Chapitre 11

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Les faibles lueurs des runes lumineuses accrochées aux ceintures des chevaliers semblent danser dans un ballet onirique, illuminant l'obscurité en alternant des va et viens à des endroits bien précis ; quadrillant ainsi efficacement toute la zone autour de l'auberge et bien au-delà. Certains chevaliers s'arrêtent, prennent des nouvelles de leurs confrères puis reprennent leur patrouille silencieuse et minutieuse.

Plongé dans l'obscurité de la chambre, je me suis assise sur le rebord de la fenêtre fermé, observant les allés et venu incessantes des gardes dans une tentative désespéré de tromper l'ennuie qui me taquine depuis maintenant deux jours.
Sous les ordres directes et précis de son altesse, je suis obligé de rester confiné dans cette chambre et étant interdite de laisser ne serait-ce qu'un dixième de seconde le bout de mes orteils dépasser l'embrassure de la porte ; sous peine je cite d'être « attaché fermement à mon lit ». Autant dire que je n'ai le droit de rien faire, normalement je n'ai même pas le droit de me lever mais sous la bonne grâce de la princesse, je suis autorisé à me lever et elle a tenu à souligner son extrême indulgence envers ma pauvre personne. Clairement, je ne me suis pas fait prier pour le faire.

Le ministre Grupelt ayant été fermement réprimandé par la jeune héritière, il lui a été formellement interdit de s'approcher à moins de vingt-mètre de ma chambre – autant dire de l'étage – et étonnement, il a obéi. Même lui, est capable de craindre la colère Klhoé, le contraire aurait été suicidaire. Plus cet être infâme est loin de moi, mieux je me porte. Si cela pouvait durer éternellement...

Mon flux magique étant à son plus bas niveau, j'ai dormi quasiment toute la journée. C'est bien le seul moyen pour moi de récupérer lentement un niveau acceptable pour que je puisse à nouveau remplir mes fonctions. Mes souvenirs du moment où je suis arrivé à l'auberge avec le lieutenant Erhberion et Nedrag et le moment où j'ai perdu connaissance sont très flous, seules quelques bribes par-ci par-là me sont revenu, notamment l'excès de colère de Liury. On a échappé le pire en y repensant...

Fait étonnant, durant ces deux jours de convalescence, mon esprit s'est focalisé sur Nedrag, surtout son regard perçant. Je me suis posé beaucoup de questions mais aucune d'entre elles n'ont trouvés réponses, et lorsque j'ai confié mes doutes à Liury lors de sa visite hier après-midi, elle n'a pas su m'éclairer sur le fait que je puisse connaitre éventuellement cette femme. Harry non plus n'a pas été d'une grande aide.

Je ferme les yeux tout en repensant à ce visage à la fois si ferme et si doux, l'autorité naturelle qu'elle dégage ainsi que ses prunelles envoutantes dont je ne parviens pas à me détacher. Je crains qu'elle ne soit devenue une obsession déroutante me faisant presque oublier ce qui m'entoure...

- Il semblerait que tu ne te souviennes vraiment pas...

Rappelé à la réalité, je détaille du regard l'étrange être de glace en forme d'oiseau se dressant face à moi, habité d'une source d'énergie aussi inconnue que familière. Elle porte la même voix féminine que celle qui perturbe de temps à autre mes moments de tranquillité. Et bien que ce ne soit pas la première fois que cette chose se manifeste de cette manière, celle-ci parvient quand même à attirer mon regard malgré mes efforts pour l'ignorer. Elle s'est servit de ma magie pour prendre vie...

- Pour la dixième fois, dégage, dis-je nonchalamment.

- Pour la dixième fois, non.

- Dégage ou j'appel un chevalier.

- Il ne trouvera rien.

J'ai d'abord essayé pendant plusieurs minutes de la détruire mais celle-ci à réussit à esquiver chacune de mes attaques, aussi fourbes soit-elle, et utiliser ma magie n'a servie à rien. Aussitôt lancé, aussitôt avalé goulument par cette chose.

La Commandante de Glace [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant