Qu'on s'aime à en crever

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Megumi:

Et cette fois, son petit ami parle, et sa voix reste  normale, aussi rassurante qu'avant:

- Je- je sais pas ce qu'il s'est passé, Megumi, je suis désolé. Je te promet que c'était pas moi ça.

Megumi s'en doute bien.
Si ce n'était pas Yuuji dans la pièce il y a quelques instants, alors qui ?
Comme pour rester ancrer à la certitude que c'est bel et bien Itadori en face de lui, et non l'homme tatoué, il lui sert un peu plus fort la main.
Il se sent perdu, entre ses insomnies, ce qui arrive à Tsumikki et à Yuuji, il ne sait plus où donner de la tête. Tout se bouscule un peu trop dans son crâne, et il veut juste que tout s'arrête et revienne à la normale.
Il veut que les gens qu'il aime se portent bien, et continue de sourire comme toujours.
Pourquoi, pourquoi faut-il que tout soit si compliqué ?

Le brun lâche la main qu'il tenait, pour coller la sienne à son front, espérant éviter la migraine qui pointait le bout de son nez. Si cela ne l'apaise absolument pas, au moins, ça a le mérite de lui remettre les idées en ordre. Yuuji avait certainement besoin de lui, il ne peut se permettre de se lamenter sur sa situation actuelle bien longtemps.

Merde.

Il ne peut s'empêcher d'angoisser, un mauvais pressentiment l'oppresse depuis que cet homme est apparu. Qui peut se permettre de prendre possession du corps qui abritait l'âme de Yuuji ? Qui osait se le permettre ?

Je te promet que c'était pas moi ça.

- C'était qui, alors ?

Celui aux cheveux roses le fixe étrangement, comme pour chercher une réponse. Mais s'il pose la question, c'est qu'il n'en sait pas plus. Pourtant, il a bien vu cet homme étrange prendre le contrôle de son petit ami, comment ? Le fait qu'un étranger se sois abriter, l'espace d'un instant, dans l'enveloppe corporelle de Yuuji lui fout les frissons. L'aura que dégageait l'inconnu n'avait absolument rien de positive, elle était même plutôt menaçante.
Le silence continue, et le brun passe à la question suivante, toujours déconcerté:

- Et s'il revient ?

A ces mots, Yuuji sursaute, comme tiré d'une transe insoutenable, puis s'exclame d'une voix déraillé.

- Je te promet qu'il reviendra pas ! Il peut pas revenir, il...

- MAIS QUI, IL YUUJI ? QUI ? TU PEUX M'EXPLIQUER CE QU'UN INCONNU FOUTAIT DANS TON POPRE CORPS ?

Itadori se fige sur place, heurté par la violence de ces mots. Mais Megumi n'en a plus rien à faire. Voilà des semaines que tout vas mal, et qu'il ne dit rien. Alors oui, il craque, et putain, il en a bien le droit.
Des semaines qu'il ne dort plus, qu'il s'inquiète et essaie de se comprendre.
La fatigue, la peur, l'angoisse, ses sentiments pour Yuuji se mélangent dans sa tête et c'est juste horrible.

Les deux jeunes hommes se regardent, perdus, désespérés, et bordel, l'amour ça fait mal.

Megumi veut juste aimer quelqu'un et être aimer en retour. Il veut vivre une vie paisible, aux côtés d'une personne admirable. Et si il y a bien une chose qu'il ne veut pas, c'est continuer de souffrir et de se sentir en danger.
Itadori voudrait comprendre lui aussi. Fushiguro peut lire l'effroi et l'honnêteté dans son regard. Et pourtant, il n'arrive pas à compatir. Évidemment que son petit-ami doit souffrir aussi, évidemment qu'il doit être effrayé, évidemment. Mais là, il se sent juste dépassé. Des sentiments violent lui prennent la gorge, et un noeud se forme dans son estomac.