La Commandante de Glace [Tome 2]

Chapitre 23

A chacun de mes pas, une douleur lancinante transperce mon abdomen, une vive chaleur se répand à travers mon corps, je le sens, ce sceau me consument petit à petit. L'homme sans âge ne m'a laissé aucun répit ces dernières semaines, sa nouvelle expérience est un cuisant échec et j'en fais les frais maintenant, en pleine mission – seule, sans personne pour me seconder, dans le royaume des fleurs, sous prétexte que la discrétion est de rigueur.

Le soleil est haut et il ne laisse que très d'ombre se former entre les bâtiments. Je longe plusieurs ruelles dans l'espoir de distancer mes poursuivants, des hommes aux habits civiles cachant des armes sous leurs manteaux. Ils savaient que j'allais venir, mon camouflage n'a servi à rien. J'ai été piégé. Il me faut partir temporairement de cette ville avant qu'il ne soit trop tard. Tout ce que je peux retenir de tout cela, c'est que l'un des organisateurs de l'attaque de Drécia est bien dans ce royaume, et peut-être même dans cette ville.

Je lève les yeux au ciel pour regarder l'oiseau de glace me survoler, tournant la tête rapidement autour de lui pour détecter la présence des mercenaires. Zhele est ma seule alliée ici et grâce au lien que nous avons tissé, elle m'est d'une grande aide pendant que je suis dans l'incapacité de me servir de ma magie pour repérer les hommes en civiles.

Sa voix cristalline et onctueuse résonne dans ma tête, provoquant un léger effet de gel dans mon cerveau :

« Prends cette ruelle sur ta gauche »

Je suis méticuleusement ses indications mais contrairement à moi, ils ont l'avantage de mieux connaître le terrain – apprendre une carte n'est jamais suffisant face à l'expérience réelle du lieu. Je tente d'effacer au maximum ma présence à chacun de mes pas pour les ralentir, mais je sais que ce n'est pas d'une grande aide, je suis bien trop affaiblie.

Soudain, une vive douleur me transperce le cœur, je me stoppe dans mes pas, la main sur le haut de la poitrine, j'halète. L'autre main sur le mur, je tente de prendre appuie sur celui-ci pour ne pas m'effondrer. Le rythme de mon cœur devient erratique, l'air vient à me manquer, les contours de ce que m'entour deviennent flous.

Une voix plus trouble maintenant résonne dans ma tête :

« Ne t'arrête pas ! Ils se rapprochent ! Alune ! »

Je comprends ce qu'elle dit mais mes jambes refusent d'avancer, je suis juste en face d'une intersection... Pendant de longues secondes je ne bouge plus, je sens la présence des mercenaires, ça veut dire qu'ils sont très proches, ils savent où chercher.

Désespérément, avec les encouragements de Zhele, je tente d'avancer. Elle ne peut pas prendre sa forme humaine, c'est bien trop risqué, même-si elle le souhaite, je lui refuse vivement. Je me force à franchir l'intersection pour prendre la droite sous les indications de l'être magique. Je heurte une personne sans faire par exprès, ma vue trouble m'empêche de voir complètement son visage, en revanche je distingue une paire d'yeux gris étincelant me dévisager.

Cette fois la voix de Zhele se fait entendre hors de ma tête :

- Aide-la !

Je suis tiré vers la personne face à moi, puis poussé dans l'enfoncement d'un mur suffisamment large pour accueillir une personne. Alors que je tente de sortir, la main de inconnus de place face à moi et un léger voile se forme devant elle. Zhele m'intime de me taire, je m'exécute.

Des pas se rapprochent de nous, les mercenaires franchissent l'intersection pour se placer face à l'inconnu dont la main n'a pas bougé, ils ne me voient pas. Alors que ma vue tend à se stabiliser, je remarque que c'est une femme à la longue queue de cheval brune, son visage m'est tout de suite familier, aussitôt je me questionne sur sa présence ici.