Chapitre 4

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Dès le lendemain, je retourne à la Congrégation, beaucoup plus épuisé que d'habitude, et encore troublé par ma rencontre avec le Juge Kelyan. Tout comme mon assaillant mystère, il ne m'a pas laissé indifférent, même si la deuxième rencontre était nettement plus agréable.

Il faut que j'arrête de penser à ça, je suis en mission, pas en quête d'un plan d'un soir !

Je retrouve ma fine équipe qui, devant mon air pitoyable, me suggère de prendre la journée pour me reposer. Ils me font comprendre que Vince a déjà donné son accord au préalable.

Soit, je vais en profiter pour aller voir mon oncle, ça fait plusieurs jours que je ne lui ai pas donné de nouvelles.

Il habite une petite maison en périphérie du centre-ville, calme et verdoyante. Il y a aussi ce fabuleux restaurant de nouilles que j'adore, et les propriétaires sont de vieux amis de la famille.

L'air frais et la légère brise de la journée me font un bien fou. Je me sens apaisé. Le chemin menant chez mon oncle me fait toujours cet effet là, parce que je sais qu'il sera là pour m'écouter, m'épauler, et me faire à manger comme si il recevait dix personnes.

Je sonne au portique du jardin pour signaler ma présence, puis je me dirige vers l'entrée. Je prends le temps d'admirer les superbes cerisiers en fleurs, abeilles et papillons virevoltant à tous les coins. Je perçois même un moineau en train de chanter sur une des branches du plus grand des cerisiers.

Une fois dans l'entrée, j'enlève mes bottes et sans surprise, mon parent est en train de peindre. C'est l'une de ses activités préférées, ça l'occupe et lui permet d'arrondir les fins de mois, sa retraite étant très mince. Il travaillait comme marchand de fruits et légumes, avec sa compagne qui est décédée depuis longtemps.

Il finit par sentir ma présence et vient me prendre affectueusement dans ses bras.

- Soohan, mon garçon, je ne t'ai pas entendu, tu es là depuis combien de temps ?

- Je viens d'arriver mais j'ai sonné pourtant, tu n'as pas entendu ?

- Oh tu sais que je suis dans mon monde quand je peins. Assied-toi, je vais préparer du thé.

Je l'entends s'activer en cuisine. Pendant ce temps, je jette un œil à sa peinture : une femme magnifique, en tenue traditionnelle coréenne, qui regarde le ciel étoilé. J'ai le souffle coupé devant tant de réalisme et de douceur.

- Tu sais, lui dis-je depuis le salon, tu devrais vendre tes toiles plus chères, c'est presque un crime tes tarifs.

Mon oncle répond par un rire profond mais sincère.

- Je vis assez bien avec mes tarifs actuels, Soohan. Et puis ça permet à tout à chacun de s'en offrir une, pour décorer son foyer ou faire un cadeau.

Il dépose le plateau avec la théière et deux petites tasses, l'ensemble étant décoré de carpes et libellules.

- Assez parlé de moi, comment ça se passe au travail ? me demande-t-il pour changer de sujet. Il n'aime pas trop quand on s'attarde sur sa personne.

- Je suis sur une affaire qui s'annonce un peu plus corsée que les autres. Ça ne fait que deux jours que j'enquête et j'ai déjà des suspicions qui n'ont rien de rassurantes. Et puis...

Je me stoppe dans mon élan. Je ne sais pas si je dois parler de mon mystérieux agresseur, de l'allusion très étrange du Conseiller ou de ce Juge terriblement troublant.

- Laisse-moi deviner, reprends mon oncle, tu as rencontré une jolie fille ou un garçon mignon ?

- Arg mais t'es pas croyable ! Serpent sournois va !

Le Sauveur aux deux couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant