à sa porte, faisant sursauter Baji. Le jeune homme se tourna vers la porte contre laquelle il était adossé et la regarda longuement. Qui pouvait bien venir le voir ? Il n'avait plus d'amis, ce n'était quand même pas Takejenesaisquoi qui venait essayer de le ramener au Toman, alors qu'il ne le connaissait même pas. La personne frappa de nouveau et Baji finit par se relever. Il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec la personne qui hantait ses pensées.
— Reviens au Toman, dit Chifuyu d'une voix calme.
— Non.
Baji referma aussitôt la porte de sa maison. Son cœur battait à un rythme effréné, sa main était toujours posée sur la poignée de sa porte, elle tremblait légèrement. Il ne s'attendait pas du tout à voir Chifuyu maintenant. Il ne pouvait pas le voir là, alors que sa maison était surveillée. Il devait absolument le repousser, sinon on allait lui faire du mal. Chifuyu frappa de nouveau à la porte et Baji ouvrit une fois de plus.
— Re-
— Dégage.
Et il claqua de nouveau la porte.
S'il te plaît, pars Chifuyu...
La poignée de la porte s'abaissa et Baji eut le réflexe de se plaquer contre pour empêcher Chifuyu d'entrer. Il ne devait pas rentrer, sa porte donnait sur son salon et d'ici on pouvait facilement les observer de dehors. S'il entrait chez lui, Baji devrait le frapper une nouvelle fois de plus...
— Laisse-moi entrer, dit Chifuyu en poussant la porte de toutes ses forces.
— Dégage, je veux pas te parler, s'écria Baji en tenant bon contre la porte.
— Je te crois pas, répliqua Chifuyu.
— Laisse-moi tranquille !
— Reviens au Toman, cria Chifuyu avec détermination.
Il fallait qu'il soit blessant avec Chifuyu. Il le fallait, il était surveillé, il le fallait...
— Pour te voir tous les jours non merci, dit alors Baji en essayant d'être froid.
— C'est vrai que la gueule de Hanma est bien mieux !
— Qu'est-ce que tu comprends pas dans dégage ? Je t'ai déjà refais le portrait hier, tu veux que je recommence ?
Chifuyu ne répondit rien et arrêta de pousser la porte pour essayer d'entrer. Baji resta plaqué contre la porte, essayant d'entendre ce que faisait son ami. Il devait partir, Baji ne devait pas s'approcher de lui, il faisait ça pour le protéger, même si ça lui déchirait le cœur.
Un violent coup fit soudain s'ouvrir la porte et Baji se retrouva projeté en avant. Chifuyu, qui avait dû mettre tout son poids sur la porte pour l'ouvrir, tomba au sol, au pied de Baji.
Le jeune homme déglutit avec difficulté. Il pouvait sentir d'ici les regards de ses deux stalkers. S'il ne repoussait pas Chifuyu, ils étaient capables de le tuer.
— Reviens au Toman, dit Chifuyu en se relevant pour lui faire face.
Baji garda un visage impassible. Il avait beau chercher un moyen pour se débarrasser de Chifuyu sans lui faire du mal, il ne trouvait pas. Ça paraîtrait louche s'il ne le frappait pas.
— Je ne reviendrais pas. Je déteste le Toman, je déteste Mikey, je déteste vos idées et je te déteste toi.
Ses mots étaient trop violent pour lui, Baji ne supportait pas de devoir dire ça.
— Baji je sais pourquoi tu fais ça, dit Chifuyu en s'approchant de lui. Je sais que-
— Tu sais rien du tout, coupa Baji en repoussant violemment Chifuyu.
— Je te connais, dit son ami en essayant de prendre sa main.
Baji frappa sa main avec la sienne et le regarda froidement.
— Me touche pas. Et tu connais rien de moi.
— Tu sais très bien que c'est faux, dit Chifuyu en continuant de s'approcher.
— Je veux plus que tu remettes les pieds chez moi. Je veux plus te voir, ni entendre ta voix et ton nom. Je veux plus entendre parler de toi alors dégages de mon chemin.
— Je sais très bien que c'est pas vrai.
— Tu t'approches encore une fois de moi et je te défonce.
Chifuyu le fixa. Ses yeux bleus ne trahissaient aucune peur ou colère. Il s'approcha encore de Baji, jusqu'à frôler son torse. Baji ne pouvait plus rester de marbre, s'il ne s'occupait pas lui même de Chifuyu, ce sera les autres qui le feront et ce sera pire.
Il attrapa Chifuyu par la gorge et le plaqua vivement contre la porte de sa maison, qui s'était refermée. Chifuyu s'agrippa à sa son poignet pour essayer de le faire lâcher prise, mais Baji resserra sa main sur sa gorge. Il tira Chifuyu vers lui et le plaqua de nouveau contre la porte, de façon au cogner violemment sa tête et son dos contre le bois dur.
Il passa ensuite sa main derrière sa nuque, et força Chifuyu à se plier en deux. Il frappa brutalement son visage sur son genoux, puis enfonça son coude dans son dos pour le faire tomber à ses pieds.
— C'est plus clair maintenant ? Je. Ne. Reviendrais. Pas.
Chifuyu s'agenouilla difficilement devant lui et essuya le sang qui coulait de son nez.
— Tu ne peux pas partir comme ça, il faut que tu reviennes diriger ta team et j'ai-
Baji leva son pied en essayant de ne pas réfléchir et l'envoya avec force dans le visage de son ami. Mais Chifuyu ne s'arrêta pas là. Il encaissa le coup sans broncher et se releva.
— T'es mon meilleur ami Baji.
Le jeune homme gifla Chifuyu avec un regard meurtrier. Il n'arrivait même pas à savoir comment il pouvait faire ça, alors que chacune de ses actions le brisait un peu plus. Chifuyu se laissa faire, et garda la tête tournée sur le côté un instant.
— T'es notre chef, tu peux pas partir. Je ne te laisserais pas partir. Je peux me battre s'il le faut, dit Chifuyu en tournant lentement la tête vers Baji.
   Le jeune homme se força à sourire en prenant un air hautain. Il leva ses poings devant son visage.
   — Viens, je t'attends.
S'il te plaît ne vient pas.
   Chifuyu s'avança avec détermination. Il leva ses poings, imitant la pose de Baji, mais s'immobilisa. Ses iris de saphirs tremblaient dans leurs orbites, ses poings s'agitaient imperceptiblement. Chifuyu n'était pas capable de frapper Baji, il l'aimait trop pour ça. Et Baji le savait.
   — T'as réussi à obtenir des infos sur Kisaki, demanda Chifuyu en restant impassible.
   Le jeune homme ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Il aurait dû s'en douter, Chifuyu le connaissait par cœur, il savait très bien comment il réfléchissait. C'était logique qu'il comprenne qu'elles étaient les réelles attentions de Baji. Mais il s'était dit que comme Mikey ne s'était douté de rien, Chifuyu non plus.
   — Je sais pourquoi tu fais tout ça ! Tu veux obtenir des informations sur Kisaki alors dis les moi et reviens au Toman, s'énerva Chifuyu.
— Mon pauvre tu comprends vraiment rien. J'ai quitté le Toman parce que j'ai toujours été du côté de Walhalla, j'attendais juste le bon moment pour partir. Cette histoire te dépasse parce que t'étais pas là quand ça a commencé, tu peux pas comprendre. Moi je suis avec Kazutora, j'ai toujours été avec lui.
Le visage de Chifuyu se durcit. Baji voyait bien qu'il ne savait pas quoi penser. Après tout, son meilleur ami devait penser qu'ils étaient seuls, logiquement il n'y avait pas de raison pour que Baji continue de lui mentir. Mais ils n'étaient pas seuls justement. Baji n'avait pas la confiance totale de son nouveau gang, il était surveillé, peut-être même qu'il y avait des micros chez lui.
Il profita de la perplexité de Chifuyu pour envoyer son poing dans sa figure, et ensuite le tirer brutalement vers lui. Il souleva facilement le corps de son ami pour l'enlever de lui et le rejeter plus loin. Malheureusement, Baji avait oublié qu'ils se trouvaient près d'une table. La tête de Chifuyu heurta violemment le coin de la table et du sang se mit à couler sur sa tempe.
Chifuyu resta un instant paralysé de douleur au sol, puis il se releva, difficilement, l'air sonné, et porta sa main à son visage pour toucher le sang qui perlait sur sa peau. Il regarda le liquide rouge qui couvrait ses doigts pendant un instant puis s'approcha de nouveau de Baji. Lui était incapable de bouger. Il ne savait pas quoi faire, il essayait vainement de garder une expression froide mais il avait l'impression que tout explosait en lui. Qu'est-ce qu'il venait de faire à Chifuyu... ?
— Reviens avec moi, dit Chifuyu.
Baji le frappa de nouveau. Mais son meilleur ami s'approcha une fois de plus, et lui redemanda de venir. Plus il le frappait, plus Chifuyu peinait à se tenir debout. Pourtant il continuait, Baji le frappait, encore et encore, et il encaissait les coups. Pourquoi est-ce qu'il n'arrêtait ? Pourquoi ne voulait il pas comprendre que Baji ne reviendrait pas ?
Des bleus apparaissaient sur son corps, ses jambes tremblaient, sa voix se brisait, sa peau se déchirait, son sang la tâchait. Il ne reculait pas, Chifuyu continuait de se battre, et Baji continuait de lui envoyer des coups avec toute sa force.
Des disputes avec Chifuyu, Baji en avait déjà eut. Ils s'étaient déjà insultés de tous les noms, de batard, de connard, d'enculé, de fils de pute, d'enfoiré, de tocard, de chien sans race. Ils s'étaient déjà frappés, Chifuyu avait giflé Baji devant toute la première division, et celui-ci avait envoyé son pied dans le corps de son ami. Ils s'étaient lancés toutes sortes de choses à la figure, des vêtements, des livres, des caleçons, des gels douche, des peluches, un jour Baji avait même renversé son plat de nouilles sur la tête de Chifuyu, devant absolument tout le monde, le faisant fondre en larme en plein milieu de la cafétéria. Ils s'étaient mis dans des états pas possible, à s'hurler mutuellement dessus, à se mettre à pleurer de désespoir, à casser des assiettes pour se défouler, pour ensuite se jeter dans les bras l'un de l'autre pour s'excuser de sa conduite. Mais jamais Baji et Chifuyu n'en étaient arrivés là.
Ils n'en n'étaient jamais venus à se faire du mal à ce point là.
— T'as pas le droit de m'abandonner, hurla Chifuyu en essuyant avec rage le sang qui coulait de sa bouche. T'es mon meilleur ami, j'ai toujours été là pour toi, je te laisserais pas partir comme ça !
— Je suis pas ton meilleur ami et je l'ai jamais été, tu t'es mis ça dans la tête tout seul, répliqua Baji sur le même ton.
Chifuyu rassembla le peu de force qui lui restait et réussit à frapper avec violence la joue de Baji, déjà marquée de coups. Finalement, le désespoir aidait Chifuyu à le frapper...
— Alors tout ça, tout ce qu'il s'est passé entre nous, je l'ai imaginé peut-être ?!
— Tu t'es fait des films tout seul, tout ça n'a jamais compté pour moi, cria Baji en envoyant son pied dans les côtes de son meilleur ami.
— C'est pas vrai, tu mens, dit Chifuyu en crachant du sang. On a fait trop de chose ensemble pour que ça soit vrai !
— Pourtant ça l'est, ça compte pas pour moi, quand Walhalla aura détruit le Toman j'oublierais tout et je t'oublierais aussi !
Baji écrasa son poing dans le ventre de son ami alors qu'il se raccrochait à ses épaules pour ne pas tomber.
— T'es mon meilleur ami !
— C'est Kazutora mon meilleur ami ! Écoute quand je te parle !
— Alors pourquoi t'es resté avec moi, s'écria Chifuyu en frappant son torse. Pourquoi tu me fais ça hein ?!
— Parce que tu me colles depuis qu'on se connaît, je veux juste que tu me lâches !
Des sanglots se firent entendre. Baji était en train de détruire Chifuyu...
— C'est pas vrai, dit Chifuyu en reniflant. C'est pas vrai. Tu mens. Tu vas revenir au Toman et tout va redevenir comme avant.
— Pourquoi tu continues, je changerais pas d'avis alors dégage !
— T'es tout pour moi, je peux pas te laisser partir, cria Chifuyu avec rage.
Baji lui asséna de nouveau un coup brutal, le faisant cracher du sang.
— Toi t'es rien pour moi, dit-il froidement. T'as jamais rien été et tu seras jamais rien. Tu fais pas partit de ma vie. T'es nul. T'es faible. Tu fais pitié. T'es ridicule. Tu dépends de moi t'as pas honte ? Parce que moi oui, j'ai honte qu'une personne comme toi s'accroche autant à moi. T'es rien Chifuyu.
   Chifuyu laissa tomber son poing sur sa poitrine sans force, son front se posa sur son épaules, son corps se secouaient de sanglot.
— Je te déteste, murmura-t-il en frappant faiblement son torse.
Des larmes inondaient ses joues, la douleur faisait briller ses yeux, il ne tenait même plus debout.
— Je te déteste Baji... je te déteste, sanglota le jeune homme.
Baji le repoussa de lui de toutes ses forces. Son meilleur ami tomba au sol sans pouvoir tenir encore debout. Il se redressa sur ses genoux et serra ses mains dessus. Baji était incapable de faire quoique ce soit, à part le regarder pleurer. Il ne l'avait jamais vu souffrir à ce point...
   — Qu'est-ce que t'attends pour me frapper, cria Chifuyu en relevant la tête vers Baji.
   — Ça sert plus à rien. Je me bats pas... avec les minables.
   Son meilleur ami s'appuya sur ses bras tremblant mais ne parvint pas à se remettre sur pied.
   — Allez frappe-moi !
   — Chifuyu...
   — Vas-y montre-moi à quel point tu me détestes, tu te dégonfles ou quoi ?! Allez j'attends !
   Baji ne bougea pas. Chifuyu lui lança un regard rempli d'une haine profonde. Il enleva sa chaussure, et la jeta à son visage. Il ne fit rien pour éviter les projectiles et accepta de les recevoir en pleine tête.
— Je te déteste, hurla Chifuyu de toutes ses forces.
Sa voix était horriblement déchirée. Baji avait l'impression qu'elle détruisait tout en lui, il pouvait voir tout s'écrouler devant lui. Tout tombait en ruine, tout explosait. Son cœur était en feu, il se consumait de douleur dans sa poitrine et les sanglots qui ne parvenaient pas à ses yeux étouffaient sa respiration. Baji se reçut une nouvelle chaussure en pleine tête, sans même s'en rendre compte. Il ne voyait même plus ce qu'il se passait, il continuait juste d'entendre la personne qu'il aimait lui hurlait qu'elle le détestait. Chifuyu s'époumonait, il brisait ses cordes vocales et répétait encore et encore ce qu'il disait.
— Je te déteste Baji, t'étais tout pour moi, je te déteste, je te déteste, JE TE DÉTESTE !
Baji avait envie de s'éffondrer au sol. Il ne comprenait pas comment il pouvait tenir debout. La haine de Chifuyu était pour lui la chose la plus horrible au monde.
— Je te déteste Baji, murmura une dernière fois Chifuyu avec détresse.
Au prix de gros efforts, il se remit debout et fit quelque pas vers l'entrée. Il réussit à s'appuyer contre la porte, mais glissa soudain contre. Ses jambes avaient cédées, son corps tomba en silence, un craquement retentit et sa tête percuta violemment le sol. Chifuyu s'écroula, inerte. Baji ne dit rien, il regarda longuement le corps de la personne qu'il aimait. D'ici il sentait deux regards perçant posés sur lui, il les sentait le fixer et attendre une réaction.
Alors que son cœur s'émiettait dans sa poitrine, Baji s'approcha de son meilleur ami et le saisit par les cheveux. Il le traîna dans son salon et ouvrit la porte d'entrée, avant de descendre les marches du perron de sa maison. Il traversa son jardin sans lâcher Chifuyu, parcourut les quelques mètres qui séparaient sa maison de la sienne, et entra dans sa propriété. Il jeta le corps de Chifuyu sur les marches de sa maison, sans prendre la peine de vérifier si ses parents étaient là pour le récupérer. S'il le faisait, ses deux épieurs trouveraient ça étrange. Alors Baji repartit chez lui, le visage impassible, abandonnant son précieux trésor brisé.

Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant