Chapitre 7 : Matin apaisé

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Point de vue Willem.

- Tu es un bon ami, je ne veux pas t'éviter.

Je ne veux pas le faire fuir. Comment réagirait-il si je lui disais qu'il m'attirait depuis si longtemps ? Que j'aimerais tenter plus ? J'en veux trop de lui, bien plus que ce qu'il ne pourrait m'accorder.

C'est encore trop tôt. Je ne sais même pas ce que je ressens. Il m'attire indéniablement, mais est-ce que cela va plus loin ?

Je reprends la parole :

- On peut prendre des suppresseurs tous les jours, non ?

- Ça ne serait pas un problème pour moi.

- Alors c'est réglé ?

- Ça a l'air.

Il me lance un sourire à faire fondre les banquises, encore plus que la pollution est en train de le faire.

J'entends quelqu'un frapper à ma porte :

- Willem, c'est Luke. Tu es réveillé ?

- Oui, pourquoi ?

- Viens manger, on aura le temps de se préparer pour aller faire visiter la fac à Yann et Aziel.

- Je te rejoins ! On y va ?

Mon ami hoche la tête et nous nous levons.

Ça aurait pu se passer beaucoup moins bien. Je suis soulagé de lui avoir parlé.

Nous sortons de ma chambre, qui se trouve juste à côté de l'escalier. En nous voyant ensemble, les yeux de Luke s'agrandissent. De stupeur d'abord, et de fureur ensuite. Je ferais mieux d'éclaircir le malentendu :

- Il est passé devant ma porte ce matin, alors on en a profité pour s'expliquer.

Je souris pour le rassurer, et son regard s'adoucit aussitôt. Le monde peut s'effondrer, tant qu'il n'arrive rien à ses petits frères et Reese, tout va bien pour lui. Il est très altruiste, en tout cas quand cela nous concerne. Pour les autres, il est beaucoup plus sur la défensive, et je sais qu'il ne serait pas capable d'autant de sacrifices.

Cependant, s'il ne peut supporter que quelque chose nous arrive, notamment sur le plan sexuel, cela ne vaut pas pour lui. Il se soucie moins de lui-même que de nous, ce qui a valu beaucoup de disputes.

Comme quoi, au fil du temps, à force d'observer et d'analyser le monde autour de moi, j'arrive à mieux cerner mes proches.

Aziel et moi descendons les marches qui nous mènent à la cuisine. Je vois qu'Elvy est en train de cuisinier. Je sens que cela va encore être un régal ! En ce qui me concerne, il ne vaut mieux pas me laisser faire. Je réussis toujours à oublier quelque chose dans le four, ou de faire bouillir l'eau des pâtes avant de les mettre.

Non, définitivement, la cuisine n'est pas faite pour moi. Habituellement, sur le campus, je mange à la cafétéria, et une soupe ou une salade le soir. Bien sûr, je fais attention aux potentielles carences que je pourrais avoir avec mon régime alimentaire et prends des médicaments pour éviter le manque de fer et de vitamine B12.

Végétarien, oui, mais en faisant attention à sa santé !

Je jette un œil par-dessus l'épaule d'Elvy :

- Tu prépares quoi ?

- Gâteau au chocolat à la courgette.

- A la courgette ?

- Oui. La courgette prend le coût de ce qui l'accompagne, alors c'est utile en cuisine pour donner une texture plus moelleuse.

- C'est toi l'expert, petit frère, j'ai hâte !

- En attendant, à table ! Vous devez partir tôt, et je ne suis pas allé à la boulangerie ce matin pour rien !

- T'es le meilleur petit !

Il roule des yeux et je me décide à le laisser tranquille.

Luke, Yann et Aziel sont à table. Je prends place à côté de mon grand frère, qui mange des œufs brouillés et du bacon, les deux un peu trop parfaitement cuits.

Je lui demande, taquin :

- C'est Elvy qui te les a faits ?

- Non, pourquoi ? rétorque Luke.

Quelques secondes passent où l'on se regarde dans les yeux. Je lève un sourcil. Il finit par avouer :

- D'accord, oui, c'est lui ! Je me suis levé en retard !

- Je le savais ! Seul lui sait faire une cuisson impeccable comme celle-là !

Il me fait une grimace et je m'attaque à mon croissant, l'âme guillerette.

Aziel fait comme moi. Yann demande :

- Tu veux des œufs et du bacon ? Il en reste.

- Je n'en mange pas, désolé, répond Aziel.

Mes frères me regardent, puis je demande :

- Tu es végétarien ?

- Oui, pourquoi ?

- Moi aussi !

- Oh ! C'est pour ça que tu es dans l'association écolo ?

- Comment tu le sais ?

- J'ai été voir la fac sur les réseaux sociaux. Apparemment, tu es le chef.

- Oui ! Je suis le créateur de l'assos, et un ami s'est porté volontaire pour s'occuper de la communication. Je l'aide de temps en temps.

- En te servant de moi comme mannequin pour tes affiches, glisse rapidement Luke.

- A quoi ça sert d'avoir un frère beau comme un dieu si on ne peut pas s'en servir pour du marketing ?

- Je t'emmerde, junior.

Il m'ébouriffe les cheveux avec un sourire en coin avant de se lever pour aller se préparer.

- Tu l'as vraiment utilisé pour tes affiches ? demande Yann.

- Bien sûr. Il le savait, ne t'inquiète pas, tu sais qu'il ferait tout pour aider son petit frère.

- Pourquoi lui ? intervient Aziel.

Je regarde mon petit frère, qui semble avoir les mêmes appréhension que moi à lui expliquer que Luke se fait surnommer de manière abominable là-bas. Je réponds :

- Tu verras lorsqu'on arrivera sur le campus. Luke est assez... populaire là-bas.

- Tant mieux pour lui.

- Tu ne comprends pas, dit Yann. Ce n'est pas vraiment flatteur. Mais tu t'en rendras compte toi-même toute à l'heure.

Je hoche la tête pour confirmer. A la fac, notre frère se fait appeler « l'appel au vi*l » par la majorité des étudiants à cause de son physique plus qu'avantageux. J'ai tout le temps envie de crier, de déverser ma haine sur ces déchets d'humains qui rabaissent quelqu'un d'aussi bien que mon frère à un objet sexuel. Mais que faire lorsqu'on est seul, à part se taire et encaisser ? Il dit qu'il se fiche pas mal de comment les gens peuvent l'appeler, mais je vois que cela l'affecte beaucoup tout de même.

Aziel semble perdu. Il est sur le point de poser une question, mais je le coupe :

- On ferait mieux d'aller se préparer, puisqu'on part bientôt.


Omegaverse BxB Destin retrouvéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant