Interlude

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-Je t'assure que j'ai lu quelque part que les citrouilles sont en fait noires. C'est la lumière du jour et de la lune qui les rend orange.

-Mais oui c'est ça, et toi tu es en fait vert mais c'est la lumière du jour et de la lune qui te rend beige.

-Je parle des citrouilles là, pas de moi.

Peter fit mine de se vexer tandis que Sirius éclata de rire. Des citrouilles vertes, et puis quoi encore.

-Je ne suis pas sûre pour ce qui est des citrouilles, mais ce qui est vrai c'est que les ours polaires sont noires en réalité mais c'est le soleil et le blanc de la banquise qui rend leur pelage blanc, intervint Lily qui était assise à la table des Gryffondor pour faire un devoir de métamorphose.

-Ah, tu vois ! s'exclama Peter.

-Il y a une grande différence entre une citrouille et un ours polaire, Queudver. Et puis je ne vois pas comment ce serait possible.

-Tu n'as qu'à regarder sur des photos. Sur certaine on voit très clairement qu'ils ont des ombres noires.

-Et où est-ce que je trouve des photos d'ours polaire moi ?

Lily se moqua doucement et retourna à son devoir sans avoir pris la peine de lui répondre.

-Cool, merci pour la réponse.

-Eh, Black.

Alfred Harrington apparut dans la Salle Commune et s'approcha de Sirius, ce dernier étant affalé sur le sofa. Il lui tendit un papier tout en parlant.

-Ça vient d'un garçon Serpentard qui m'a interpellé dans le couloir. Il a dit que c'était très important et que je devais te le remettre.

Régulus. Sirius en était sûr même avant d'ouvrir le parchemin. Il songea un instant à l'ignorer mais se dit que ce ne serait pas juste. Après tout, son frère n'avait pas choisi sa maison.

Sirius,
J'ai besoin de te voir. 20 heures dans la Salle des Trophées. S'il te plaît.
Je t'aime,
Reg.

Je t'aime. Ces trois petits mots qui serrèrent le cœur du jeune homme si fort que ses yeux brillèrent. Combien de temps encore lui dirait-il ces mots ? Dans combien de temps cela s'arrêtera-t-il ?

***

La porte en bois s'ouvrit dans un grincement perceptible. Sirius entra dans la salle et grimaça. La poussière lui donna envie d'éternuer et les ombres inquiétantes sur les murs de fuir à toute vitesse. Il était entré dans cette salle que de rares fois, mais ne l'aimait toujours pas. En réalité, il s'agissait de l'ancienne Salle des Trophées. Toutes les coupes remportées par les maisons au fur et à mesure des années avaient été placées dans une autre pièce, de même que les préfets en chef de chaque année et les trophées de Quidditch que certains élèves avaient offert à leur ancien directeur de maison. Les étagères étaient donc vides, couvertes de poussières, et l'endroit presque abandonné. Elle possédait ce sentiment de gloire perdue, de victoire oubliée. Cela sentait l'abandon et le désespoir. À croire que ces murs regrettaient d'avoir été les protecteurs de ces trophées.

Une figure se redressa dans un coin. Avant que Sirius n'ait pu sortir sa baguette, Régulus sortit de l'ombre. Son visage pâle semblait briller à la lumière de la lune. Ses yeux verts étaient devenus transparents, presque froids.

-Je ne savais pas que tu viendrais, dit-il d'une voix tremblante.

Le Gryffondor s'approcha et l'enlaça. Régulus s'accrocha au tee shirt de son frère comme pour le retenir, faire qu'il ne parte jamais. Il enfouit sa tête dans son épaule et respira son odeur. Être dans ses bras, c'était comme retourner à la maison. Il se sentait protégé et aimé à la fois, bien dans sa peau. Le froid qui s'inséra en lui lors de leur séparation le fit frissonner.

-Pourquoi voulais-tu me voir ?

-Tu m'en veux ?

Sirius soupira.

-Comment pourrais-je t'en vouloir si ce n'est de ta faute ?

-Mais tu détestes les Serpentards.

Ce n'était pas une question, mais un fait. Il avait déjà assez dit de méchanceté sur eux pour que Régulus s'en souvienne et ait peur de son jugement.

-Je les déteste parce qu'il n'y a que des idiots là-bas. Des idiots qui se croient supérieurs aux autres.

-Pas tous.

-Tu commences à les défendre maintenant ?

Le jeune garçon fut surpris de la violence avec laquelle son frère avait répliqué.

-Pourquoi tu mets tout le monde dans le même sac ?

-Reg, c'est comme ça. Les Serpentards sont comme ça.

-Non. Les Serpentards sont fiers, ambitieux et rusés.

-Et lâches.

-Nous ne sommes pas lâches. Nous savons juste quand c'est bon de s'engager dans une bataille, et quand ça ne l'est pas. Ça s'appelle de l'intelligence.

Sirius lâcha un petit rire nerveux.

-Je vois que tu t'y plais là-bas. Tu commences à parler comme eux.

-Je défend ma maison, qu'il y a-t-il de mal à faire ça ?

-Rien. Laisse tomber.

Sur ces mots, il se retourna pour songer à partir mais la voix de son petit frère le retint.

-Tu vois, c'est ça ton problème. Tu crois que les gens sont classés en deux catégories bien distinctes, et que ces deux catégories se définissent avec les maisons. Les méchants ne sont pas à Serpentards, et les gentils ne sont pas à Gryffondor.

-Ah ouais ? lâcha-t-il avec méchanceté. Et qu'est-ce que tu en sais ? Ça fait que quelques jours que tu es ici, tu ne sais rien de Poudlard.

-Ça ne fait peut-être que quelques jours que je suis ici, mais j'ai entendu des conversations. Alors dis-moi Sirius, qui sont les méchants quand quatre Gryffondors s'en prennent à un Serpentard ? C'est très courageux dis donc. Digne de votre maison.

Sirius s'approcha de son frère d'un air menaçant, le visage contracté.

-Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas.

-Severus fait partie de ma maison. S'il y a bien une chose que j'ai appris quand je suis arrivé là-bas, c'est que les Serpentards se serrent les coudes entre eux. Les Serpentards sont unis par la fierté et l'honneur.

-Severus n'a pas d'honneur. C'est là toute la différence.

-C'est ceux qui s'en prennent à lui gratuitement qui n'en ont pas.

Sirius recula de quelques pas, blessé par les paroles de son frère. Il aurait bien voulu lancer une réplique sanglante, mais il n'en avait tout simplement pas. À la place de songer s'il avait raison ou pas, il fut triste à l'idée de ce que ces idiots lui avaient fait. Et il leur ferait payer, à tous. Il leur ferait regretter de lui avoir pris son frère. Son frère qui clamait quelques semaines auparavant vouloir entrer à Gryffondor parce que c'était la meilleure maison de Poudlard. Son frère qui approuvait tout ce qu'il disait, son frère qui partageait ses idées. Il avait perdu Régulus par leur faute.

-Amuse-toi bien avec tes nouveaux amis, cracha-t-il avec haine. Je n'ai plus rien à faire ici. Bonne nuit.

Régulus crut entendre son cœur se briser au sol, mais il se rendit compte que ce n'était qu'un bocal en verre que Sirius avait fait renversé par pure colère.
Au final, que ce soit son cœur ou le bocal, le résultat était le même.

𝒩ℴ𝓈 ℯ́𝓉ℴ𝒾𝓁ℯ𝓈 𝓈ℯ 𝓈ℴ𝓃𝓉 ℯ́𝓉ℯ𝒾𝓃𝓉ℯ𝓈 (S.O.B/R.A.B) 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant