Expiation.

Chapitre 7.

« Notre monde est une gigantesque arène et nous sommes des gladiateurs qui luttent pour survivre. »

John Paris

Des bruits. Des voix. On m'attrape par le bras et on me soulève de force. J'ouvre les yeux en criant, mes prunelles rencontrant celles bien plus sombres et cernées d'un homme. Il est grand, bien plus grand que moi. Un mètre quatre-vingts approximativement. De longs cheveux blonds, tirant légèrement sur le châtain, légèrement tressés, dans une coupe presque viking. Je baisse les yeux sur sa main qui enserre mon bras avec force. Des mains aux longs doigts et qui semblent étonnamment fines pour celle d'un homme. Elles sont cachées sous des gants de cuir. Son corps, fin mais semblant pourtant musclé est également recouvert d'une sorte d'armure confectionnée dans la même matière. Un cuir sombre. Très sombre. Un peu dans une mode à la limite médiévale, chevalière.

Je finis par reporter mon regard dans celui de mon tortionnaire. Depuis mon arrivée ici, je suis perdue, je ne peux le nier. Mais à cet instant, je suis bien plus que ça. Un instant, je reste ainsi, dans le vague, avant que les souvenirs ne finissent par me revenir. Les souvenirs du premier jour, de mon arrivée, de ma rencontre avec Kiro, avec Ash. Les attaques, les œufs, puis mon amie, mon alliée, ma compagne disparut. Tout me revient enfin. La veille au soir, je m'étais échouée à genoux, hurlant au milieu du sang et des nombreuses, presque incalculables plumes. Puis j'avais sûrement dû finir par m'endormir de fatigue.

Il me tire avec force, me sortant de mes tristes pensées. Je manque de trébucher et me rattrape de justesse à son épaule. Il me soulève légèrement. Mes pieds touchent à peine le sol. Il continue de me pousser en avant. Il n'est pas seul. Je peux apercevoir devant moi trois autres personnes. Deux hommes et une femme. L'un semble bien plus âgé que les autres. Des cheveux coupés ras, grisonnant et une fine barbe mal taillée. Ses yeux légèrement bridés sont entourés de rides et ses lèvres sont fines et sèches. Malgré son âge semblant avancé, il est très maigre. De loin, il fait pâle figure à côté des deux hommes. Le troisième, plus petit que les deux autres, voire même que la femme qui les accompagne, possède une musculature bien avancée, bien forte. Ses bras sont limites disproportionnés et ses cuisses trop développées. Sa chevelure est aussi sombre que les ténèbres qui nous entourent, mais son regard, noisette, semble rieur et brillant de malice. Quant à la femme...

Sa beauté n'a pas d'égale, ni même sa place dans un monde pareil. Sa peau semble faite d'ivoire, aussi blanche que le clair de lune. Rien que pour sa peau, j'aurais pu la croire de la famille des Cullen, issue tout droit de la saga de Stéphanie Meyer. Ses yeux possèdent une couleur bleue, si claire qu'ils paraissent presque translucides. Son visage est fin mais ses traits sont durs. Entourant son faciès de déesse grecque, une longue chevelure de jais, remontée en queue de cheval. Sa silhouette, pourtant fine et élancée semble également pourvue de muscles. Mais c'est avec une étincelle de froideur à glacer le sang qu'elle me fixe alors que le premier me pousse vers eux sans ménagement. Je manque encore de trébucher. Je tente de me rattraper une nouvelle fois, mais mes jambes flageolent et je tombe à genoux sur le sol boueux. Mon souffle s'emballe, mes mains trembles. Je n'ose pas me relever. Moi femme si forte et si narcissique, me retrouve aujourd'hui aussi faible qu'un pauvre agneau égaré. Je ne me reconnais plus et malgré le peu de temps passé en compagnie d'Ash, un immense vide s'est creusé en moi, m'affaiblissant, me fragilisant encore plus. Je ferme les yeux quelques instants, tentant de calmer mon cœur qui tape fortement contre ma cage thoracique. Mais je sens qu'on me soulève une nouvelle fois.

-  Lève-toi, on doit y aller.