La Commandante de Glace [Tome 2]

Chapitre 12

Je ne sais pas pourquoi mais le fait de me retrouver aussi proche d'elle me fait plaisir en quelque sorte, d'une certaine manière sa présence m'a manqué et maintenant qu'elle m'enlace, elle me semble indispensable, son odeur rassurante ainsi que ses gestes doux parviennent à adoucir ma tristesse ; bien que je reste perturber par ce prénom qui a traversé mes lèvres spontanément en la voyant à travers la fenêtre.

Sans que je ne sache dire pourquoi, je sais qu'elle s'appelle ainsi mais c'est tout, il m'est impossible à l'heure actuelle de connaitre la raison pour laquelle je le sais. Ce n'est dans mon habitude d'agir comme-cela, mon corps réagit instinctivement sans me laisser le choix, et bien malgré moi je me retrouve à apprécier un peu plus ce contact à mesure qu'il s'éternise.

Je lève la tête à la rencontre de son regard indéchiffrable, durant notre étreinte elle est restée silencieuse, calme, elle n'a pas cherché à me brusquer et je l'en remercie.

- Bien qu'elle ait prononcé ton prénom, elle ne se souvient pas de toi, dis soudainement l'oiseau.

- Je sais.

Son visage proche du miens, je peux sentir son léger souffle chaud et son nez effleurer le miens, mon regard est tout de suite attiré par ses lèvres et je me surprends à me demander ce que ça ferait de les embrasser. Mon propre questionnement me surprend, revenant à me demander ce qu'il ne va pas chez moi ; être attiré par quelqu'un est une chose, après tout elle est attirante, son regard dégage une autorité naturelle que j'aime mais là... C'est bien plus qu'une simple attirance, tout mon être se retient pour ne pas succomber au désir grandissant en moi, oubliant presque la fatigue liée au sceau qui me taraude...

*

La faible lueur matinale vient s'abattre sur mes paupières lourdement fermées, me forçant à les ouvrir péniblement non sans un petit gémissement pour plainte. Lentement je peux de nouveau sentir mes membres engourdis par le sommeil qui m'a surpris la nuit dernière, mon bras gauche va à la rencontre de quelque chose de dur et qui ne semble pas être à sa place dans le lit.
A mesure que ma vue se stabilise, je ne peux que constater que je ne suis pas seule dans la chambre, une femme à la silhouette et l'odeur que je connais maintenant trop bien se tient là de dos, assise sur le bord du lit.

Sa longue chevelure brune désordonnée ainsi que ses habits froissés, témoignent que celle-ci n'a pas quitté la chambre et bien que cela éveil chez moi un certain réconfort, je sais aussi que ce n'est pas une bonne idée qu'elle soit là. Ce qu'il s'est passé hier soir m'a émoussé si bien, que j'ai du mal à remettre mes pensées en place, toutes convergent vers elle et l'effet qu'elle produit chez moi.

M'ayant entendu, elle se retourne, pose son regard prune perçant sur moi et je me sens défaillir sous celui-ci. Quelle est belle... C'est bien malgré moi que je me force à garder contenance et à m'assoir pour lui faire face, une discussion s'impose.

- Pour hier soir... commencé-je.

- Tu dois certainement avoir beaucoup de questions.

- Oui, il semblerait que nous nous connaissons mais je veux que ce soit clair, je n'ai aucun souvenir de toi.

- Je le sais.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Pour l'instant rien.

- Alors pourquoi es-tu venue hier soir ?

- C'est l'oiseau de glace qui m'a incité le faire.

Cet oiseau de glace dont je ne connais pas le nom attise réellement ma curiosité, il prétend vouloir m'aider et j'ai envie de le croire mais je me dois de me montrer prudente. Quand bien même tout ce qu'il dit est vrai au sujet de mes souvenirs, que cette femme face à moi a été quelqu'un d'important pour moi, je ne dois pas oublier que je suis sous constante surveillance. Peut-être que le ministre n'est pas autorisé à m'approcher pour l'instant mais celui-ci peut tout aussi bien m'observer de loin, je vais avoir besoin d'un peu de temps pour tirer ça au clair...