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Itadori :

Sa tête lui fait mal. A vrai dire, tout son corps est douloureux, comme si un dinosaure lui avait piétiné les os. La dernière chose dont il se souvient est la main de cet étrange homme qu'est Satoru se posant sur son front, et il se résout à ne plus jamais le laisser s'approcher de lui. Il ne sait pas par quel miracle on peut réussir à endormir quelqu'un de la sorte, et il veut juste ne pas retenter l'expérience.

Il se redresse difficilement, ses membres encore courbaturés par ce semblant de sommeil, se gratte l'arrière du crâne, chose qu'il fait souvent. Il observe la pièce autour de lui, et finit par apprendre qu'au moins, il a eu le privilège de dormir sur un lit. Celui de Megumi, enfin il l'espère, parce qu'il n'as pas envie de se retrouver chez un inconnu dans un si mauvaise état.

Comme pour confirmer qu'il se trouvait dans la bonne chambre, son copain y entre, l'air encore plus fatigué que toutes les fois précédentes, et c'est un euphémisme. De larges cernes lui encerclent les yeux, et son visage n'augure aucune bonne nouvelle à venir. Malgré ce que les derniers jours lui ont réservé, Yuuji n'as tout de même pas envie d'avoir à enduré ça. Le pire, c'est que cela doit être encore plus difficile pour Fushiguro.

Le brun attrape sa chaise de bureau, et le positionne à côté du lit, sans prononcer un mot, trop épuisé pour le faire. Il se contente de lui attraper la main, et de la serrer dans la sienne, doucement. Ce contact le fait frissonner, son corps ne peut s'empêcher de réagir à chaque fois que Megumi l'approche, mais il a cessé de retenir ce genre de réaction depuis un moment.

- Bien dormi ?

Son petit-ami murmure, pour ne pas perturber la quiétude de la chambre, et pose une main sur son front.

- Je sais qu'il n'a pas fait dans la délicatesse, mais quand même... t'as de la fièvre Yuuji.

Et le plus petit des deux descend sa main sur sa joue, sa paume se calant contre son visage, lui coupant la respiration un cours instant. Oui, Megumi était vraiment beau, son visage à peine éclairé dans la semi-pénombre que leur accordaient les volets entrouverts.
Et Itadori lui dit, d'un ton aussi bas:

- Qui « il »?

- Mon parrain. Je ne crois pas t'en avoir parler...

- Non, tu ne parles que de Tsumikki. Elle te manque pas vrai ?

Le propriétaire de la chambre sourit douloureusement, et hoche simplement la tête, pour lui signifier que oui, sa sœur lui manque terriblement. De toute façon, Yuuji le sait déjà. C'est compliqué à vivre des deux côtés, entre lui qui doit affronter « un démon intérieur », et son copain qui est en train de perdre sa sœur, c'est pas la grande joie.
Il a hâte que tous ça se finisse, et qu'il puisse enfin profiter de Megumi calmement.
Il aimerait continuer de lui voler ses céréales, et le voir débarquer en pyjama tous les matins, mais pour l'instant il doit juste se sortir de tout ce bordel.

Le brun se penche au dessus de lui, et Yuuji s'appuie en peu plus sur sa main, incertain.
Il sent une vague de chaleur lui traverser le corps quand les lèvres de son petit-ami se dépose sur les siennes, et lace ses bras autour de son cou.
Il voudrait continuer de se perdre dans ce moment pour toujours, accrocher à la personne qu'il aime, dans une étreinte apaisante.

- Je t'aime, Yuuji.

L'autre se détache doucement de lui, son regard plongé dans le sien. Il peut y lire un millier de choses, regrets, passion, résignation, et surtout qu'il l'aime. Cela ne fait aucun doutes, les deux s'aiment, bien trop pour ne pas se faire de mal, mais tant pis.
Il aime déjà trop sentir la peau de Megumi sur la sienne, il aime déjà trop la façon dont il le regarde, il l'aime déjà trop.

Qu'on s'aime à en crever Où les histoires vivent. Découvrez maintenant