Chapitre 19

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Je crois que si mon âme avait pu quitter mon corps, elle l'aurait fait. Ils se foutent de moi c'est ça ?

L'Humanité, le vrai danger ? Mon espèce ?

Je sens que ma tête va exploser, j'entends un son strident résonner dans mes tempes. Des gouttes de transpiration dévalent mon visage. Mon cœur bat plus vite. Je me sens partir. Stop, stop, stop !

Kelyan donne tout à coup une petite tape sur la tête du Protecteur, tel un parent qui gronde son enfant.

- Séli, on avait dit pas de mise en scène dramatique tu te souviens ?

- Désolé mais la tête de Soohan en valait la peine.

- Je vous déteste ! Bande de... de ! Vous êtes inconscients ou quoi ? C'est amusant de me mettre dans cet état ? J'ai un petit cœur fragile et vous, vous ! Oh et puis merde !

Les deux Altériens éclatent de rire et je ne peux m'empêcher malgré moi de les rejoindre, sous le regard soulagé et attendri du Conseiller. Je dois avouer que ça fait du bien de rire aux éclats, même si j'ai eu la peur de ma vie avec leurs conneries. Toute ma tension retombe d'un coup. Il reste des choses à voir, des points à éclaircir mais j'ai enfin le sentiment de sortir de ce brouillard qu'on appelle depuis le début « rébellion ». Le problème est bien plus complexe que ça.

Après s'être enfin calmés, nous reprenons notre discussion, non sans mal malgré tout.

- Connais-tu vraiment l'origine des Oris, Soohan ? reprend Kelyan à mon intention.

- Et bien, la Congrégation nous apprend à tous que ce sont des Alteriens déviants et que notre but est de les aider afin qu'ils retournent à leur vie normale.

- Oui j'imagine qu'on vous a servi cette excuse bien ficelée de façon qu'elle soit parfaite et ne soulève pas de questions de votre part.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Et bien, les Oris n'existent pas, tout simplement. Anfëlion a toujours fait de nous des êtres libres et conscients des choix qui s'offrent à nous.

Nous avons en effet une ligne de vie précise et nous ne vieillissons pas comme vous. Mais sinon nous pouvons être qui nous voulons. Et les métisses, comme moi, ne sont pas plus différents que les autres. Anfëlion m'a dit que c'était pour apporter une touche de couleur et d'originalité à Alteria.

- Un caprice de divinité en somme.

Kelyan sourit face à ma remarque.

- Anfëlion ne fait jamais de caprices. J'aimerais tant que tu le rencontres, il est... si simple et si complexe à la fois. Il est nous tous et unique à la fois.

- Ce serait fantastique oui. Mais du coup si les Oris n'existent pas, pourquoi...

- C'est là que ça va devenir difficile à digérer pour toi Soohan. Mais je pense que pour l'instant, tu as déjà assez d'informations à assimiler et tu dois te reposer.

- Tu rigoles j'espère ! J'ai encore tout un tas de questions !

Il râle contre ma détermination puis demande finalement à Sélianaël et au Conseiller d'aller se reposer à l'étage. Le pauvre Protecteur commence à piquer du nez et le Conseiller nous promet de veiller sur lui.

- Je t'écoute, dit-il en se resservant un verre.

- Pourquoi m'avoir menacé depuis le début et lancé le combat tout à l'heure ? Pourquoi avoir fait tout ça si je suis censé être de votre côté ? Et c'était quoi ces tenues bizarres ? Et pourquoi tu manies la lance sacrée ?

Le Sauveur aux deux couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant