La Commandante de Glace [Tome 2]

Chapitre 10

Née d'une famille modeste, je me souviens encore des moments de joie et de simplicité que je partageais avec mère, père et ma chère et tendre sœur jumelle. Nos deux parents étaient des marchands dont les affaires florissaient bien et qui avaient acquis une certaine réputation au sein des royaumes.

Nous voyagions beaucoup, à la rencontre de civilisations toutes aussi intéressantes les unes que les autres mais parmi toutes celles que nous avions fréquentés, il y'en avait une dont une amitié profonde naquit ; celle avec un roi et une reine ainsi que leur unique enfant. Nombreuses sont les fois où nous sommes restés avec ma sœur auprès d'eux, ils nous accueillaient toujours les bras ouverts, quant à leur fille nous lui offrions la compagnie qu'elle ne pouvait avoir avec les enfants du royaume. Non pas qu'elle ne pouvait pas les côtoyer, elle était juste réservée et avait peur du monde extérieur ; en y repensant je la comprenais, il pouvait s'avérer extrêmement effrayant...

Au détour d'un séjour bien plus long qu'en temps normal chez le roi et la reine, nos parents ayant affaires avec des marchands d'une lointaine contrée, ma sœur et moi tentions de nous occuper en pratiquant la magie avec notre amie au sang royal. Nous avions à peine douze ans à ce moment et nous ne savions pas encore que cette période, allait marquer un tournant dans notre histoire, surtout dans la mienne...

L'entraînement à la pratique de la magie que nous avions reçu, était supervisé par le professeur de Yllia, la jeune héritière du royaume Eccle, notre amie surtout. Ce professeur était une femme, dur et très autoritaire mais qui malgré l'aura effrayante qu'elle dégageait, était comme une grande sœur pour nous trois. Ses cheveux de feu et son regard émeraude savaient nous dissuader de faire des bêtises, du moins quelques instants pour ma part... Je l'admirai, certainement bien plus que ma sœur et mon amie, je voulais intégrer l'ordre des chevaliers tout comme elle, c'est la raison pour laquelle je m'entraînais toujours sérieusement durant nos séjours. Elle m'avait même promis le moment venu, qu'elle tenterait de me faire entrer dans l'école des chevaliers.

Durant le même séjour, nous avions eu vent des tensions qu'il y avait dans la contrée où nos parents s'étaient rendus. Je me souviens que le roi et la reine avaient voulu qu'ils soient accompagnés, mais ces derniers avaient refusé, ils ne voulaient pas se sentir privilégiés et avaient assurés que tout se passerai bien. Si seulement j'avais su...

Ce jour-là le ciel était bleu, dégagé de tout nuage, pourtant certains disaient qu'il allait pleuvoir. Nous nous amusions dans une bataille d'eau, chose étonnante, notre professeur était de la partie, pour la première fois je la voyais rigoler. Elle avait initié cette bataille comme un jeu pour nous apprendre à nous concentrer lors de l'utilisation de la magie mais aucune de nous ne parvenait au résultat attendu, au final seul nos rires semblaient fonctionner.

Nos parents devaient arrivés durant ce jour mais l'attente se faisait longue, nous pensions qu'ils avaient été retardés mais lorsqu'un chevalier en armure arriva précipitamment dans la cour, je su bien malgré moi qu'une mauvaise nouvelle allait être apporté. Ce dernier s'était approché de notre professeur qui était en réalité la Commandante de la garde impériale d'Eccle, à mesure que le chevalier faisait son rapport, le visage de la femme se figea.

Lorsqu'elle se tourna vers nous, elle s'approcha et se mit à genoux en baissant la tête, s'excusant et nous prenant ma sœur et moi dans ses bras.

Sous cette belle journée d'été, nos parents avaient été assassiné par un groupe de mercenaire aux portes d'Eccle. Je me souviens ne pas avoir pleuré tout de suite contrairement à ma sœur. Les heures suivant cette tragédie ont été flou pour moi.

Le roi et la reine voulaient nous adoptés suite à la mort de leurs amis, c'est la raison pour laquelle nous sommes restés presque un an avec eux mais des proches parents de notre mère ayant appris la nouvelle, ont voulu nous récupérer et c'était leur droit. Néanmoins, jamais ils n'avaient été cités par nos parents, encore moins par mère ; pour se justifier ils disaient qu'ils voyageaient beaucoup et avait perdu contact avec notre mère depuis.

A ce moment nous étions jeunes, aucun moyen de les contredire et nous ne nous doutions pas de ce qu'il allait se passer les années suivantes.

Au fil du temps, rare étaient les occasions où nous pouvions rendre visite à Yllia, notre nouvelle famille nous avait inscrit dans une école pour mage et nous devions privilégier nos études aux futilités. Parfois il nous arrivait de partir sans rien dire pour rencontrer Yllia dans un lieu où nous nous donnions rendez-vous. Elle avait grandi et avec sa vingtaine d'années, elle était devenue une belle jeune femme, faisant certainement tourner de l'œil beaucoup d'hommes. Sans m'en rendre compte j'avais commencé à l'aimer et au détour d'une soirée mouvementé j'avais compris que cela était réciproque. Ses yeux améthyste avaient su m'envouter.

Aujourd'hui encore je regrette de l'avoir fait souffrir, tout comme je regrette ne pas avoir su déceler la nature complètement sombre et mauvaise de ces personnes qui se disaient être notre nouvelle famille...

Ces souvenirs profondément enfouis dans ma mémoire depuis plusieurs siècles ont finalement refait surface lorsque le sceau de la jeune héritière du clan Belserion, Alune Shuu, a été entièrement complété... Avec eux, ses souvenirs dont certains comptaient beaucoup pour elle ont été mis dans une boîte au fin fond de son inconscient qui, menace de s'effacer avec ces derniers à l'intérieur...

Ses courts moments de bonheurs qu'elle avait acquis disparaîtrons tandis que je serai condamné à me souvenir de tout. Quelle ironie... 

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Voilà enfin le point de vue de la mystérieuse voix et surtout la raison de l'amnésie de Alune. Peut-être aurons nous plus de détaille sur l'histoire de cette personne dont le prénom n'est jamais évoqué...

Par ailleurs, n'avez vous pas remarqué un détail ?